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Le poulet lourd, une production stratégique pour lutter contre l'importation de volaille

Le poulet lourd prend de plus en plus de place en France avec les deux leaders de la volaille en France, LDC au travers de la Société bretonne de volaille (SBV) et son challenger Galliance, filiale de Terrena.

Poulet lourd dans un élevage
La production de poulet lourd en France joue le jeu de l'ECC
© Franck Jourdain

La production de poulet lourd ne cesse de progresser en France et singulièrement en Bretagne. « Ce segment représente à ce jour 16 % de la production totale de poulets en France (y compris les animaux élevés sous signes de qualité), et 24 % en standard », explique Mohamed Bouzidi, économiste à l’Institut technique de l’aviculture (Itavi). 

Lire aussi : Poulet : la revanche du standard face au certifié, exemple chez Duc 

Un poulet pour la découpe

Mais qu’est-ce que ce gallinacé ? Un poulet de plus de 2,5 à 3,4 kilos environ que les spécialistes découpent entièrement pour approvisionner en filets, cuisses et pilons l’industrie (on parle de PAI ou produits alimentaires intermédiaires) pour ses fabrications de produits élaborés ou satisfaire la consommation hors domicile (CHD). 

Le poulet lourd, attractif pour son prix

Le poulet lourd ne se distingue pas par son goût, mais par son prix. Il est plus compétitif en élevage et pour la découpe dans les usines. Les éleveurs produisent cinq bandes par an contre sept en poulet classique et l’indice de consommation est plus bas. Pour les abatteurs-découpeurs, le poulet lourd est l’assurance d’un rendement optimisé pour approvisionner les industriels des produits élaborés et la CHD attachés à l’origine France. Ce segment de production s’est développé en Bretagne sous l’impulsion de Boscher Volaille (Société Bretonne de Volaille, groupe LDC) en réponse aux importations grandissantes de viande de volaille.

137 499 tonnes en 2022

« La RHD type fast food a longtemps été le principal débouché du poulet lourd, en particulier McDo et KFC», poursuit Mohamed Bouzidi. « Puis la RHD traditionnelle s’y est intéressée à son tour pour les produits élaborés (nuggets, cordons bleus…) ainsi que les industriels pour les produits vendus en GMS. » Ces dernières années, la production a progressé régulièrement, passant d’un peu moins de 120 000 tonnes en 2018 à 137 499 tonnes en 2022. Elle a bénéficié de la demande grandissante de produits industriels en origine France et a pu se développer grâce à l’apport d’éleveurs de volailles orphelins du débouché « poulet export », nettement réduit depuis la fin du système des restitutions à l’exportation. 

Lire aussi : « Construire 400 poulaillers sur cinq ans pour reconquérir 20 % des importations » 

LDC domine le marché du poulet lourd

LDC via sa filiale régionale SBV domine le marché du poulet lourd. Selon nos informations, toute sa production en Bretagne en résulte : les mâles approvisionnent le marché des pièces pour l’industrie et la RHD, la découpe de femelles (elles partent de l’élevage quelques jours avant avec un poids inférieur aux mâles) rejoint la GMS. 

 « Le marché était porteur et demandait une réponse spécifique »

Mais la société ne communique pas sur le sujet. Son challenger Galliance (groupe coopératif Terrena) est entré plus tardivement sur le segment du BtoB (2018), « parce que le marché était porteur et demandait une réponse spécifique », explique Arnaud Delaby, directeur général du pôle poulet chez Galliance.  

Lire aussi : Déconsommation de dinde : et si c’était la faute du poulet ?

Galliance adapte ses usines au poulet lourd

Dans l’usine Galliance de Languidic (Morbihan), Terrena a réalisé un lourd programme d’investissements (montant non communiqué) pour « adapter les lignes conçues pour des poulets de 1,950 kilo à des poulets de 3,4 kilos », poursuit le dirigeant. L’usine fonctionne désormais en deux sept sur une base de 510 000 à 520 000 poulets abattus par semaine dont les pièces sont destinées « aux deux tiers au marché des PAI ». Galliance s’approvisionne en poulets lourds auprès de deux groupements de producteurs. Autrefois orientés « poulet export », les producteurs bretons de poulets du groupement Univol fournisseurs de Galliance sont désormais des spécialistes du poulet lourd (près de 50 000 tonnes par an). Un autre groupement appelé Valliance et qui travaille dans les Pays de la Loire apporte à l’industriel le reste de ses besoins.

Lire aussi : Bretagne : L’organisation de producteurs avicoles Univol accélère dans le poulet lourd

Les usines allemandes et polonaises en embuscade

Pour la CHD, Galliance y appose la signature « Gastronome professionnel » et apporte pour l’industrie la garantie Galliance. Mais il y a un écart de prix avec les produits importés, notamment ceux qui sortent d’usines situées en Pologne et en Allemagne. Là-bas, « les outils dédiés sont plus récents et sont deux à trois fois plus importants qu’en France », précise Arnaud Delaby. 

« les outils dédiés sont plus récents et sont deux à trois fois plus importants qu’en France »

Cependant, les industriels français ont l’avantage de répondre à une demande de plus en plus importante en origine France. Et ils s’adaptent aux exigences grandissantes en normes ECC (European Chicken Commitment). Ainsi Galliance Languidic prévoit d’engager 15 à 20 millions de travaux (démarrage début 2026) pour non seulement accroitre ses capacités et gagner en productivité, mais aussi pour renforcer le bien-être animal (anesthésie gaz en lieu et place de l’étourdissement), la biosécurité le confort des personnels au travail.   

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