L’innovation laitière mondiale est à la hausse
Réalisée par Mintel pour le Cniel, l’étude sur l’innovation laitière
dans le monde montre une augmentation du nombre de lancements de produits laitiers en 2017.


de vraies nouveautés. L’innovation repart à la hausse pour
les yaourts et les laits fermentés en Europe et surtout en Asie.

Les produits laitiers conservent leur rang de sixième catégorie la plus innovante au niveau mondial, avec une augmentation du nombre de lancements de 4 % l’an dernier. Une évolution qui s’explique par une bonne dynamique de l’innovation sur les yaourts (+ 17,5 %) et l’ultrafrais (+ 12,5 %), à l’inverse des crèmes (- 7,2 %).
Comme l’année précédente, 2017 s’inscrit davantage dans une stratégie de rénovation que d’innovation pure. Les produits totalement nouveaux représentent à peine plus de 25 % des lancements mondiaux, tandis que la part des extensions de gamme (35 %) et des nouveaux packagings (30 %) reste stable. En revanche, la répartition de l’innovation entre MDD (22 %) et marques nationales (78 %) se modifie, au profit de ces dernières qui progressent légèrement.
Le classement des pays les plus innovants change également. L’Allemagne reprend son rang de leader devant les États-Unis, tandis que la France, qui accuse une légère baisse de l’innovation, reste en troisième position. À l’inverse, la Chine montre une forte dynamique d’innovation, avec une hausse des lancements de 39 %, de même que la Russie (+ 16 %). À noter toutefois que les produits laitiers se classent historiquement à la quatrième place des catégories les plus innovantes en France.
En termes de tendances, la naturalité arrive toujours en tête au niveau mondial, et progresse encore (+ 6 %). Elle est talonnée par l’environnemental, qui occupe une place croissante dans les allégations : + 15,5 % de produits porteurs lancés l’an dernier.
Par ailleurs, même si elle reste une tendance confidentielle, l’éthique au niveau « humain », prend de l’importance sur un nombre croissant de lancements : + 75 % versus 2013, et encore + 11 % l’an dernier.
Enfin, au niveau mondial, « les alternatives telles que les boissons végétales occupent désormais une place à part entière, bien qu’encore limitée, en rayon, constate Mintel. Au-delà des régimes excluant la consommation de produits animaux, les allégations ‘santé’ et ‘naturalité’ adoptées aident à les populariser. »
LAITS ÉCORESPONSABLES ET BIEN-ÊTRE ANIMAL
Toutefois, pour la première fois depuis 10 ans, le nombre de lancements de boissons à base de jus végétaux a régressé l’an dernier au niveau mondial. Dans le même temps, en Asie comme en Europe, on observe une croissance des lancements de laits A2, mettant en avant une meilleure digestion, en réponse à l’intolérance potentielle à la beta-caséine A1. C’est cependant l’allégation « allégé en matière grasse » qui reste l’une des plus utilisées sur les laits et boissons lactées, malgré de fortes progressions des mentions halal, sans lactose, enrichi en vitamines et minéraux. « L’année 2017 a également vu naître un nombre considérable de laits écoresponsables favorisant les producteurs locaux, mais aussi garantissant un meilleur traitement des animaux », constate Mintel. En citant notamment les exemples d’Aldi en Allemagne ou Asda au Royaume-Uni. Le nombre de lancements sur la catégorie est d’ailleurs en hausse en Europe. Mais l’Asie continue à tirer l’innovation, en dépit d’un ralentissement de l’introduction de nouveaux produits.
Les allégations relatives au bien-être animal se multiplient aussi sur les beurres. Clairement confirmée l’an dernier, cette tendance va de pair avec le développement de labels éthiques se positionnant sur l’altruisme et l’éthique humain, à l’instar, en France, de C’est qui le Patron !. Le nombre de nouveaux beurres est d’ailleurs en nette augmentation en France (+ 25 %), pays le plus innovant sur ce segment, derrière la Russie. Dans le monde, l’axe d’innovation clé reste la naturalité, allégation biologique en tête (11 % des lancements), devant le sans OGM, très présent aux États-Unis. Mintel observe toutefois que le « sans lactose » n’est plus niche, puisque 5 % des nouveaux beurres portent cette allégation, contre 1 % il y a 5 ans.
Sur les crèmes, les principales allégations restent le bio (10 % des lancements) et le sans lactose (9 %). Mais les lancements sur ce segment poursuivent leur recul (- 7 %), et procèdent davantage de la rénovation, notamment via de nouveaux emballages, que de l’innovation. Le nombre de véritables nouveaux produits a diminué de moitié en deux ans. À noter, pour la première fois là aussi, le déclin des lancements des crèmes végétales.
BOOM DES LAITS FERMENTÉS ET DU YAOURT
Globalement, les lancements continuent aussi à reculer sur les fromages frais (- 13 %), avec, là encore, une forte augmentation du renouvellement de packaging. Et la répartition de l’innovation entre les pays se redessine, avec une forte croissance de l’Inde et une moindre activité de la France et du Royaume-Uni. Si la naturalité et la faible teneur en matière grasse restent les promesses les plus fréquentes, Mintel note une forte progression des produits riches en protéines, qui cherchent à trouver un nouvel élan sur la catégorie.
À l’inverse, l’innovation repart à la hausse sur les yaourts et laits fermentés en Europe (+ 17 %). Mais surtout, la catégorie gagne fortement en popularité en Asie où le nombre de lancements a augmenté de 66 % en deux ans. Une hausse impressionnante même si l’innovation mondiale sur la catégorie est tirée par les extensions de gamme, et par la rénovation d’emballage. Les produits totalement nouveaux représentent moins de 25 % des lancements.
Préoccupation croissante des consommateurs et des marques, la présence de sucre dans les yaourts se traduit par la proposition d’alternatives naturelles : sucres de fruits, miel, agave…, mais aussi des mentions telles que « lactose issu du lait ». Le végétal, bien que toujours en marge, avec des innovations qui, en dehors des produits au soja, sont avant tout le fait de nouveaux acteurs. Mais si les ingrédients de base varient, les saveurs dominantes reprennent celles des yaourts classiques : fraise, vanille, myrtille… les marques nationales et les MDD se positionnant à présent sur ce segment avec une approche plus gourmande.
L’innovation en desserts lactés, en légère hausse (+ 5 %) reste quant à elle le terrain de prédilection du Japon. En Europe, son dynamisme varie selon les pays, augmentant en Allemagne, mais diminuant en France. Globalement, les desserts premium à marque se développent, tandis que les MDD se concentrent sur les recettes traditionnelles. Parallèlement, les packagings évoluent vers plus de praticité pour une utilisation en en-cas.
D’après Innovation laitière en 2017 – Monde – Mintel Group pour le Cniel.
LES TENDANCES GLOBALES
En quête de transparence accrue, les consommateurs sont sensibles au bio, mais aussi aux allégations sur le bien-être animal, l’éthique, les procédés de fabrication, l’origine des ingrédients… Pour certaines marques, l’histoire authentique du produit est un élément supplémentaire de réassurance.
Soucieux de l’équilibre de leur alimentation, les consommateurs scrutent les apports nutritionnels des produits laitiers. Les marques jouent davantage la transparence, notamment, sur la présence de sucre dans les yaourts.
Dans ce contexte, les consommateurs sont plus enclins à se laisser tenter par l’image de naturalité mise en avant par les alternatives végétales. Le segment est toujours niche, mais les marques nationales et les nouveaux acteurs insufflent une bonne dynamique d’innovation en se focalisant davantage sur le goût.