Mareyage
Lorient s’active pour ses futurs salariés
Dans le secteur du mareyage dominé en France par de très petites entreprises faiblement mécanisées, le renouvellement des personnels pose question. Exemple d’initiative à Lorient.

C’est un petit secteur d’activité, le mareyage compte 490 entreprises (56 % des très petites entreprises) et 11 200 salariés en France selon l’Union du mareyage français. Non délocalisable, l’activité se situe dans des ateliers situés à l’arrière des halles à marée françaises, directement sur les ports.
Les mareyeurs sont les premiers acheteurs sous criée. Les premiers transformateurs du poisson aussi, avant de l’écouler en GMS, auprès de grossistes, d’opérateurs de la restauration ou de détaillants. Et pourtant, les entreprises du secteur peinent à renouveler leurs employés. « Il nous est toujours difficile de trouver quelqu’un quand on veut recruter », confirme Jean Besnard, patron de l’entreprise de mareyage Moulin Marée à Lorient (24 salariés, 5 millions d’euros de chiffre d’affaires). Dans cette plateforme portuaire, la première de France en matière de débarquement de poissons, les professionnels communiquaient récemment sur les réalités de l’emploi de leur secteur, à l’occasion d’un salon professionnel local, Pro et mer.
Quinze recrutements par an pour assurer le renouvellement
Dans le secteur du mareyage lorientais qui compte 500 emplois (y compris l’atelier de transformation industrielle Capitaine Houat d’Intermarché), « on peut estimer le besoin en recrutement à une quinzaine par an pour assurer le renouvellement de ceux qui partent en retraite », explique Jennifer Leroux de l’Association bretonne des acheteurs des produits de la mer (Abapp). Or, depuis quelques années, le secteur ne parvient pas à atteindre ce chiffre. La filière se trouve donc clairement en tension.
Les raisons de cette pénurie de main-d’œuvre sont à chercher dans la mauvaise image du mareyage dans l’opinion (conditions de travail difficiles) et la méconnaissance du métier. Le mareyeur Jean Besnard a beau dire que c’est « un métier, il est vrai physique, mais véritablement passionnant, où les opérateurs déploient un savoir-faire artisanal et où il y a des possibilités d’évolution professionnelle », rien n’y fait.
Certificat de qualification professionnelle et prévention
Depuis deux ans, la marée bretonne s’est penchée sur le problème, reprenant une action menée par l’Union du mareyage français. L’Abapp s’est rapprochée de la Région Bretagne, Pôle Emploi et l’Agefos PME pour mettre sur pied, à partir de 2017 au centre de formation des apprentis de Lorient, un certificat de qualification professionnelle des employés polyvalents des produits de la mer. Neuf stagiaires ont été formés et immédiatement recrutés en 2018, huit autres détiendront leur diplôme en avril.
Pour réduire la pénibilité du métier, différentes actions sont en cours avec les conseillers de la caisse d’assurance de retraite et de santé au travail (Carsat). « Ils travaillent notamment sur la posture des opérateurs au travail pour limiter les risques d’apparition de troubles musculo-squelettiques », précise Jennifer Leroux. Ce travail devrait se poursuivre sous cette forme dans les années futures. Car sur les ports de pêche de la façade atlantique où les espèces sont multiples, il paraît difficilement envisageable d’automatiser les processus de découpe.
2 000 salariés à remplacer dans les 7 ans en France
Selon l’Union du mareyage français (UMF), 2 000 des 11 200 salariés du secteur en France devraient partir en retraite dans les sept ans. Ce qui représente un besoin en emplois de 250 à 300 personnes par an. Dès à présent, sur le plan national comme à Lorient, les mareyeurs peinent à recruter. Mais peu à peu, les choses changent. « La CQP Employés de marée lancée en 2005 a été amplifiée par le nombre d’établissements agréés en 2012. Une nouvelle CQP acheteurs-vendeurs de produits de la mer devrait être lancée durant le second semestre 2019 », explique Peter Samson, secrétaire général de l’UMF. Enfin, quant à la communication, la filière fait feu de tout bois pour faire connaître la réalité de ses métiers.