« La filière café est en plein paradoxe »
Les Marchés Hebdo : Selon votre étude, la filière café s’avère être non durable. Pourquoi ?
Christophe Alliot : La filière café est en plein paradoxe : elle crée beaucoup de valeur et les producteurs vivent une crise sans précédent. La filière café en France a réussi à doubler sa valeur ajoutée en vingt ans. Le segment des dosettes a eu une croissance phénoménale et a créé le plus de valeur en grande distribution. Ces nouveaux formats apportent de l’argent qui pourrait être redistribué aux producteurs. Bon nombre de producteurs vivent en dessous du seuil de pauvreté, et d’autant plus que les cours du café ne cessent de baisser depuis trois ans.
LMH : Vous expliquez également que le réchauffement climatique a des effets néfastes sur la production…
C. A. : Oui, le changement climatique touche déjà les producteurs et ravage des récoltes. La rouille est une maladie qui s’est installée dans le temps et détruit les récoltes. Ce phénomène est lié à la hausse des températures combinée à une humidité plus importante. C’est vrai en Colombie mais pas seulement. Tous les grands pays producteurs sont concernés. Le Brésil est le plus touché actuellement. Des scénarios ont été élaborés qui estiment qu’en 2050, la production de café aura perdu la moitié des surfaces cultivables dans le monde.