Résultats financiers
Le groupe Agrial veut optimiser son organisation
Le groupe coopératif normand a présenté le 10 avril 2019 le bilan de son exercice 2018. Après de nombreuses acquisitions, il souhaite se concentrer sur les synergies à mettre en place pour l’année en cours.
Dans un contexte 2018 difficile tant du point de vue des marchés que des conditions climatiques, « Agrial a montré la résilience de son modèle diversifié », estime Ludovic Spiers, directeur général du groupe coopératif à l’occasion d’une conférence de presse de présentation des résultats le 10 avril 2019. Le chiffre d’affaires du groupe a connu une belle croissance de 6,5 % pour atteindre 5,8 milliards d’euros, grâce à de nouvelles acquisitions à l’étranger.
À périmètre comparable, la croissance du groupe se situe aux alentours de 2 %. En revanche, les résultats d’Agrial ont pâti entre autres d’aléas climatiques difficiles sur les productions légumières au cours de l’année 2018. Son excédent brut d’exploitation a atteint 212 millions d’euros contre 225 millions un an plus tôt. « Notre EBE est revenu au niveau de 2016. Cette contre-performance est liée aux aléas climatiques qui ont touché les récoltes légumières tout au long de l’année 2018. Les volumes ont été en dessous de nos attentes. Cela n’a pas touché nos adhérents qui ont vu les prix augmenter, mais la coopérative en a été affectée, car les volumes étaient plus bas », indique Ludovic Spiers.
Le bénéfice net consolidé du groupe a également reculé passant de 63 millions en 2017 à 57,657 millions d’euros en 2018. « Notre bénéfice 2018 représente quand même 1 % de notre chiffre d’affaires. Cela montre que nous sommes résilients. Si nous n’étions que légumiers, nos résultats seraient encore moins bons », commente le directeur général. La diversification du groupe reste un élément important de sa stratégie depuis quelques années.
Un chiffre d’affaires qui a doublé en dix ans
En près de dix ans, le groupe coopératif a doublé son chiffre d’affaires passant de 2,7 milliards en 2010 à 5,8 milliards d’euros en 2018, à la faveur de nombreuses acquisitions et particulièrement à l’étranger ces quatre dernières années. Le marché international représente désormais 27 % du chiffre d’affaires du groupe et 36 % de ses activités agroalimentaires. « Nous portons l’ambition d’atteindre 50 % de notre chiffre d’affaires agroalimentaire à l’étranger à l’horizon 2025 », précise le directeur général.
Nous portons l’ambition d’atteindre 50 % de notre chiffre d’affaires agroalimentaire à l’étranger
L’année 2018 a une nouvelle fois été marquée par des acquisitions : celle d’Aston Manor, en Angleterre, premier cidrier indépendant du Royaume-Uni ; celle du fromager allemand Rotkäppchen Peter Jülich ; celle de la société anglaise Angflor.
Des acquisitions structurantes assurant des débouchés
Le développement des marchés du groupe à l’étranger doit aussi permettre de valoriser la production française d’Agrial. Le rachat d’Aston Manor a été réalisé en ce sens. « Nous voulons aller chercher de la valeur pour nos agriculteurs. Notre politique de débouchés est dynamique. Avec Aston Manor par exemple, nous avons acheté des débouchés. Ce sont des vergers français qui sont préservés avec cette acquisition, puisque nous allons envoyer nos pommes à cidre outre-Manche », explique Arnaud Degoulet, président d’Agrial.
Avec Aston Manor par exemple, nous avons acheté des débouchés
L’acquisition de la société fromagère allemande s’est faite relativement dans le même esprit. Elle permet au groupe d’avoir une tête de pont en Allemagne pour sa branche laitière. « Des synergies sont déjà prévues, avec le rapatriement d’une partie de la fabrication des fromages de vache sur le site de Dangé-Saint-Romain, utilisant 7 millions de litres de lait d’adhérents de la coopérative », indique le groupe. Et Agrial va continuer à développer son activité laitière en Allemagne. « Il y a trop de lait en France par rapport à la demande. Donc, nous cherchons des débouchés en priorité dans les pays qui nous entourent. Nous avons fait la Belgique, l’Espagne, l’Allemagne, l’Italie avec le rachat de Senoble Italia. Il ne nous reste plus que l’Angleterre », observe Ludovic Spiers.
Réflexion sur les ingrédients laitiers
Par ailleurs, le groupe réfléchit à investir dans les ingrédients laitiers, mais n’a pas souhaité en dire davantage pour le moment. « Nous sommes encore au temps de l’étude. Mais les ingrédients pourraient diversifier nos marchés », consent à dire le directeur général. Pour rappel, en reprenant Eurial, Agrial a mis la main sur la fromagerie d’Herbignac, spécialisée dans la fabrication de mozzarella.
Cette usine qui devait faire l’objet de 135 millions d’euros d’investissement pour doubler ses capacités de production n’a pas encore vu le jour. Le retournement des marchés des matières grasses et des protéines laitières oblige le groupe à revoir sa stratégie sur les ingrédients.
Pour l’année 2019, le groupe souhaite « faire une pause dans les achats », aux dires de son président Arnaud Degoulet, hormis si une occasion se présentait. « Nous ne sommes pas à l’abri d’opportunité. L’achat d’Aston Manor est arrivé à un moment où on ne s’y attendait pas », se souvient-il. L’optimisation du fonctionnement du groupe semble néanmoins rester une priorité pour l’année en cours, grâce à la mise en place de synergies industrielles, commerciales et organisationnelles. « Nous avons beaucoup de synergies à retirer des croissances externes réalisées », conclut Ludovic Spiers.
Créaline a triplé sa production pour l’exportation
Marque de purées et de soupes fraîches, Créaline a continué son développement en France en 2018, avec un chiffre d’affaires en augmentation de 20 % par rapport à 2017. « Face à ces croissances à deux chiffres par an ces dernières années, nous avons décidé de tripler la capacité de l’usine de Créaline à Lessay, dans la Manche », commente Ludovic Spiers. L’inauguration de cette extension s’est faite le 15 mars 2019. Quinze millions d’euros y ont été investis, pour doubler la surface et tripler la capacité de production à près de 18 000 tonnes. L’année 2019 devrait être ainsi celle de son expansion au Royaume-Uni et en Allemagne, tout en poursuivant le lancement à un rythme soutenu de nombreuses innovations. La marque ambitionne d’atteindre un chiffre d’affaires de 30 millions d’euros, contre 25 millions en 2018.