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La distribution tisse sa toile dans l’industrie

© © gui yong nian - Fotolia

Parce que l’accès à la matière première constitue un enjeu de plus en plus vif, la grande distribution cherche à nouer des liens plus étroits avec son amont. Entre contrat tripartite et acquisition d’outil, tour d’horizon des différentes stratégies.

Il y a les historiques et les plus novices. Si Intermarché a toujours défendu son modèle d’industriel-distributeur et le revendique davantage auprès des consommateurs ces dernières années, et E.Leclerc développe Kermené en Bretagne, les autres distributeurs affichaient volontiers leur rôle unique de commerçant. Les choses évoluent.

Distributeur et industriel jusqu’à la fin des années 1990, Casino semble de nouveau montrer de l’intérêt envers l’industrie. Après avoir vendu toutes ses usines, le groupe stéphanois a choisi d’y remettre un pied en mai 2015 en reprenant à la surprise générale le site de transformation de volailles de Gastronome (groupe Terrena) à Luché-Pringé (Sarthe). En février 2016, l’usine baptisée Luché Tradition Volailles redémarrait avec une capacité de 10 000 tonnes de découpes de poulets et de dindes. Le groupe Casino y a investi 4,8 millions d’euros sur deux ans.

« La raison d’être de Luché Tradition Volailles, ce sont les filières. L’usine va livrer par exemple 100 % des volailles Bleu-Blanc-Cœur de la filière Monoprix et des volailles certifiées pour Casino », expliquait à l’occasion de l’inauguration de l’outil, le 29 janvier 2016, Philippe Terrien, directeur général de Casino Agro. « Un distributeur peut être un bon industriel. De plus, notre présence dans l’industrie induit une dynamique en interne, les acheteurs apprennent à connaître l’amont », estimait-il. En début d’année 2017, Casino a également terminé un contrat de partenariat pluriannuel avec Arcadie Sud-Ouest pour la valorisation de génisses nées et élevées en Limousin, Dordogne, Charente et Lot. Le distributeur s’est ainsi engagé auprès de 230 éleveurs sur des volumes d’achat et de prix basés sur les coûts de production « réels », affirmait-il dans un communiqué en février dernier. Pour rappel, le groupe avait déjà pris en 2013 le contrôle de Sovivo, société spécialisée dans la transformation de viandes de bœuf, d’agneau et de porc en Haute-Garonne.

Sécuriser ses approvisionnements

La récente annonce de Système U, sur laquelle Serge Papin s’explique dans nos colonnes (lire l’interview page 12), montre également ses ambitions en la matière. Le distributeur a annoncé la signature à venir d’un partenariat avec l’Américain Schreiber pour la fabrication de 47 000 tonnes de yaourts à marque U. D’une durée de huit ans, le contrat implique la reprise d’un site en France appartenant au groupe Bel et l’approvisionnement auprès des éleveurs laitiers français. Un moyen pour le distributeur de « prendre pied dans la transformation laitière » de manière exclusive et de travailler sur des laits différenciés.

Pour sécuriser l’approvisionnement, des stratégies semblables se retrouvent dans la filière biologique. Même s’il n’est jamais majoritaire et s’entoure d’autres partenaires, le distributeur Biocoop a déjà notamment aidé au développement du Silo Sud-Ouest et à la création d’un nouvel atelier de fromages en Vendée à travers la Fromagerie de la Lémance. Il prévoit la création d’un fonds à hauteur de 50 millions à 100 millions d’euros pour prendre d’autres participations, annonçait-on la semaine dernière.

Les filières animales concentrent les intérêts

Si ces cas restent rares, ils semblent toutefois se multiplier ces dernières années. Et s’ils ne deviennent pas la norme, beaucoup poussent a minima vers des contrats tripartites.

À l’occasion du dernier Salon international de l’agriculture, Lidl a fait parler de lui et d’un certain nombre de ses engagements. Le distributeur a notamment rappelé son engagement auprès du GPPMF (Groupement des producteurs de porcs des Monts de Flandre), qui regroupe une centaine d’éleveurs de porcs des Hauts-de-France. Le partenariat signé en juillet 2016 porte sur trois ans avec un prix payé sur la base du marché au cadran de Plérin et valorisé d’une prime. Le prix peut être révisé tous les six mois pour tenir compte de la volatilité du cours des matières premières. Le distributeur a également renouvelé son accord avec Opale, association de cinq groupements de 150 éleveurs de porcs sous label Rouge.

Plus récemment, la filière porc d’Intermarché a fait savoir qu’elle proposait une nouvelle version de son contrat avec les éleveurs de porcs pour mieux prendre en compte leur trésorerie. Signé en pleine crise en mars 2016, ce contrat d’une durée de trois à cinq ans repose désormais sur une notion de prix pivot (1,33 euro). Pour mémoire, la filière porcine d’Agromousquetaires travaille avec trois principaux groupements de porcs que sont Cooperl, Aveltis et Prestor.

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