Consommation
La pandémie renforce la croissance du bio en Europe
Déjà en croissance depuis plusieurs années, la hausse du marché du bio en Europe s’est accélérée en 2020 avec la pandémie de coronavirus, mais de façon disparate selon les pays et les produits.
Déjà en croissance depuis plusieurs années, la hausse du marché du bio en Europe s’est accélérée en 2020 avec la pandémie de coronavirus, mais de façon disparate selon les pays et les produits.
« Depuis 2015, le développement du marché bio s’accélère en Europe, mais 2020 a été marquée par une croissance encore plus rapide », a déclaré Helga Willer, de l’Institut de recherche de l’agriculture biologique (FIBL), le 17 février, lors du salon international Biofach/Vivaness 2021. Les consommateurs se sont davantage tournés vers les produits durables et sains dans un contexte de crise sanitaire.
Des disparités de croissance selon les pays
Le niveau de croissance des marchés bios au sein de l’UE a été disparate selon les pays. Si en 2020, l’Allemagne (+22,3 %) et le Royaume-Uni (+12,6 %) ont connu des records de croissance à deux chiffres ; la France, qui en 2019 avait connu la plus forte croissance (+13,4 %) en Europe, a enregistré une hausse plus modeste (+6,7 %).
En Allemagne, « les ventes de produits bios ont progressé deux fois plus que des produits conventionnels », a expliqué Diana Schaack, analyste de marché à Agrarmarkt Informations-GmbH (AMI). La Covid-19 a aussi donné une nouvelle impulsion au marché du bio au Royaume-Uni. « Les produits biologiques étant déjà bien visibles dans les circuits du e-commerce et de la livraison à domicile, le taux de pénétration a été plus élevé lors du confinement », analyse Lee Holdstock, directeur économie et commerce à Soil Association. C’est surtout la livraison à domicile qui a explosé outre-Manche (+36,2 %). Pour Dorian Fléchet, chargé de l’observatoire national de l’agriculture biologique à l’Agence bio, bien que la progression ait été mesurée en France, le marché double tous les cinq ans pour s’afficher à 12 milliards d’euros en 2020. Les produits bios représentent 34 % de la croissance de la consommation à domicile. Si pendant le confinement, le bio a été une valeur refuge et a bénéficié de la tendance à acheter local, depuis le déconfinement, les consommateurs ont repris leurs anciennes habitudes alimentaires. Le bio n’a pas vraiment recruté de nouveaux acheteurs en 2020.
L’œuf et les produits transformés bios plus sollicités
L’œuf demeure le produit phare du marché bio en Europe. Au Danemark et en France, les œufs biologiques représentaient en valeur près de 30 % du marché total de détail de l’œuf en 2019, selon FIBL. En Allemagne, l’œuf biologique constitue 15,4 % du total des achats des ménages de produits bios en 2020. « C’est le champion de l’année en Italie avec les ventes les plus élevées du marché alimentaire bio, en hausse de 12 % », a indiqué Raffaele Zanoli, professeur à l’Université polytechnique des Marches à Ancône (Italie). Autre tendance notamment en France, les produits transformés, tels que les fromages, produits laitiers, surgelés et boulangerie occupent des parts de marché plus importantes en bio. La part des rayons frais et réfrigérés est passée de 53 % en 2018 à 49 % en 2019.
Si la croissance du bio en Europe se poursuit en période post-pandémique, elle aurait forcément une influence sur la croissance des terres agricoles biologiques, et ce, d’autant plus que les importations sont restées stables en 2019. « Ce qui pourrait nous permettre de réaliser l’objectif, au cœur de la stratégie De la ferme à la table, d’atteindre 25 % de terres agricoles biologiques d’ici 2030 », conclut Helga Willer.