Interview
Ministère de l'agriculture - plan de modernisation des abattoirs : « N’hésitez pas à déposer un dossier »
Jean-Philippe Trébillon, Chef du bureau des viandes et des productions animales spécialisées au ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation au sein de la sous-direction des filières agroalimentaires, service pilote du plan de modernisation des abattoirs au sein du Plan de relance, nous livre des précisions sur les enjeux et critères du plan.
Jean-Philippe Trébillon, Chef du bureau des viandes et des productions animales spécialisées au ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation au sein de la sous-direction des filières agroalimentaires, service pilote du plan de modernisation des abattoirs au sein du Plan de relance, nous livre des précisions sur les enjeux et critères du plan.
LMH-VM : Pouvez-vous nous rappeler en quelques mots l’objectif général de ce plan de modernisation des abattoirs ?
Jean-Philippe Trébillon : Le plan de modernisation a principalement trois objectifs s’inscrivant dans la dynamique du volet agricole du plan de relance. Le premier objectif : améliorer la protection animale, la santé et la sécurité au travail. Le deuxième : renforcer la compétitivité des filières au plan local, avec des logiques territoriales adaptées tenant compte des débouchés vers l’aval, mais aussi à l’export. Et ce pour maintenir voire développer l’emploi dans ces secteurs. Troisième objectif : la formation des acteurs, à tous niveaux, opérateurs techniques comme membres de l'encadrement et des organes de gouvernance des outils, à la protection animale et au respect de la réglementation.
LMH-VM : Ce plan vise-t-il plutôt à aider les petits abattoirs locaux ?
J.-Ph. T. : Ce sont davantage les qualités des projets eux-mêmes, notamment pour leurs ambitions et pour leur pertinence au plan local, que la nature de leurs porteurs ou la taille des outils qui guideront les choix. Les enjeux de transformation sont importants dans les petits comme dans les grands abattoirs. Un projet portant sur un petit outil, très structurant sur le plan local et permettant d’envisager une importante montée en gamme des pratiques, s’inscrivant dans un circuit de proximité sera donc étudié avec beaucoup d’attention. L’aide publique est par ailleurs plafonnée à 2 M € par projet.
On souhaite éviter avant tout la création de capacités d'abattage là où il n'y pas de marché derrière
LMH-VM : Vouloir reconstruire un nouvel abattoir plus compétitif peut-il rentrer dans le cadre du plan ?
J.-Ph. T. : Ce que l’on souhaite éviter avant tout c’est la création de capacités d’abattage là où il n’y a pas de marché derrière. Il ne faut pas créer de déséquilibre, là où il n’y en a pas. Après si on a un outil obsolète, mais qui présente un fort intérêt au plan local, on ne va pas s’interdire d’examiner un projet de déconstruction et reconstruction. Nous avons cherché à territorialiser le plus possible cette mesure, pour que les projets soient repérés et examinés au niveau des directions départementales et régionales précisément pour que la mesure soit mise en œuvre de la manière la plus adaptée au contexte local et répondant aux enjeux des territoires.
LMH-VM : Dans quelle mesure les ateliers de découpe sont-ils éligibles ?
J.-Ph. T. : L’atelier de découpe est éligible dès lors qu’il est attenant à l’abattoir. On est conscient de l’importance du maillon découpe dans la création de valeur.
LMH-VM : Les abattoirs mobiles peuvent-ils prétendre à des aides ?
J.-Ph. T. : Les abattoirs mobiles sont éligibles. La notion de matériel roulant est clairement écrite dans le cahier des charges comme non éligible à l’exception justement des abattoirs mobiles.
LMH-VM : Le plan rencontre-t-il du succès auprès des opérateurs de la filière ?
J.-Ph. T. : Le nombre de dossiers déposés peut être hétérogène d’une région à l’autre, mais dans l’ensemble le nombre de projets est conséquent. Le plan est ouvert formellement jusque fin 2022, les dossiers seront déposés et sélectionnés au fil de l’eau.
L'entrée protection animale doit être un préalable au projet
LMH-VM : Que recommandez-vous aux opérateurs qui hésitent à déposer un dossier face à la conjoncture difficile en lien avec la fermeture de la restauration, peuvent-ils attendre d’y voir plus clair ?
J.-Ph. T. : Au contraire, il ne faut pas hésiter, si des projets sont existants ou avancés, j’inciterais à se rapprocher des services locaux, des Draaf, pour s’inscrire rapidement dans le plan. Les Draaf sont à la manœuvre sur le process de sélection en lien avec les DDT (directions départementales des territoires) et sont à la disposition des parties du projet pour répondre à toutes les questions. Si j’ai un message à faire passer c’est de ne pas hésiter à déposer un dossier tout en n’oubliant pas une dimension très importante : nous sommes bien dans le cadre d’un plan de modernisation qui vise à améliorer la protection animale. L’entrée « protection animale » doit être un préalable au projet.