Fruit à coque
L’huile de noix du Périgord décroche son AOC
Après la noix coque et le cerneau, la filière noix du Périgord vient d’obtenir une AOC pour l’huile du Périgord. Les premières commercialisations se feront sur la prochaine récolte, en automne 2019.
Les consommateurs pourront enfin choisir une huile de noix avec des garanties sur l’origine, la qualité des cerneaux et le savoir-faire de fabrication : dans un an, ils trouveront sur le marché l’huile de noix du Périgord AOC. Une avancée pour la filière qui après la noix coque, la noix fraîche et le cerneau, labellisés en 2002, vient de décrocher l’AOC pour son huile. Une première en France. « On a commencé à travailler sur le cahier des charges en 2004 et, malgré les difficultés, on n’a jamais baissé les bras. Il faudra attendre au moins un an, mais je pense que c’est une bonne nouvelle pour les consommateurs : l’AOC apporte une garantie sur un produit issu d’un territoire qui n’est pas contestable », indique le président de l’ODG noix du Périgord, Alain Pouquet. Le cahier des charges a été validé par l’Inao et la parution au Journal officiel se fera d’ici à la fin de l’année.
1 000 producteurs et 4 800 hectares
Avant le 31 janvier 2019, l’objectif de l’ODG est d’habiliter tous les opérateurs intéressés afin de pouvoir commencer la production d’huile AOC dès la prochaine récolte, en automne 2019. L’aire d’appellation est la même que celle de production, agrandie de 35 communes qui se sont rajoutées en raison de la présence de moulins, soit 645 communes, pour 1 000 producteurs et 4 800 hectares de vergers.
Point important à retenir selon le président : l’ODG a réussi à faire valider deux modes d’extraction de l’huile, la traditionnelle à chaud et la pression à froid de plus en plus développée dans les moulins équipés de presses puissantes. « L’huile est une production très ancienne sur le territoire. Preuve en est le nombre de moulins importants, vingt-deux ont été répertoriés et une quinzaine pourrait rentrer dans la démarche », rappelle Alain Pouquet.
Parmi eux, le Moulin à huile Castagné, implanté à Martel (Lot). « On défend un produit de qualité avec de bons cerneaux et un savoir-faire traditionnel. L’obtention de l’appellation viendra conforter notre discours et apporter une garantie. C’est aussi une valorisation de notre travail », explique le moulinier Romain Castagné.
Cela permettra de valoriser les petits calibres
Pour Jonathan Rhodes, directeur de Perlim Noix, cette reconnaissance représente un avantage concurrentiel : « le Périgord a toujours été reconnu pour faire des cerneaux de noix, on a une qualité gustative supérieure. Avec cette appellation, on se différencie et on protège notre origine ». Selon lui, l’huile de noix du Périgord AOC va répondre à une attente, notamment sur le marché de l’alimentation santé. « Le consommateur est toujours à la recherche de nouveaux produits et la noix est réputée pour ses bienfaits », rappelle-t-il.
Dans la foulée de l’obtention de l’AOC, Perlim Noix va mettre en place une chaîne de conditionnement d’huile qui sera opérationnelle en 2019. « Cela permettra de valoriser les petits calibres et les écarts de triage, c’est vraiment un plus pour toute la filière », considère Jonathan Rhodes. En pleine dynamique, la filière noix du Périgord enregistre plus 400 hectares de plantations par an ces dernières années. « Nous avons travaillé pour nous et pour le futur », se félicite Alain Pouquet.
Une récolte prometteuse
La récolte de noix du Périgord bat encore son plein, mais les chiffres s’annoncent prometteurs pour cette campagne 2018. Alors qu’en 2017, les volumes n’avaient pas dépassé les 5 000 tonnes à cause du gel de printemps, cette année, la quantité devrait avoisiner les 6 500 t, voire davantage. « Je pense que ce sera une récolte au-dessus de la normale, il y a un phénomène de rattrapage lié au fait que l’année dernière, les arbres ont peu produit », estime Alain Pouquet, le président de l’ODG. Pour la qualité, il faudra attendre le cassage, mais elle devrait aussi y être. « On devrait avoir un cerneau très blanc et une coquille très propre », avance-t-il.