Marché mondial
La course pour remplir les biberons chinois
Les échanges internationaux de laits infantiles ont doublé de volume en dix ans pour atteindre 1 million de tonnes l’an dernier. L’Union européenne domine, pour le moment.
Les échanges internationaux de laits infantiles ont doublé de volume en dix ans pour atteindre 1 million de tonnes l’an dernier. L’Union européenne domine, pour le moment.
La production mondiale de laits infantiles a atteint 2,7 millions de tonnes en 2017. L’Union européenne représente le tiers de ces fabrications, a détaillé Christophe Lafougère, directeur général au Gira, lors de la journée consacrée au marché mondial du lait organisée par l’Institut de l’élevage (Idele) le 30 mai. Les Pays-Bas (33 % de la production européenne), la France (23 %) et l’Irlande (10 %) sont les leaders. Entre 2008 et 2016, la production mondiale a affiché une croissance de 6,5 % par an. Elle devrait être de 5 % par an sur la période 2016-2021, selon les estimations du Gira.
La Chine absorbe 50 % des importations mondiales
Sur les cinq dernières années, les exportations européennes ont progressé de 11 % par an. Elles se sont résolument tournées vers l’Asie, aux dépens du Maghreb et du Moyen-Orient. La Chine et Hong Kong ne représentaient que 26 % des débouchés européens en 2012, cette part est montée à 50 % en 2017. 38 % des exportations françaises ont été dirigées vers la Chine en 2017, soit 186 % de plus qu’en 2016. L’e-commerce et les échanges informels à la frontière pourraient représenter 150 000 à 200 000 t, estime Jean-Marc Chaumet, chef de projet à l’Idele. Le marché chinois excite les convoitises car, s’il représente 35 % de la consommation mondiale en volume, cette part monte à 42 % en valeur. 25 % des ventes en valeur de laits infantiles sont du lait de très haut de gamme, à plus de 50 € la boîte de 900 g, et 25 % du haut de gamme (de 40 € à 50 € la boîte).
L’Europe risque de prendre du retard sur le marché chinois
En Chine, 60 % des volumes de lait infantile consommés le sont dans des villes de troisième rang, qui peuvent compter jusqu’à 10 millions d’habitants, et cette part devrait progresser avec le développement de la classe moyenne. Or, les exportateurs ont du mal à trouver une place dans ces villes de la Chine continentale, où les interlocuteurs anglophones sont rares. Les consommateurs, redonnant très lentement leur confiance à la production nationale, après des décennies de scandales sanitaires, reprennent goût aux produits chinois, que le gouvernement cherche à développer.
Par ailleurs, les opérateurs chinois cherchent à coiffer sur le poteau les Européens en développant leurs investissements à l’étranger (Nouvelle-Zélande, France, Canada…). Ils sont dorénavant en capacité de produire 500 000 t via leurs outils implantés dans le monde, soit la moitié de la demande chinoise.
Enfin, la consommation chinoise de lait infantile est constituée, en volume, de 25 % de lait 1er âge (0-6 mois), 25 % de lait de suite (6-12 mois) et 50 % de lait de croissance (12-36 mois). C’est ce dernier segment qui affiche la plus forte progression des ventes. L’Union européenne fabrique surtout du lait 1er âge et de suite. La Nouvelle-Zélande domine les fabrications de lait de croissance, via des outils chinois.
Mais l’Europe, notamment la France ou les Pays-Bas, a encore des cartes à jouer. La demande en laits infantiles à base de lait de chèvre explose, le Gira table sur une hausse de 30 % entre 2016 et 2020, pour atteindre 2 milliards d’euros.