Viande bovine
L’Argentine exploite à fond son quota Hilton
Alors que l’imminence de l’accord UE-Mercosur agite la filière bovine en France, zoom sur l’Argentine qui devrait remplir pour la première fois en neuf ans son contingent de bœufs haut de gamme à destination de l’UE.
Alors que l’imminence de l’accord UE-Mercosur agite la filière bovine en France, zoom sur l’Argentine qui devrait remplir pour la première fois en neuf ans son contingent de bœufs haut de gamme à destination de l’UE.
Pour la première fois depuis neuf ans, les abattoirs argentins devraient fournir, à l’issue du cycle 2017-2018, qui s’achève en juin prochain, la totalité du quota Hilton, soit 29 000 tonnes (t) de morceaux de bœuf réfrigérés de premier choix exportées vers l’UE à un tarif douanier avantageux. Et le quota 481 n’est pas en reste avec une hausse de 109 % en un an pour l’Argentine.
Les importateurs allemands, qui acquièrent plus de la moitié du contingent Hilton, s’en réjouissent. Ils écoulent d’abord sur leur marché cette viande importée actuellement au prix de 12 500 dollars la tonne, mais la redistribuent aussi en Italie, en Espagne et, dans une moindre mesure, en France. « Cette valeur Fob tombe à moins de 10 000 dollars s’il s’agit de tranche et de gîte, et non de bavette, entrecôte et noix, des morceaux davantage prisés que les deux premiers marchés », renseigne Esteban Berisso, de l’abattoir Gorina, situé à La Plata, qui détient 1 850 t du quota Hilton que le gouvernement argentin répartit entre les industriels.
La suppression des taxes porte ses fruits
Ce retour du bœuf argentin en Europe s’explique par l’offre désormais suffisante de bouvillons lourds engraissés à l’herbe, une condition requise pour fournir le quota Hilton. La cause en est politique. Cela fait deux ans que le gouvernement libéral de Mauricio Macri a supprimé les taxes à l’export de bœufs, tout comme leurs restrictions imposées de 2006 à 2015. Et cela porte ses fruits : les engraisseurs ont confiance et gardent leurs animaux le temps nécessaire à l’exigence de poids de ce quota.
Par ailleurs, l’Argentine profite comme jamais du contingent 481, qui porte, lui, sur 50 000 t de viandes issues d’animaux engraissés en enclos et que se partagent les exportateurs d’Argentine, d’Uruguay, des États-Unis et de Nouvelle-Zélande. Entre eux, c’est la course. La règle du quota 481 est en effet celle du premier arrivé, premier servi.
L’Europe, c’est 15 % de nos envois
« Cela requiert une relation extrêmement bien huilée entre exportateur et importateur », poursuit Esteban Berisso, dont la société fournit les quotas Hilton et 481. « Pour nous, l’Europe, c’est 15 % de nos envois et 40 % de notre facturation à l’export », résume-t-il.
Le ministère argentin de l’Agro-industrie confirme le dynamisme retrouvé de la filière du bœuf avec une hausse de 21 % des ventes Hilton de juin à décembre 2017 par rapport à la même période l’an passé. À l’issue du cycle 2016-2017, faute de bétail disponible, 6 400 t de droit à exporter dans le cadre de ce contingent n’avaient pas pu être mises à profit.
Cette année, selon l’expert Ignacio Iriarte, l’Argentine reviendrait dans le top dix des exportateurs de bœufs avec des envois totaux de 350 000 t, certes loin du record de 750 000 t atteint en 2005. Autrement dit, le potentiel de production de bétail en région pampéenne est élevé. Davantage qu’en Europe, l’avenir de la filière se joue en Chine, qui a importé 94 000 t de bœufs argentins en 2017 pour 415 M€, soit une hausse de 45 % sur un an.