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Marée
La filière pêche navigue toujours au ralenti

La filière pêche française tourne au ralenti en cette période de confinement liée à l’épidémie de coronavirus. Mais certains signes de frémissement laissent entrevoir une reprise.

La moitié des criées de Cornouaille fonctionne. © F. J.
La moitié des criées de Cornouaille fonctionne.
© F. J.

Un premier signe encourageant pour l’amont de la filière pêche est intervenu jeudi 2 avril, avec l’annonce par le ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation Didier Guillaume du feu vert de la Commission européenne « aux demandes formulées par la France […] sur la possibilité de mettre en œuvre le dispositif de soutien à l’arrêt temporaire aux navires (et) la réactivation des aides au stockage (pour réguler le marché, ndlr) », a-t-il indiqué dans un communiqué. Des mesures qui devraient satisfaire les entreprises de pêche. Le Comité national des pêches maritimes et des élevages marins s’est félicité de cette décision.

En revanche, pour l’aval de la filière, les demandes des acteurs restent toujours sans réponse. L’Union du mareyage français (UMF), qui rassemble 480 entreprises avec 11 000 salariés pour un chiffre d’affaires de 4 milliards d’euros, continue de demander aux pouvoirs publics des éclaircissements. Les entreprises du secteur veulent savoir quels sont « les justificatifs acceptés, (quelle est) leur éligibilité au mécanisme exceptionnel d’activité partielle et l’accès aux mesures portant sur le temps de travail et le temps de repos, et celles relatives au paiement des charges nécessaires au bon déroulement de leur activité (eau, électricité, loyers, ndlr) », explique Peter Samson, secrétaire général de l’UMF.

La moitié des acheteurs présents sur 37 criées

En attendant, la filière fonctionne toujours au ralenti. Cette semaine (du 30 mars au 3 avril), selon les observations de l’UMF, il n’y avait que la moitié des acheteurs présents sous les trente-sept criées françaises, physiquement ou à distance. L’autre moitié a dû stopper ses activités. L’offre en produits de la mer reste fortement dégradée. Elle varie beaucoup selon les segments de tailles. « C’est toujours compliqué dans les ports hauturiers », explique Christophe Hamel, président de l’Association des directeurs et responsables des halles à marée de France. Les ports hauturiers accueillent majoritairement des unités de pêche de 20 mètres et plus qui capturent 10 à 15 tonnes de poissons par marée de 7 à 14 jours.

Frémissement de reprise

Les navires hauturiers ont massivement stoppé leurs activités au tout début des mesures de confinement faute de pouvoir écouler leurs captures. Certains repartent en mer pour des marées courtes, « mais c’est encore à la marge, et c’est le fait de pêcheurs artisans », ajoute Christophe Hamel. Ce type d’exploitation ne correspond pas aux armements intégrés de plusieurs unités. En revanche, pour les ports côtiers, l’activité semble meilleure, même si la production est limitée, là aussi. L’offre correspond à la demande et les prix négociés sous criée sont plutôt corrects. Dans ce contexte, toutes les criées ne restent pas ouvertes.

Certaines d’entre elles « suspendent leurs activités, d’autres réorganisent leurs ventes, le temps que la production remonte », précise-t-il. Il ajoute mobiliser ses adhérents pour qu’ils listent au quotidien les besoins de leurs clients (poissonneries, GMS) afin que les pêcheurs adaptent leurs captures en conséquence. C’est pourquoi Christophe Hamel parle de « frémissement de reprise ».

Le marché reste local

Travaillant sur les six criées de Cornouaille (sud du Finistère) et au-delà, la douzaine de mareyeurs installés sur le port de Loctudy travaille toujours au ralenti. « Environ la moitié fonctionne, mais à effectifs réduits », explique Serge Guyot, président de l’Association des mareyeurs de Loctudy. « Le marché reste local pour approvisionner les poissonneries et les grandes et moyennes surfaces. Mais c’est compliqué. Les rayons traditionnels des GMS ont beaucoup perdu en chiffre d’affaires, faute de consommateurs. Le rayon libre-service fonctionne mieux, mais là il faut des moyens de transformation et de conditionnement que l’essentiel des mareyeurs n’a pas », précise-t-il.

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