Naissance d’une filière porcine locale dans la Bresse
Sous l’impulsion d’Agrial, le salaisonnier La Bresse et l’élevage de Montburon ont créé une filière porcine locale dans l’Ain. Une manière de se différencier et de mieux valoriser les porcs.
Depuis l’arrivée d’Agrial à la tête des salaisons de La Bresse en 2019, les deux entités ont travaillé au développement d’une filière porcine locale. En aval, les magasins de la grande distribution du territoire étaient justement à la recherche de produits fabriqués localement. Les deux parties se sont vite entendues et se sont associées à l’élevage de Montburon, exploitation agricole moderne de 380 truies, à la recherche d’une valeur ajoutée afin de couvrir de gros investissements et de grandes ambitions. « C’est dans l’ADN d’Agrial de fonder une filière locale. Vendre des produits porcs de Bresse dans la région nous permet de nous différencier », indique Marc Berger, directeur de La Bresse, à l’occasion d’un voyage de presse organisé par Inaporc le 24 novembre 2022, dans le cadre de la campagne de communication européenne Let’s Talk About Pork.
Les porcs de Bresse représentent dorénavant 5 % de la production totale du site de La Bresse, situé à Servas (Ain). Les premiers produits issus de la filière locale ont été vendus en juin 2022.
« Cette filière nous permet de nous différencier », Marc Berger, directeur de La Bresse
« Nous transformons 180 porcs par semaine pour la filière, ce qui fera environ 860 tonnes à l’année. Nous avons la capacité d’absorber 500 bêtes par semaine », précise Marc Berger. Aujourd’hui, un seul élevage fournit la salaisonnerie, mais l’usine a encore le potentiel de se fournir auprès de trois autres exploitations. « Nous sommes prêts à absorber plus de volumes s’il le faut, sans que nous ayons besoin d’investir dans des machines supplémentaires. Nous pourrions passer en 2x8 avant de nous équiper de nouvelles lignes », ajoute Marc Berger.
Une valeur ajoutée pour le bien-être animal
Les porcs sont achetés par La Bresse à l’élevage de Montburon 2,5 centimes d'euro le kilo de plus pour ses engagements pour le bien-être animal. En effet, le site porcin dispose de bâtiments neufs et spacieux dans lesquels les deux éleveurs, Alexis Pugliese et Jean-Vincent Chapaton, ont investi 2,5 millions d’euros. Les animaux bénéficient de davantage d’espace que dans un élevage porcin conventionnel. L’élevage de Montburon a, par ailleurs, aussi investi 100 000 euros dans 100 kg de panneaux solaires sur les toits des bâtiments d’élevage qui couvrent dorénavant 30 % de leur consommation d’énergie. Un autre investissement est prévu pour avril 2023 dans un outil de fabrication d’aliments.
Un contexte économique inquiétant
Les deux éleveurs sont néanmoins inquiets de la conjoncture actuelle et l’inflation générale qui pèse sur leur situation économique. « Si ça continue comme ça, on ne passe pas 2023 », regrette Alexis Pugliese. Le site de La Bresse n’est pas épargné non plus par les hausses énergétiques, avec notamment une facture d’électricité qui a été multipliée par plus de 3, passant de 250 000 à 850 000 euros annuels. « Nous avons intégré une partie de ces hausses dans le prix de revient de nos produits. Nos équipes ont passé leur année à discuter avec nos clients », souligne Marc Berger. La Bresse a réussi à augmenter ses prix de 10 % par rapport à janvier 2022 pour ses clients distributeurs et grossistes. « Il y a un bras de fer normal et naturel entre nous et nos clients, note-t-il. Les lois Egalim 1 et 2 ont facilité la relation avec la GMS, avec des hausses mécaniques des prix en fonction des indicateurs. Et lorsque les cours redescendront, les prix de nos produits décroîtront aussi. »
en chiffres
1925 : année de naissance de La Bresse
17 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2022
84 salariés à temps plein
3 000 tonnes par an de produits charcutiers, dont 55 % vers la GMS et 45 % vers les grossistes (pour les collectivités et les bouchers-charcutiers traiteur).