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Le saint-nectaire fermier a besoin de bras
Lundi 15 janvier à Besse, l’Interprofession saint-nectaire et l’Union des producteurs de saint-nectaire fermier ont invité une quarantaine de demandeurs d’emploi du secteur. Objectif : recruter puis former du personnel qualifié pour travailler en ferme.
Urgent : la filière AOP saint-nectaire fermière manque de bras ! « Il y a un réel besoin de main-d’œuvre pour accompagner le développement de la production et pour assurer le renouvellement des générations. Les mentalités changent : les exploitants veulent des salariés pour se dégager du temps de libre », indique Sébastien Ramade, coprésident de l’Union des producteurs de saint-nectaire fermier (UPSNF).
En Gaec à Murat-le-Quaire (Puy-de-Dôme) avec son associé et ses trois salariés, ce producteur fermier fabrique 22 à 25 tonnes de saint-nectaire par an qu’il affine et vend en direct. Après le départ prochain de deux de ses salariés, Sébastien Ramade sait déjà qu’il aura du mal à les remplacer. Et il est loin d’être le seul à chercher la perle rare. « Une enquête interne a montré que 20 à 24 CDI sont à pourvoir sur la zone d’appellation. Il y a donc une demande, mais en face, nous avons le plus grand mal à trouver du personnel qualifié », évoque-t-il.
Pour sortir de l’impasse, les producteurs fermiers – avec l’Interprofession saint-nectaire et le Pôle emploi d’Issoire – ont lancé une large campagne d’information et de recrutement qui a eu lieu le lundi 15 janvier à Besse-et-Saint-Anastaise (Puy-de-Dôme). Public visé : les demandeurs d’emploi. Une seule condition exigée : avoir envie de travailler en agriculture.
Douze candidats suivront une formation
Les douze candidats retenus suivront une formation de fromager avec à la clé un poste à pourvoir sur des exploitations qui fabriquent du saint-nectaire fermier dans le Sancy et le Cézallier. « Ce dispositif de formation/emploi est assez innovant en agriculture. Pour répondre à la problématique, on a cherché un nouveau moyen d’attirer des candidats, et on est plutôt contents du résultat. Sur 42 demandeurs d’emploi invités, 34 se sont présentés et 27 sont restés pour les entretiens. Nous avons recruté les douze stagiaires et une liste d’attente. C’est un succès même si ce n’est qu’une première étape et que tout reste à faire », estime Marie-Paule Chazal, directrice de l’interprofession.
On a mis en avant nos atouts
« Le manque de main-d’œuvre ne concerne pas que l’agriculture. Pour être attractif, il faut savoir se vendre et montrer qu’on est un métier d’avenir. Avec cette opération, on a mis en avant nos atouts. Grâce à Pôle emploi, on est parti sur une communication beaucoup plus large. Je pense que la filière a tout à y gagner et le territoire aussi », ajoute Gilles Clavel, coprésident de l’UPSNF, installée à Saint-Saturnin (Cantal). La formation qualifiante ciblée sur l’hygiène de la traite et sur les règles de transformation du lait cru en AOP saint-nectaire se déroulera du 5 février au 24 avril 2018. « Il s’agit d’une préparation opérationnelle à l’emploi collective (POEC), un dispositif qui permet de répondre à un besoin précis et immédiat », précise Céline Arsac, directrice du CFPPA d’Aurillac (Cantal), chargée de la formation financée par le FAFSEA.
À l’issue du dispositif, les douze candidats devraient trouver rapidement une place : plus d’une vingtaine d’exploitations s'est déjà positionnée pour accueillir un stagiaire et l’embaucher le plus rapidement possible.
Une filière dynamique
Le saint-nectaire fermier est la première AOP fermière en Europe et la troisième AOP fromagère au lait de vache en France : avec plus de 200 producteurs fermiers et 20 affineurs, elle produit 7 000 tonnes de saint-nectaire fermier par an. La filière compte chaque année de nouveaux porteurs de projet qui s’installent ou des producteurs laitiers qui se convertissent. Pour la partie laitière, quatre fabricants et 345 éleveurs laitiers produisent 7 000 tonnes de saint-nectaire laitier par an. « Le marché est porteur, la consommation est en hausse constante depuis cinq ans », indique l’interprofession. Face à ce développement et au besoin d’emplois dans les exploitations, le dispositif de formation/emploi pourra être relancé selon les résultats.