Les entreprises françaises dans la vitrine internationale de l’Anuga
Témoignages d’industries agroalimentaires françaises sur les intérêts qui les ont conduites à exposer au grand salon européen de l’Anuga à Cologne. Et pourquoi elles en sont satisfaites.
Témoignages d’industries agroalimentaires françaises sur les intérêts qui les ont conduites à exposer au grand salon européen de l’Anuga à Cologne. Et pourquoi elles en sont satisfaites.
Le 10 octobre 2023, le journal Les Marchés Mag est allé en Allemagne, à Cologne, à la rencontre des entreprises françaises exposantes à l’Anuga. Un événement qui se présente comme « le plus grand salon international consacré à l’alimentation et à la boisson ». Il se tient tous les deux ans au Kölnmesse dans le centre-ville. Après une édition 2021 très perturbée par la Covid-19, l’année 2023 a hébergé 7 856 exposants issus de 118 pays sur une surface d’environ 300 000 m2. Quelque 140 000 visiteurs professionnels, contre à peine 70 000 en 2021, sont venus de 200 pays, selon les organisateurs.
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L’Anuga donne les tendances de la consommation mondiale, et cette édition s’est tout particulièrement tournée vers le végétal, le bio, les aliments-santé et, surtout, la croissance durable, entre la nécessité de protéger l’environnement et celle de nourrir une population mondiale qui devrait atteindre 10 milliards de personnes en 2050. Pour y présenter leurs nouveaux produits et profiter pendant cinq jours du rayonnent international de ce salon, des entreprises françaises ont pu investir, en coûts directs et frais indirects, jusqu’à 20 000 euros.
Une première pour Fleury Michon
En 2022, le secteur international a représenté 9,7 % du chiffre d’affaires de Fleury Michon. Une activité concentrée essentiellement sur le transport aérien, c’est-à-dire la distribution de plateaux-repas dans les avions au départ de l’Amérique du Nord et de l’Europe. L’entreprise a également créé une joint-venture avec la société espagnole Platos Tradicionales.
« Notre cellule export recherche davantage d’opportunités, confie Julie Gorius, responsable comptes clés export. Nous participons pour la première fois à l’Anuga avec l’objectif de mieux structurer nos offres à l’export. Nous nous concentrons sur nos forces vives, la charcuterie, y compris halal, le surimi et les plats cuisinés frais pour lesquels nous avons retravaillé les DLC. Nous cherchons à nous développer au Moyen-Orient, au Royaume-Uni, en Europe de l’Est, en Italie et en Suisse. »
Covi veut continuer de s’implanter à l’étranger
Couscous, blanquette, hachis parmentier, mais aussi corned-beef et gamme 100 % végétale présentée sous la marque « Veg’up ! » ; Covi, le spécialiste du plat cuisiné a présenté l’étendue de son savoir-faire à Cologne. Le groupe est bien installé à l’étranger avec près de 40 % de chiffre d’affaires réalisé à l’export et une présence dans une cinquantaine de pays de quatre continents. « 2023 est une bonne édition, il y a eu pas mal de passages, précise Thomas Bourigault, acheteur. Nous avons quasiment rencontré tous nos clients et creusé quelques pistes pour avoir de nouveaux fournisseurs. »
Jacquet Brossard vise le marché africain
En 2016, Jacquet Brossard se donnait jusqu’en 2021 pour que 30 % de son chiffre d’affaires soit réalisé à l’étranger. Un pari qui suivait l’acquisition d’une usine au Brésil et le développement d’un bureau commercial aux États-Unis. La crise Covid a eu raison de cette prévision et en 2022, l’export a finalement représenté 15 % du chiffre d’affaires du groupe qui a atteint 310 millions d’euros.
Jacquet Brossard cherche désormais à se déployer davantage en Afrique et au Moyen-Orient. Pour Jorge Alvarado, commercial export, cette édition de l’Anuga a été pleine de promesses : « J’ai rencontré de nombreux clients africains avec lesquels nous avons de nombreux projets et j’ai eu des contacts très enrichissants avec de nombreux prospects. Nous avons également développé toute une gamme de pâtisseries destinées au Moyen-Orient. Dans un salon comme celui-ci, il faut à la fois trouver de nouveaux prospects et fidéliser ses clients. »
Sainte-Lucie accentue les offres à base de vanille
L’année 2023 est riche pour l’entreprise Sainte-Lucie, spécialisée dans la production d’épices et d’aides aux desserts. En septembre, elle a inauguré sa toute nouvelle usine à Creil (Oise) dans la zone d’activités du parc Alata. À Cologne, Ripath Mpoutu, directeur export était présent pour mettre en avant la trentaine de références de l’entreprise à base de vanille. « Aujourd’hui, nos principaux clients sont les industriels, la restauration, le retail et les MDD, liste-t-il. Cette édition [l’Anuga] est plutôt positive. Il y a eu de belles rencontres, et c’était important pour nous de retrouver nos clients. »
Lesieur présente « Ma popote ! » et vise les marchés européen et asiatique
En mars 2023, Lesieur, qui appartient au groupe Avril, a lancé la marque « Ma popote ! », une nouvelle gamme de plats cuisinés végétaux, proposés en rayons depuis mai. Au menu : chili, riz et lentilles ou encore boulettes et galettes aux haricots rouges, et aux pois chiches. Des plats tout prêts à réchauffer et à déguster ou des ingrédients pour agrémenter une salade. Une gamme, dont tous les produits sont ornés du A au Nutri-Score. Des innovations que Lesieur a tenu à présenter en Allemagne, en participant à son premier Anuga. « Ma popote ! c’est un virage stratégique qui nous permet de nous ancrer dans la transition alimentaire et végétale, précise Pierre-Yves Uveteau, responsable export pour la zone Europe et Antilles. Cette gamme particulièrement riche en protéines répond à une demande en s’adressant aussi bien aux végétariens qu’aux flexitariens qui recherchent de temps à autre une alternative à la viande. » Lesieur a particulièrement travaillé les recettes et le goût.
