Emballages
La recyclabilité des emballages alimentaires à l’épreuve des filières
Les emballages alimentaires se veulent de plus en plus « responsables ». Les projets émergent dans de nombreux secteurs. Mais que représentent-ils au total sur le marché ? Les filières de tri et de recyclage existent-elles en aval ? L’extension des consignes de tri en 2022 pourrait aider.
Les emballages alimentaires se veulent de plus en plus « responsables ». Les projets émergent dans de nombreux secteurs. Mais que représentent-ils au total sur le marché ? Les filières de tri et de recyclage existent-elles en aval ? L’extension des consignes de tri en 2022 pourrait aider.
Les industriels de l’agroalimentaire accélèrent leurs efforts pour rendre davantage « responsables » leurs emballages. Cela passe par la réduction du plastique, la substitution vers d’autres matériaux, l’incorporation de matière recyclée. Les projets, entamés de longue date, sortent de terre et les communications, en ce sens, se multiplient. Andros (Lot) a récemment annoncé le lancement des premières gourdes de compotes 100 % recyclables, déclenchant une bataille rangée avec son concurrent Materne (Aisne).
Depuis début octobre, les trois gammes de compotes en gourde de l’entreprise lotoise, (AB, sans sucres ajoutés et allégées) sont disponibles dans des poches en polypropylène. « Leur recyclabilité est garantie par Citeo après les tests réalisés en centres de tri et par des recycleurs », assure Andros, qui mise sur le développement futur de la filière de recyclage du polypropylène, à la suite de l’extension des consignes de tri en 2022.
Des investissements importants
À Léa Nature, tous les éléments des boîtes de thé et tisane aux marques Jardin Bio Étic, Biosens et Biopur sont désormais intégralement recyclables ou compostables. Le film protecteur est en cellulose bois et certifié compostable à domicile, assure le groupe de produits biologiques. « L’aboutissement d’une démarche d’écoconception commencée en 2012, indique-t-il, c’est une prouesse technologique, compte tenu des contraintes réglementaires, qualité, de conservation et de fabrication. »
Upfield France s’est lancé également dans l’emballage biodégradable. Profitant du lancement de sa margarine végétale en plaquette, la marque Planta Fin a communiqué sur son emballage réalisé en papier 100 % biodégradable. Saint-Hubert innove également avec un emballage recyclable composé à 70 % de carton issu de forêts labellisées et gérées durablement.
Citons encore le projet du premier sachet de salade en cellulose en cours de développement pour Les Crudettes, du groupe LSDH. Les industriels s’engagent et les projets sortent de terre, après parfois des années de développement et de lien avec les fabricants d’emballages.
Des modifications à la marge
Ces projets vont dans le sens d’un verdissement des emballages, même s’ils ne représentent encore qu’une faible partie des volumes. « Nous sommes dans une stratégie de petits pas. La substitution en cours et la bascule vers du bois, du carton ou de papier se font sur quelques produits du catalogue ou sur des produits premium », estime Emmanuel Guichard, délégué général d’Elipso, l’association professionnelle représentant les fabricants d’emballages plastique.
Nous sommes dans une stratégie de petits pas
La crise liée à la Covid-19 est passée par là. « La crise économique rend plus difficile la transition, le sujet principal pour les entreprises et les consommateurs reste le prix. La loi Économie circulaire a été pensée dans une période de croissance, considère-t-il, nos clients de l’agroalimentaire reçoivent tous les surcoûts, et il y a des hausses de prix que le consommateur n’est plus prêt à supporter. Les fabricants d’emballages ont du mal à voir dans quel sens ils peuvent aller. »
Des filières de tri et de recyclage inégales sur le territoire
Autre problématique et non des moindres : des filières de tri et de recyclage parfois peu matures sur certains types de matières. Elles doivent aussi avancer, comme le rappelait Loïc Hénaff, lors d’une conférence de presse de présentation du manifeste vert de l’Ania. « Les industriels produisent des emballages recyclables, mais dans les faits, ils ne sont jamais recyclés et partent à l’incinération », a déclaré le président du directoire du groupe de charcuteries Jean Hénaff. « Suivant les communes et les opérateurs, les consignes de tri disent souvent de ne pas mettre les barquettes en plastique dans les poubelles de tri, même si nous avons dépensé des sommes importantes pour rendre nos emballages recyclables », a-t-il souligné. « Cela ne sert à rien de tenir un discours vertueux sur le plastique si tout part à l’incinération », conclut-il.