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Porc
L’UGPVB prévoit de se constituer en association de producteurs

À cinquante ans cette année, l’Union des groupements de producteurs de viande de Bretagne regarde son passé avec une certaine fierté. Mais ce qui l’intéresse aujourd’hui, c’est la perspective d’une association d’organisations de producteurs en porc, la plus importante de ses sections. Compte rendu de son assemblée générale du 7 décembre.

« Il y en avait des groupements de producteurs dans les années 1980 en Bretagne », ont rappelé les dirigeants de l’Union des groupements de producteurs de viande de Bretagne (UGPVB), vendredi 7 décembre, lors de son assemblée générale annuelle. Si l’on ne regarde que la production porcine – l’UGPVB représente également les groupements de production de bovins viande et de pondeuses (lire encadré) –, l’UGPVB en comptabilisait alors trente-six en 1985.

Dans les années 1970, l’État avait fortement contribué à l’organisation des producteurs en structures de toutes sortes : coopératives, Sica voire associations. La France ne produisait pas encore suffisamment de viande de porc pour nourrir sa population. Mais cela n’a pas duré longtemps. Dès la fin des années 1980, la production dépasse la demande et la restructuration commence. Elle se poursuit encore aujourd’hui.

De 8 900 éleveurs en 2000 à 5 500 en 2018

En l’espace de presque vingt ans, le nombre d’éleveurs de porcs est passé en Bretagne de 8 900, en 2000, à 5 500, en 2018. Dans le même laps de temps, les groupements ou organisations de producteurs se sont rapprochés. Il y avait vingt-deux groupements porcins en 1996 ; il n’en reste plus que dix aujourd’hui. De façon certaine, la restructuration a permis d’accroître le niveau de services rendus aux éleveurs en contenant l’augmentation du prix des cotisations et en renforçant l’offre de services (environnement, bâtiment, juridique, sanitaire, etc.). En revanche, elle n’a eu aucun effet sur le prix du porc négocié au Marché du porc breton (MPB), selon l’UGPVB.

Il est vrai qu’à ses débuts, l’UGPVB avait bien d’autres problématiques à régler. Toute son action consistait alors à mettre du collectif dans la production, avec les outils ad hoc. L’UGPVB a ainsi participé à la mise sur pied, dans les années 1970, du Marché du porc breton pour reproduire dans le porc ce qui semblait parfaitement fonctionner dans le légume depuis le début des années 1960. Elle a également contribué à la création d’Uniporc Ouest, structure de contrôle et de classement des porcs entrant dans les abattoirs pour que chaque kilogramme de viande soit effectivement payé aux producteurs.

Dans les années 1970, elle a eu à jongler avec les montants compensatoires monétaires, puis à traiter de plusieurs sujets sanitaires dans les années 1980 (porc, bovin, volaille), des réformes de la politique agricole commune dans les années 1990, des dossiers environnementaux dans les années 2000 et, dans la décennie actuelle, à la montée des attentes sociétales.

Une AOP, pour quoi faire ?

Dans ce contexte, qu’apporterait ce projet d’association d’organisations de producteurs (AOP) ? Permettrait-elle de renforcer le niveau de la cotation du MPB, plutôt basse depuis un an que la Chine a nettement baissé ses achats sur le marché mondial ? « Ce peut être une solution, a indiqué le président de l’UGPVB, Michel Bloc’h, à tout le moins pour que le prix fixé au Marché du porc breton soit a minima au même niveau que le prix allemand ». Il y a toujours un décalage, côté français, entre le niveau de prix fixé outre-Rhin.

Aux yeux de l’UGPVB, une AOP présenterait deux avantages majeurs. Primo, elle permettrait de mettre en œuvre une stratégie collective pour prévenir ou gérer les crises en exportant, à certaines périodes d’excédents sur le marché, des animaux en vif. Ou pour présenter plus de porcs à la vente au MPB – la référence de prix du porc en France ne s’établit actuellement qu’à partir de la vente de 30 000 animaux par semaine, soit environ 7 % de la production nationale.

Il y a encore des interrogations de la part des groupements

Deuzio, l’AOP aurait la capacité de construire des programmes thématiques pour accéder à des cofinancements européens (bien-être animal par exemple), et ainsi accélérer la modernisation des structures de production, généralement âgées en France. Sur le papier, cette orientation a du sens. Il reste cependant à convaincre les responsables des organisations de producteurs. Et ce n’est pas le plus simple. « Il y a encore des interrogations de la part des groupements et la phase d’explications se poursuit, reconnaît Michel Bloc’h, mais il faut rappeler que le ministère de l’Agriculture comme Bruxelles nous soutiennent dans notre démarche. »

Il y a quelques mois, le président de l’UGPVB tablait sur la création de l’AOP et sa reconnaissance par Bruxelles pour 2019. Mais le délai risque d’être un peu court.

AOP porcine : c’est un dossier que nous défendons depuis huit ans

L’UGPVB n’est pas seule sur ce projet. La FRSEA Bretagne est déterminée à ce qu’une AOP porcine voit le jour. « C’est un dossier que nous défendons depuis huit ans. Aussi, il est grand temps de stopper cette guerre de chapelles et d’avoir une discipline collective pour présenter plus de porcs au MPB », clame François Valy, président de la section porc à la FRSEA. Selon lui, l’apport de porcs supplémentaires au cadran pourrait provenir « des porcs libres, c’est-à-dire des cochons produits sous le seul cahier des charges porc français (hors cahiers des charges d’abattoirs ou de distributeurs, ndlr) qui représentent entre 30 et 50 % de l’offre des groupements », précise-t-il. Quant à l’exportation d’animaux, c’est l’AOP qui le déciderait, sans en référer aux abattoirs.

L’UGPVB en chiffres clés

L’Union des groupements de producteurs de viande de Bretagne compte trois sections. Douze groupements représentant 655 producteurs de Bretagne, Pays de la Loire et Normandie adhèrent à la section œufs – 6,2 milliards d’œufs commercialisés, soit 43,5 % de la production française. Une section qui travaille d’arrache-pied pour parvenir, d’ici à 2022, à 50 % de sa production issue de modes d’élevages alternatifs contre 36,7 % aujourd’hui. La section bovin accueille six OP (7 900 élevages) ; elle représente la Bretagne dans l’Union régionale Grand Ouest de la viande bovine. Quant au porc, la section compte dix groupements pour 5 500 élevages. Ils ont mis en marché, l’an passé, 15,89 millions de porcs charcutiers et près de 200 000 animaux de réforme.

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