Sécurité sanitaire
L’exposition aux perturbateurs endocriniens mesurée
L’État a institué la biosurveillance des polluants du quotidien dans les organismes humains, adultes et enfants, résidant en France continentale. Il fait mesurer l’exposition à différentes molécules pour mieux la réduire.
Santé publique France a présenté les résultats d’une enquête évaluant l’imprégnation de la population en polluants domestiques, cosmétiques et alimentaires. Cette enquête s’est déroulée d’avril 2014 à mars 2016. Il apparaît que l’alimentation reste une source d’exposition (parmi d’autres) aux perturbateurs endocriniens que sont les bisphénols, notamment le A (BPA), et les phtalates. Cette exposition étant liée aux emballages et matériaux entrant en contact avec les matières premières et produits.
Aliments préemballés
Le bisphénol A ou ses substituts S et F ont été détectés dans la quasi-totalité des échantillons, avec des niveaux de concentration en BPA supérieurs. Cependant, aucun enfant ni adulte n’a révélé un taux de BPA supérieur à la référence de la Commission allemande de biosurveillance. « La recherche des déterminants de l’imprégnation par les BPA, BPS et BPF mesurés chez les enfants n’a pas mis en évidence d’association significative avec la consommation d’aliments préemballés, de conserves ou de plats préparés », dit le rapport. « Pour les adultes, des tendances à l’augmentation de l’imprégnation par les BPS ont été observées en lien avec la consommation occasionnelle de boîtes de conserve et de plats préparés ainsi qu’une association significative avec la consommation d’aliments préemballés », avance-t-il, avec prudence du fait de plusieurs insuffisances statistiques et le manque d’informations sur les emballages en question.
En France, depuis le 1er janvier 2015, le bisphénol A est proscrit des conditionnements, contenants ou ustensiles destinés à entrer en contact avec les aliments. À l’échelon européen, sa limite de migration spécifique (LMS) à partir d’un matériau a été réduite de 0,6 mg/kg à 0,05 mg/kg à compter du 6 septembre 2018 (soit après l’enquête). Santé publique France suggère de continuer à suivre l’imprégnation en BPA, promise à diminuer, ainsi qu’en BPS et BPF.
Présence « ubiquitaire » des phtalates
Quant aux phtalates, ils « continuent d’être présents de façon ubiquitaire dans l’environnement et les produits de consommation courante », dit le rapport. Ceci, « malgré les restrictions d’usage de certains phtalates ». Ces additifs sont notamment employés comme plastifiants destinés à assouplir les matériaux à base de PVC. Leur usage est encadré du fait de l’application du règlement Reach1 (registration, évaluation, autorisation et restriction de substances chemiques), de réglementations sectorielles européennes déclinées en loi française et d’arrêtés spécifiques à la France.
Certaines restrictions à l’utilisation des phtalates dans les matériaux en contact avec les denrées alimentaires sont définies par la Directive 2007/19/CE : une interdiction pour le DIBP, des limites spécifiques de migration vers les aliments pour le DEHP, le DBP, le BBP, et (en commun avec d’autres substances) pour le DIDP et le DINP. Si l’étude ne met pas de corrélation en évidence dans le domaine alimentaire, elle pointe l’air intérieur des habitations et les produits capillaires pour enfants.
Une biosurveillance issue du grenelle de l’environnement
Un programme de biosurveillance des polluants de l’environnement dans le corps humain a été mis en place dans le cadre du grenelle de l’environnement. Cette biosurveillance s’appuie sur l’enquête Esteban (étude de santé sur l’environnement, la biosurveillance, l’activité physique et la nutrition). L’étude est assurée par l’organisme public Santé publique France. Elle comprend des prélèvements biologiques (urines, sérum et cheveux) et l’administration d’un questionnaire sur les habitudes de vie, les consommations alimentaires, les caractéristiques des participants. L’enquête sur les polluants du quotidien sera suivie de deux autres volets, sur les métaux et les pesticides.