Exportations
La Chine, nouvel espoir de la viande bovine française
Le voyage présidentiel en Chine marqué par une forte volonté de promouvoir la viande de bœuf français suscite un réel espoir dans la filière. Les cinq entreprises déjà agréées sont prêtes à développer les volumes.
Le voyage présidentiel en Chine marqué par une forte volonté de promouvoir la viande de bœuf français suscite un réel espoir dans la filière. Les cinq entreprises déjà agréées sont prêtes à développer les volumes.
Emmanuel Macron ne pouvait pas mieux promouvoir la viande française, en faisant déguster à son homologue chinois Xi Jinping de la viande de salers et d’aubrac le 5 novembre sur la foire aux importations chinoises. « Nous n’exportions que 20 ou 30 tonnes, nous avons réussi à porter ce chiffre à 300 tonnes. Nous nous fixons désormais comme objectif 20 000 tonnes avant la fin de l’année prochaine, et nous pourrons exporter plusieurs centaines de milliers de tonnes », s’est exprimé Didier Guillaume le 12 novembre devant la commission des Affaires économiques du Sénat, y voyant là « l’avenir du bassin allaitant dans le Massif central ».
L’avenir du bassin allaitant dans le Massif central
Annoncée en janvier 2018, la levée de dix-sept ans d’embargo sur le bœuf français vers la Chine avait jusqu’à présent donné peu de résultats avec seulement cinq établissements agréés et exactement 263 tonnes expédiées, selon Interbev. « Le président de la République a fait le buzz. Il y a eu de nouveaux contrats signés », se réjouit Guy Hermouet, président de la section bovine d’Interbev, qui cite notamment de bons contacts avec Metro en Chine.
Selon lui, la France a une place à prendre sur le haut de gamme qui concerne quelque 140 millions de Chinois. « Notre objectif est d’obtenir 50 000 tonnes le plus vite possible », précise-t-il.
Nous avons des départs réguliers de conteneurs
Et les cinq entreprises françaises agréées pour exporter en Chine y croient. « Les perspectives sont encourageantes. Depuis la levée de l’embargo, nous avons entamé un travail de prospection qui porte ses fruits puisque nous produisons des viandes destinées au marché chinois tous les jours et que nous avons des départs réguliers de conteneurs », nous confie Stéphane Deschamps, directeur général d’Elivia.
Avec la peste porcine africaine (PPA) qui a décimé une part importante du cheptel de porcs, la Chine importe de plus en plus de viande, y compris bovine.
Une conjoncture favorisée par la PPA
« On a perçu un changement radical du marché par rapport au Sial de Shanghai il y a six mois où on était loin d’être optimistes. Le prix du porc va aider à vendre du bœuf », se félicite Jérôme Caron, responsable export de Sicarev, de retour de Chine. « Le contexte mondial s’y prête. L’Amérique du Sud a fortement augmenté ses prix et commence à manquer de matière. L’Australie a beaucoup réduit ses volumes à cause de la sécheresse. On parlait en plus au salon d’un scandale : de la viande de bœuf australien qui n’était pas d’Australie », poursuit-il.
Et dans ce cadre, le système de traçabilité « garantie de l’origine française des viandes bovines », mis en place avec les douanes chinoises, et comportant un code QR, à destination des consommateurs chinois, est un plus pour la France.
Le Nouvel An chinois en ligne de mire
Du côté de Bigard qui a fourni les échantillons d’entrecôtes de génisses salers dégustées par Xi Jinping, on se réjouit aussi des perspectives vers la Chine. « Le flux d’affaires a mis du temps à se mettre en place, notamment à cause de la saisonnalité des muscles puisque les morceaux exportables pour la Chine sont ceux consommés en France et en Europe », rappelle Maxence Bigard, chargé de l’exportation au sein de la direction générale du groupe.
Avant le voyage présidentiel, Bigard avait procédé à l’envoi de plusieurs conteneurs par bateaux et quelques échantillons en fret aérien et dépassé le seuil initial de 100 tonnes. « Nos exportations vers la Chine vont s’accentuer, en porc et en bœuf, dans les mois à venir avec un point de passage important qui est le Nouvel An chinois 2020 fin janvier », poursuit Maxence Bigard.
Dans cette perspective, le groupe procède à des ajustements sur ses sites agréés afin de sécuriser ses capacités de production, congélation et stockage. Et attend l’agrément de deux nouveaux sites bovins (pour Quimperlé et Cuiseaux).
Haut de gamme et segmentation
Aujourd’hui, la France n’est autorisée à exporter, pour la Chine, que des muscles désossés d’animaux de moins de 30 moins, et le leader français ne compte pas miser exclusivement sur la catégorie génisse. « Nous avons l’obligation de travailler sur plusieurs niveaux du marché pour assurer un flux de commerce cohérent et constant 52 semaines par an. Cette segmentation nous permettra de toucher différentes régions de ce “pays monde” et de nous ajuster en fonction de canaux de distribution », explique le dirigeant de Bigard.
La société Puigrenier, elle, vise surtout le haut de gamme, en exportant du charolais. « Mais la salers, l’aubrac et la limousine ont aussi leur place sur ce marché. Je crois qu’il y a une réelle demande des consommateurs chinois au niveau du haut de gamme », commente Hervé Puigrenier, directeur général de la société.