Traçabilité
Le Royaume-Uni s’essaie à la blockchain avec succès
La technologie de la blockchain a été testée outre-Manche avec succès dans un abattoir de bovins. Le projet ouvre les portes à une plus forte implantation de cette technologie dans l’industrie agroalimentaire britannique. Explications.
Au Royaume-Uni, l’Agence de la sécurité des aliments (Asa) a testé avec succès la technologie de la blockchain dans un abattoir de bovins dans le cadre d’un projet pilote. C’est la première fois qu’elle y est utilisée en tant qu’outil réglementaire pour assurer la conformité de la traçabilité des produits agroalimentaires et faciliter le transfert de données. « C’est un développement très intéressant. Nous pensons que la blockchain peut ajouter une valeur à l’industrie agroalimentaire, notamment au niveau des abattoirs, car les carcasses d’animaux nécessitent de multiples inspections et de comparaisons de données », a déclaré Sian Thomas, directrice de la communication de l’Asa.
La blockchain fonctionne sur ce chaînon de l’industrie agroalimentaire
« La blockchain est une technologie de stockage et de transmission d’informations, transparente, sécurisée et fonctionnant sans organe central de contrôle », selon la définition de Blockchain France. Dans le projet pilote britannique, l’Asa et l’abattoir bénéficiaient tous les deux de la permission pour accéder aux données, ce qui permettait d’améliorer la transparence au sein de la chaîne d’approvisionnement alimentaire.
« Je suis ravie que nous ayons montré que la blockchain fonctionne sur ce chaînon de l’industrie agroalimentaire. Je pense que cette technologie offre aujourd’hui de belles opportunités pour le gouvernement et les industriels, qui ont l’occasion de travailler ensemble dans le but d’étendre ce concept », a ajouté Sian Thomas. Le secteur agroalimentaire voit l’arrivée de la blockchain d’un bon œil : grâce au renforcement de la traçabilité, les fraudes massives qui nuisent à l’image des industriels (tel que le scandale lié à la viande de cheval) pourraient être réduites. Les informations sur les produits seront cependant accessibles si et seulement si les différents acteurs de l’agroalimentaire donnent leur accord pour les partager. Un autre projet pilote, prévu pour juillet, donnera aux agriculteurs autorisés un accès aux données concernant les animaux de leur ferme.
Un enjeu national
Si les travaux pilotes continuent d’être de tels succès, le Royaume-Uni équipera toutes ses usines agroalimentaires de cette technologie. Le pays veillera bien à ce que tous les acteurs tirent pleinement parti de cette nouvelle gestion des données dont l’accessibilité différera, selon les autorisations, pour l’Asa, l’abattoir ou l’éleveur. Par ailleurs, le Royaume-Uni souhaite et aurait le potentiel pour devenir un leader dans la technologie de la blockchain et des cryptomonnaies d’ici à 2022, au même titre que le Japon, l’Allemagne et Malte, selon un rapport réalisé par Big Innovation Centre, DAG Global et Deep Knowledge Analytics. Plus de 500 millions de livres (560 millions d’euros) auraient été investis dans des entreprises britanniques liées aux cryptomonnaies en 2017-2018. Les auteurs précisent que l’industrie de la blockchain n’en est qu’à ses premiers stades de développement à l’échelle mondiale, ce qui laisserait entrevoir le potentiel pouvoir du Royaume-Uni.
Déploiement chez les distributeurs
Après la filière poulet d’Auvergne au mois de mars 2018 et la tomate Filière Qualité au mois de juillet, Carrefour poursuit le déploiement de la blockchain, grâce à sa filière poulet élevé en plein air sans antibiotiques en Italie. Le consommateur peut désormais avoir accès à toutes les informations concernant ces produits en scannant le QR Code présent sur l’emballage. Système U développe aussi la blockchain de son côté et présentera début septembre le fruit de ce travail avec son application Y’a quoi dedans, qui communique des informations sur leurs produits.