« Nous aidons les entreprises à ajuster leurs prévisions »
Les Marchés Hebdo : Comment caractériser les effets des conditions climatiques sur les activités agroalimentaires ?
Pascal Bouquet : Notre cœur de métier est la fourniture de solutions pour aider nos clients à prendre en compte la météo de manière opérationnelle. Pour cela nous créons des modèles mathématiques pour relier les paramètres météo et d’autres variables exogènes comme le calendrier, les promotions, avec les ventes. La météo modifie les achats des consommateurs selon trois composantes principales : le type de produit, la quantité et la fréquentation des magasins. Une fois ces estimations faites, c’est toute la chaîne de production qui doit anticiper les approvisionnements pour que les distributeurs aient le bon produit, au bon endroit, au bon moment.
LMH : En quoi ces prévisions peuvent-elles aider les entreprises agroalimentaires ?
P. B. : Nos prévisions vont généralement du très court terme à trois semaines et nous pouvons aussi donner des tendances à deux-trois mois environ, selon la précision géographique souhaitée. Certains de nos clients fabriquent leurs produits plusieurs mois avant qu’ils soient vendus aux consommateurs. Ils préparent une estimation de production, et nous les aidons ensuite à ajuster leurs prévisions de réapprovisionnement. Nous les aidons aussi à répartir géographiquement leurs produits dans leurs entrepôts et à affiner les livraisons selon les canaux de distribution, qui réagissent différemment selon la météo. Nous intervenons aussi auprès d’entreprises qui font de la gestion partagée des approvisionnements. Dans ce cas, ce sont elles qui définissent combien de produits elles livrent au distributeur. Elles ont donc vraiment besoin d’anticiper l’impact de variables exogènes comme la météo.
LMH : Quels autres leviers sont climato-dépendants ?
P. B. : La météo peut aussi intervenir dans les mises en avant en magasins ou dans la communication. Nous travaillons par exemple avec M6 Publicité, dont les créneaux flexibles, à la télévision, mais surtout sur mobile ou Internet, sont proposés à certains annonceurs selon les conditions climatiques.
LMH : Que conseillez-vous à une entreprise agroalimentaire qui voudrait mieux maîtriser les effets des conditions climatiques sur son activité ?
P. B. : Je conseille de faire appel à des spécialistes, car la météo est un paramètre très complexe. La courbe de consommation en fonction des conditions climatiques n’est pas du tout linéaire, plutôt en forme de S, avec des seuils de déclenchement qui vont être très différents entre Lille et Marseille par exemple.