Viande
Le bœuf sud-américain garde sa place en Europe coûte que coûte
Le Brésil et l’Argentine qui battent des records d’exportation grâce à la demande chinoise sont parvenus, tant bien que mal, à expédier vers l’Europe, malgré la crise sanitaire, des volumes similaires à ceux de l’an dernier.
Le Brésil et l’Argentine qui battent des records d’exportation grâce à la demande chinoise sont parvenus, tant bien que mal, à expédier vers l’Europe, malgré la crise sanitaire, des volumes similaires à ceux de l’an dernier.
L’Argentine aura exporté, cette année, un million de tonnes de bœuf. Un record. Le Brésil ? 2 millions de tonnes. Autre record. La performance des exportations de viande bovine sud-américaine paraît insolente en ces temps mortels pour la RHD dans les pays confinés. Certes, le « feed power » chinois est un véritable aspirateur à viande (et à grains !). N’empêche, les importations européennes de bœufs argentin et brésilien se sont maintenues en volume à environ 90 % cette année, par rapport à l’an dernier. L’« exportomètre », application développée par l’Association brésilienne de l’industrie de la viande de bœuf (Abiec), visible sur son site Internet, affichait, le jour de la dernière conférence de presse de l’association, le 18 décembre, 1 970 550 tonnes écoulées à l’étranger pour 8,3 milliards de dollars. La barre symbolique des 2 millions de tonnes devrait être aisément franchie en 2020. Pour 2021, l’Abiec livre un pronostic « conservateur » de 2 141 550 tonnes pour un chiffre d’affaires de près de 9 milliards de dollars.
Forte baisse des prix pour le bœuf argentin
Malgré la crise sanitaire, les exportations de bœuf brésilien vers l’Union européenne ont cumulé 89 185 tonnes de janvier à novembre 2020, en recul de seulement 9,5 % par rapport aux 98 564 tonnes expédiées durant la même période en 2019. Les industriels brésiliens auront donc gardé leur part de marché en Europe. Et le prix moyen de leur bœuf n’aurait d’ailleurs cédé que de 6,2 % par rapport à 2019, selon l’Abiec. Ce qui n’est pas le cas des abattoirs argentins qui ont dû accepter d’accorder des rabais importants à leurs clients européens sur les morceaux nobles du quota Hilton, passés de 12 000 euros environ l’an dernier à 7 500 euros cette année.
Le chef du service d’études économiques de la Société rurale argentine, Ezequiel de Freijo, souligne que la filière du bœuf de son pays dispose d’un atout qui la protège des crises sanitaires telles que celle liée à la Covid-19, grâce à la distribution géographique éclatée entre les zones d’élevage allaitant, les parcs d’engraissement et les abattoirs, essaimés à des centaines de kilomètres de distance les uns des autres. Et cet atout, les investisseurs des grands groupes alimentaires en tiendront compte à l’avenir.
Nous misons sur la diversité de nos clients
En Europe, les importateurs ont souvent dû congeler leurs stocks, confiants que leurs clients les suivront, comme Rellman Foods, installé à Bruxelles. « Pour traverser la tempête, nous misons sur la diversité de nos clients au sein de l’UE, en tâchant de jongler avec les périodes de déconfinement », témoigne sa directrice, Caroline Leclerc.
La filière sud-américaine du bœuf bat des records à l’exportation avec des prix Fob imbattables, autour de 3 000 dollars la tonne pour les envois vers la Chine, ceux-ci concernent la moitié des volumes expédiés. Pour le Brésil, l’UE, en 2020, aura représenté 4,83 % de ses exportations de bœuf en volume, soit autant que le Chili ; tandis que la Chine, elle, aura capté 42,27 % de ses embarquements de viande de bœuf.