Chez Lesieur, on a la culture de l’international depuis longtemps. « Dans les années 30, une première usine a été construite au Sénégal », précise Pierre-Yves Uveteau. Avec « Ma popote ! », l’entreprise vise particulièrement l’Europe et l’Asie. En 2021, Lesieur a réalisé 620 millions d’euros de chiffres d’affaires, dont un peu plus de 15 millions à l’export. « Ma popote ! » devrait aider à améliorer ces chiffres.
Brioche Pasquier : « Montrer à nos concurrents qu’on est là »
Brioche Pasquier a réalisé 692 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2022 dont 25 % à l’export. L’entreprise possède quatre sites de production en Espagne, en Angleterre et aux États-Unis. Autant dire qu’elle est bien armée pour affronter l’international. Sur son stand, à l’Anuga, Brioche Pasquier a mis en avant ses macarons au Cointreau qui peuvent se marier avec des cocktails. Les cafés et restaurants sont particulièrement visés. « Ce salon nous permet surtout de marquer notre savoir-faire », expliquent Sara Mena et Myriam Drapeau en charge de l’export. « C’est aussi montrer à nos concurrents que nous sommes là et voir ce que, eux, proposent. »
Cooperl a retrouvé ses clients autour de dégustations
Forte de sa distinction « Les leaders de l’innovation » remise en août 2023 par le journal Les Échos et l’entreprise Statista, le groupe alimentaire Cooperl a retrouvé l’Anuga pour accueillir ses clients et leur faire découvrir ou redécouvrir sur son stand les viandes et charcuteries cuites et sèches. Des dégustations ont été organisées. À Cooperl, 30 % de la viande est exportée, il était nécessaire de continuer de trouver des débouchés. Une mission accomplie, selon Cyril Fauvel, commercial export pour l’Europe, et Céline Navière, qui est chargée du marché chinois : « On était présent en 2021 et la fréquentation avait été très faible. Cette année, on a commencé à retrouver un vrai Anuga, riche en rencontres. Ce n’est pas encore ce que c’était en 2019, mais pour nous, en termes de rencontres clients et de prospects, cette édition 2023 est une réussite. »
Eurodelices, un expert de l’export
L’Anuga est un rendez-vous incontournable pour les équipes d’Eurodelices. Cette entreprise située en plein cœur du marché de Rungis en région parisienne est un grossiste alimentaire spécialisé dans l’export de produits français et européen. La quasi-totalité de son chiffre d’affaires est donc réalisée à l’étranger. Eurodelices, en contact avec 350 fournisseurs, propose près de 10 000 références et livre dans plus de 60 pays sur les cinq continents. Un mastodonte qui se doit d’être présent à ces rendez-vous. En Allemagne, l’entreprise a voulu mettre en avant « Milky Lux », sa nouvelle gamme de produits laitiers en frais et en ambiant (fromages, crème, yaourts à boire, beurre, lait, desserts lactés…). Des produits destinés au retail, issues de matières premières d’origine européenne et avec une longue durée de consommation.
Sur le stand d’Eurodelices, derrière une large présentation de fromages, Antoine Freymiet, responsable export pour l’Afrique et le Moyen-Orient, est un habitué des allées du salon de Cologne. « L’ambiance cette année est différente, témoigne-t-il. On reçoit moins de visiteurs, mais ceux que l’on accueille viennent nous démarcher avec des projets très précis. Ils recherchent davantage notre expertise. Comme si, après la Covid-19, qui nous a tous plongés dans le flou total, les clients avaient besoin de retrouver du concret. Je dirai que nous avons perdu en quantitatif, mais gagné en qualitatif. C’était aussi important pour nous d’être présents pour nos clients. La priorité reste la suite de notre développement. »