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Filière
Les produits laitiers en manque de débouchés

Face à la désorganisation de la filière laitière causée par la pandémie de Covid-19, les acteurs se mobilisent pour limiter les pertes. Des mesures de soutien émergent, mais l’avenir reste flou.

Caroline Le Poultier
Caroline Le Poultier, directrice générale du Cniel.

« Nous n’avons pas une problématique de surproduction, mais d’aiguillage des produits laitiers », assure Marie-Thérèse Bonneau, vice-présidente de la Fédération nationale des producteurs de lait (FNPL). Depuis le début de la crise sanitaire, les marchés laitiers sont grandement perturbés. Si le commerce de détail (42 % des débouchés) tire les ventes, l’exportation (37 %), la demande des industries agroalimentaires (16 %) et la restauration hors domicile (5 %) ont fortement ralenti. La réorganisation des marchés se traduit également par une forte chute des cours des prix des produits industriels dans un contexte où la production laitière augmente en raison du pic annuel printanier.

Face à cette situation inédite, certains éleveurs ont d’ores et déjà été contraints de jeter des tonnes de lait faute de débouchés à l’aval. « La capacité de renverser des unités de production ne peut se faire dans l’instantanéité, contrairement à la demande », poursuit-elle. Pour limiter les pertes, l’interprofession laitière (Cniel), rejointe par la FNSEA, a appelé le 31 mars les éleveurs laitiers à réduire sur la base du volontariat leur production de 2 % à 5 % en avril par rapport à 2019. En parallèle, elle a demandé aux autorités communautaires l’autorisation de mettre en place un fonds de solidarité sur fonds propres de 10 millions d’euros pour dédommager les producteurs, sans réponse à ce jour.

« Les entreprises ont très vite pris contact avec leurs producteurs pour les informer de ce dispositif et dialoguer avec eux sur l’ampleur de la baisse dont ils ont besoin au regard de leur mix produit », commente Caroline Le Poultier, directrice générale du Cniel. La filière comté table par exemple sur une réduction de production de 8 % sur les trois prochains mois. En complément, le Cniel a développé un dispositif d’alerte des distributeurs sur les situations économiques des entreprises de proximité afin de réorienter plus facilement les productions vers les GMS locales. La filière a également demandé à l’UE l’autorisation urgente de stocker des produits laitiers face aux excédents provoqués par la crise. « Cela donnera un signal au marché et permettra de limiter la spéculation et d’éviter d’atteindre les seuils de déclenchement de l’intervention publique », analyse-t-elle.

L’avenir reste incertain. Le retour du grand export vers la Chine devrait permettre de désengorger la filière sur les mois à venir. D’autres facteurs restent à surveiller tels que les maintiens de la force salariale des industries et de la production agroalimentaire, en cette période de pandémie.

Quoi qu’il en soit, Marie-Thérèse Bonneau prévient que « si les producteurs sont prêts à coopérer, ils ne doivent pas gérer seuls toute la difficulté économique ».

Le lait bio épargné

La filière laitière biologique reste préservée malgré un pic printanier particulièrement marqué. « La demande client est restée constante, et nous ne sommes pas impactés par le ralentissement de l’export, la majorité de nos clients étant français », commente Théophile Jouve, directeur général de Biolait. Le collecteur a néanmoins appelé ses adhérents à diminuer leurs volumes de production. « La filière est saturée. Nous devons être responsables et solidaires », poursuit-il.

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