Œufs alternatifs
Le défi de l’équilibre entre offre et demande
Le marché français de l’œuf est en pleine mutation, en matière de production et de consommation. L’adéquation entre l’offre et la demande reste le défi à relever pour la filière.
Le marché français de l’œuf est en pleine mutation, en matière de production et de consommation. L’adéquation entre l’offre et la demande reste le défi à relever pour la filière.
La filière l’a annoncé dans son plan de filière, la distribution l’a clamé haut et fort, n’hésitant pas à faire de la surenchère à qui sera le premier à jouer la carte du bien-être animal : d’ici quelques années, l’œuf issu de poules élevées en système alternatif à la cage sera majoritaire, tant sur le terrain que dans les rayons. Et du côté de l’amont, c’est plutôt bien parti. Selon le Comité national pour la promotion de l’œuf (CNPO), la part des poules pondeuses françaises en élevages alternatifs a doublé en dix ans. L’objectif pour les professionnels : qu’une poule sur deux ne soit plus en cage d’ici à 2022. L’an dernier, ce sont déjà 42,2 % des effectifs qui étaient élevés hors cage. Entre 2017 et 2018, le nombre de poules en élevage alternatif a bondi de 9 %, dont +19,6 % pour le bio (code 0), +18,9 % pour le sol (code 2) et +6,6 % pour le plein air hors label Rouge (code 1).
Pour Loïc Coulombel, vice-président du CNPO, « la filière est passée à la vitesse supérieure » en matière de transformation des élevages, « elle est en avance sur le plan de marche ». « À ce rythme, la filière pourrait atteindre dès 2020 son objectif prévu pour 2022 », poursuit-il, soulignant toutefois, « qu’il faut que la demande du marché suive. »
L’an dernier, selon Kantar, l’œuf d’élevage alternatif représentait 51,8 % des achats des ménages, (49,1 % en 2017). Le mode d’élevage est le second critère de choix, derrière l’origine France. Ce sont surtout les œufs de poules élevées en plein air qui sont plébiscités (31,6 % de parts de marché), avant le bio (17 %) et loin devant la production au sol (3,2 %).
Les œufs bios actuellement en excès
L’équilibre entre l’offre et la demande, voilà l’enjeu. En cette période de mutation, certains opérateurs ont des sueurs froides. Vers la fin de l’hiver et le début du printemps, un excédent d’œufs bios non contractualisés a été observé, laissant les prix à des niveaux très bas, bien loin des coûts de production.
De nombreux volumes sont encore déstockés vers l’industrie où ils sont déclassés en code 1 voire 2. En cause, des débouchés pour les œufs bios plutôt limités, à l’exception de la consommation d’œufs coquille, en croissance. Les industriels sont peu positionnés sur le code 0, pour des raisons de prix surtout, leurs clients privilégiant le code 2 voire le plein air. Et les perspectives sont à l’arrivée de production de nouveaux lots, au débouché non assuré pour le moment, aux dires de la filière.
Le code 1 a semblé être plus proche de l’équilibre ces dernières semaines, mais il pourrait être plus offert à moyen terme, surtout si des éleveurs bios, faute de débouchés sécurisés et pour des questions de prix de revient, optent pour faire évoluer leur élevage en plein air.
Le sol, à l’inverse, manque à l’appel et malgré l’arrivée en production de nombreux projets, pourrait rester encore quelque temps déficitaire. L’offre à venir correspond à des volumes prévisionnels en vue de changements de références en grande distribution. Ainsi, excepté quelques surplus avant la modification de la gamme, le marché reste peu approvisionné en œufs français. Or, les industriels tendent à privilégier ce code et doivent se tourner vers nos voisins européens pour se couvrir.