SOCIÉTÉ D’INVESTISSEMENT
La société Steva veut soutenir des projets durables
Jean-Philippe Girard a fondé Steva, une société d’investissement en septembre 2020. Elle a vocation à soutenir le « mieux produire, manger et vivre » autour des fonds Star’Terre et Eat’Vallée.
Les Marchés Hebdo : Vous avez lancé la société d’investissement Steva pour le « mieux produire, manger et vivre ». Fondateur d’Eurogerm, vous êtes bien connu dans l’agroalimentaire, ayant présidé cinq ans l’Ania et le Sial. Quelle est l’origine des fonds que Steva investit et à qui se destinent-ils ?
Jean-Philippe Girard : Après avoir lutté des années contre la guerre des prix et présidé le premier comité stratégique de l’agroalimentaire mis en place par Emmanuel Macron, je ne me résigne pas au risque d’appauvrissement des produits, de l’offre et des salaires, ni au risque pesant sur la qualité de notre vie et celle de nos enfants. J’investis une partie de mes fonds personnels dans les 10 millions d’euros de fonds de démarrage de Steva pour aider les entrepreneurs à prendre le contre-pied de la guerre des prix et tirer nos filières vers le haut. Les fonds Star’Terre, pour le « mieux vivre », et Eat’Vallée, pour le « mieux produire et manger », doivent pouvoir soutenir le capital d’une soixantaine d’entreprises à l’échelon national, à hauteur de 150 000 euros, dont un lauréat qui sera accompagné à hauteur de 1 million d’euros. Ils attribueront des prêts, à rembourser en cas de succès.
LMH : Si vous accompagnez déjà des projets, pouvez-vous les décrire ?
J.-P. G. : Nous avons rentré trois projets : l’agence d’écotourisme Vaovert ; la plateforme en ligne EMNo Line d’approche pédagogique des causes de l’obésité et du surpoids ; Aum Biosync qui développe des applications de contrôle du rythme biologique des pompiers ou des soignants et de tous les salariés postés, et ils sont nombreux dans l’agroalimentaire. Un quatrième projet vient d’arriver, c’est Dood, un système de « click and collect » partagé entre producteurs alimentaires, restaurateurs, artisans, commerçants, jardiniers, etc. Dans les tuyaux, nous avons encore des projets de serres citadines, de production alimentaire à énergie positive, de concepts nouveaux de recyclage et valorisation des déchets. Tous ces projets me tiennent à cœur et me passionnent.
LMH : Les PME et TPE de l’agroalimentaire peuvent-elles postuler à un financement ?
J.-P. G. : Bien sûr, à partir du moment où elles veulent tester ou mettre en œuvre un nouveau modèle. Nous pouvons aussi leur faire bénéficier de notre carnet d’adresses, et aussi des compétences de nos experts bénévoles en protection juridique, RSE et gouvernance, communication, commerce, comptabilité, finances, ressources humaines… Nous sommes huit professionnels au comité stratégique, de compétences complémentaires, tous décidés à donner de leur temps pour la qualité de vie. Nous pouvons apporter notre aide avant même de décider d’investir. Nous pouvons doubler l’investissement de 150 000 euros grâce à d’autres fonds et aussi faire intervenir des « business angels », aller chercher d’autres participations financières.
Un fonds patient et engagé
Steva prévoit de s’engager à hauteur de 150 000 euros dans le capital des entreprises, sans dépasser 30 % de celui-ci, après vote à l’unanimité du comité stratégique. Quand l’entreprise veut racheter ses parts, ou au bout de 7 à 10 ans, les bonus de Steva sont réinvestis, aux deux tiers dans d’autres projets, au tiers dans l’économie sociale et solidaire. Steva programme un rendez-vous trimestriel avec les développeurs et suit chaque projet individuellement ou collectivement.