Région
La Bretagne travaille à l’amélioration de son image
Pour faire face aux difficultés récurrentes du recrutement de personnels qualifiés en agroalimentaire, l’Association bretonne des entreprises agroalimentaires organisait, le 23 avril à Rennes, un colloque sur les dynamiques de l’emploi et de la formation. Compte rendu.
En Bretagne, où la filière alimentaire compte 96 000 personnes (7 % des actifs bretons) dont les trois quarts dans l’industrie, la question du manque d’attractivité reste d’actualité. Conditions de travail difficiles, petits salaires… Les clichés ont la vie dure. Pourtant, dans cette région d’élevage où 45 % des emplois agroalimentaires se situent dans les viandes, le secteur recrute. L’an passé, une entreprise du secteur sur deux a signé 9 200 contrats à durée indéterminée et près de 3 000 contrats à durée déterminée.
Une entreprise sur deux a engagé une action de formation
Pour autant, 43 % des entreprises ont fait part à l’Association bretonne des entreprises agroalimentaires (ABEA) de leur difficulté à recruter. Notamment en raison de la concurrence accrue des autres secteurs de l’industrie dans une économie en redémarrage. Ces dernières années, du chemin a été fait pour rendre le secteur plus attractif auprès des jeunes (50 % des embauches concernent les moins de trente ans). Pour eux, « une entreprise sur deux a engagé en 2017 une action de formation. Les entreprises soignent de plus en plus leur marque-employeur et les conditions de travail s’améliorent sans cesse », explique Marie Kieffer, chargée du pôle social agroalimentaire à l’ABEA.
L’attractivité d’une entreprise se construit souvent de la main de ses dirigeants. Lors du colloque, le témoignage de la codirigeante d’une PME, Quintin Viandes (22), a fort intéressé l’assistance. Cette entreprise de vingt-trois salariés traite 2 000 tonnes de viandes multi-espèces pour un chiffre d’affaires annuel de 2 millions d’euros auprès de bouchers traditionnels et d’éleveurs pratiquant la vente directe. Mais elle se situe dans un bassin où de grosses usines de la viande « aspirent le gros de la main-d’œuvre disponible », note Pascale Thébault, copilote de l’entreprise avec son mari.
Le cas de Quintin Viandes
Ils ont commencé à faire feu de tout bois il y a quatre ans, à la suite de difficultés de recrutement sur un poste de technicien de maintenance. « Nous nous sommes tournés vers la maison de l’emploi locale pour former un adulte au poste », poursuit la dirigeante. Quintin Viandes a choisi un jeune de 23 ans qu’elle a formé pendant deux ans, sous la houlette d’un homme expérimenté au sein de l’entreprise. « Ça nous a coûté cher, mais c’était le prix à payer pour trouver la bonne personne. Évidemment, nous lui avons proposé tout de suite un CDI et sommes en train de le faire monter en compétence via un certificat de qualification professionnelle », précise-t-elle.
La petite entreprise costarmoricaine investit en moyenne 10 000 euros par an dans la formation professionnelle, elle n’hésite pas à proposer des postes de formation en apprentissage au métier de boucher – ce que seulement un quart des IAA bretonnes pratiquent, selon l’ABEA – et prend soin de sa « marque-employeur » en participant à nombre d’opérations locales, en communiquant sur les réseaux sociaux.
Résultat, Quintin Viandes est désormais visible. L’entreprise reçoit régulièrement des candidatures spontanées de personnes à la recherche d’un emploi industriel dans une ambiance familiale. « C’est une politique qui nous a permis de doubler notre effectif en quatre ans, sinon, nous n’aurions jamais pu nous développer », souligne Pascale Thébault.
Franck Jourdain
La réforme de la formation professionnelle en Bretagne
Comme d’autres secteurs économiques, les adhérents de l’Association bretonne des entreprises alimentaires attendent beaucoup de la réforme de la formation et de l’apprentissage dont le projet de loi devait être présenté en Conseil des ministres, mercredi 25 avril. Par exemple en matière « d’innovations pédagogiques, explique Marie Kieffer, ce qui permettra aux IAA d’effectuer des sessions courtes de formation que l’Opcalim ne comptabilise pas lorsqu’elles n’excèdent pas trois heures et demie par jour. » Ou encore pour « positionner les salariés au cœur du dispositif et d’arriver en coconstruction de leur parcours de formation en entreprise », dit l’ABEA.