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Le futur de la cellulose se joue à Grenoble

La « chaire d’excellence industrielle » Cellulose Valley a été inaugurée en juillet 2022 à l’école internationale du papier, de l’impression et des biomatériaux Pagora, à Grenoble. Ses enseignements et recherches visent à développer les potentiels de la cellulose à des fins de conditionnement.

Juilien Bras, titulaire de la chaire Cellulose Valley.
Juilien Bras, titulaire de la chaire Cellulose Valley.
© Grenoble INP

Julien Bras est titulaire de la chaire Cellulose. Il enseigne à Grenoble INP - Pagora et conduit des recherches dans le cadre du Laboratoire Génie des procédés papetiers (LGP2).

Quelle place occupe la cellulose dans l’emballage d’aujourd’hui ?

Julien Bras - Au départ, la cellulose se résumait à la boîte d’œufs. Et puis la cellulose est apparue comme un matériau biosourcé d’intérêt, dont les ressources ne manquent pas. On a vu naître il y a cinq ans des coques pour smartphones en cellulose, solides et lisses, de bel aspect. Entre la boîte d’œufs très bas de gamme et la coque à smartphone très haut de gamme, il y a un grand champ des possibles. Depuis quinze ans au moins, les connaissances sur la cellulose ont explosé.
La directive européenne SUP de 2018, qui a donné la loi Agec en France, a été déterminante pour les emballages. De très nombreux acteurs proposent des solutions de remplacement du plastique, et les testent. On travaille beaucoup sur la cellulose, biosourcée et potentiellement biodégradable. De nouveaux procédés sont brevetés, d’autres sont en cours. Nespresso vient de lancer les premières capsules alternatives à l’aluminium. Chaque jour apporte de nouveaux exemples des progrès possibles dans la cellulose.

Quelles sont les ambitions des partenaires associés à la chaire ?

J. B. - Les sept industriels associés recouvrent l’ensemble de la chaîne de valeur ; ce sont des fournisseurs de matière, des fabricants de matériaux d’emballage et des industriels utilisateurs, dont la marque de plats cuisinés Marie dans le domaine alimentaire. Chacun à son niveau veut comprendre les attentes du marché et bien appréhender la chaîne de valeur. Tous veulent faire émerger des matériaux performants et présentant des avantages environnementaux, dont la recyclabilité. Ils cherchent comment remplacer le plastique par un matériau aux performances proches, et recyclable.

Avez-vous déjà identifié les principaux défis à relever ?

J. B. - Il faut imaginer de nouvelles formes d’objets en cellulose, garantir le contact alimentaire et la protection des aliments. Pour l’heure, la fonction barrière de la cellulose à l’humidité, aux graisses notamment, est insuffisante. Une des clés à rechercher est comment imperméabiliser l’emballage en cellulose sans recourir au microfilm de plastique. Il faut éviter que l’avantage technologique, comme l’imperméabilité, ne nuise à l’avantage environnemental de la recyclabilité ou de la biodégradabilité. La chaire Cellulose Valley prévoit différentes thématiques de recherche.

Comment va s’opérer la recherche de solution dans la chaire ?

J. B. - La recherche dite « disruptive » s’inscrit dans le temps long. Mais il y a une urgence environnementale et réglementaire. Donc, nous allons rapprocher les deux temps de la recherche de solutions : la recherche fondamentale et la preuve de concept, c’est-à-dire l’étude de faisabilité. En ce moment, nous finançons trois thèses et trois post-doctorats. Depuis juillet 2022, déjà deux thèses ont commencé et ainsi que cinq preuves de concepts. Pendant quatre ans, durée initiale du projet, la chaire prendra chaque année huit stagiaires de master, qui vont poser les questions des applications et mettre en place des preuves de concept. Un des premiers projets mis en route est la conception d’un emballage de chocolat de bord de tasse. C’est du pur papier, doté de propriétés barrières pour la graisse du chocolat, et qu’il faut pouvoir sceller. Un autre projet est un sachet de gruyère râpé qui soit transparent, barrière aux graisses et qui supporte l’atmosphère humide du fromage. Pour ne pas nous disperser, nous n’associerons pas d’industriels supplémentaires à la chaire.

Les industriels soutenant la chaire Cellulose Valley

La « chaire d’excellence industrielle » Cellulose Valley est soutenue par 7 industriels recouvrant la chaîne de valeur de l’emballage, et l’éco-organisme Citeo.

Producteur de matériaux : Ahlstrom Munksjö

Fabricants d’emballages :

- Groupe Guillin, leader européen des solutions d’emballages alimentaires basé en France, fournisseur des métiers de bouche, de l’industrie agroalimentaire, du commerce des fruits et légumes et de la restauration collective.

- DS Smith, autre leader européen basé au Royaume-Uni, dont les activités s’appuient sur le recyclage et la fabrication de papier, investi dans le e-commerce, les produits de grande consommation et l’industrie.

- Aptar Group, groupe américain spécialisé dans les flacons pour les industries cosmétique, pharmaceutique et alimentaire.

Utilisateurs d’emballages :

- Chanel, la marque de haute couture française, qui signe aussi des lunettes, produits cosmétiques et parfums.

- Packaging Décathlon, branche packaging du distributeur d’articles de sport français

- La société Marie du groupe français LDC, leader en France des plats cuisinés pré emballés frais et surgelés. LDC déclare, dans le communiqué d’inauguration de Cellulose Valley : « Notre innovation dans le domaine des emballages doit se faire en préservant la sécurité des aliments, point clé pour nos marques et nos consommateurs. La recherche de solutions cellulosiques en substitution des solutions plastiques est une priorité majeure pour Marie, LDC et ses 24 000 collaborateurs. »

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