«La Biscuiterie Jeannette va développer une gamme prémium»
Les Marchés Hebdo : Quelle est la situation de la Biscuiterie Jeannette ?
Georges Viana : Avec une année de pleine production après le redémarrage de la société située dans le Calvados (Démouville), notre chiffre d’affaires devait atteindre en fin d’année 2,5 millions d'euros contre 1,6 million en 2016. Nous sortons actuellement 1 tonne de madeleines par jour avec 29 salariés. Nos produits positionnés haut de gamme s’écoulent à 75 % en vente directe (magasin d’usine, site Internet, comités d’entreprise), le reste auprès d’un réseau de 150 détaillants de Normandie, Bretagne, Île-de-France et de quelques grandes surfaces locales. À partir d’octobre, nous entrerons dans notre nouvelle usine construite pour 6,5 millions d’euros à Colombelles, toujours dans le Calvados. À terme, la Biscuiterie Jeannette sera en capacité de fabriquer 5 tonnes de madeleines par jour avec une cinquantaine de salariés pour un chiffre d’affaires de 10 millions d’euros d’ici à cinq ans.
LMH : Comment vous êtes-vous adaptés au contexte de fort renchérissement du prix du beurre ?
G. V. : Notre décision d’investir était prise avant la flambée des prix du beurre. Lors des premières hausses de prix, nous avons répercuté environ la moitié de cette charge sur le prix de vente. La tonne de beurre n’a cessé de grimper depuis, sans que nous ne procédions à de nouvelles hausses. Le secteur se trouve aujourd’hui dans une période critique. De par notre positionnement, nous avons fait le choix de n’utiliser que du beurre AOP Isigny qui coûte actuellement 7 500 euros la tonne ou du beurre bio à 10 200 euros la tonne. Il faut savoir que nous incorporons 23 % de beurre dans la composition de nos madeleines. Nous avons bien songé à substituer le beurre par de l’huile. Un fabricant nous a même proposé de l’huile de colza aromatisée au beurre. Nous n’avons pas donné suite.
LMH : Quelle voie avez-vous choisie ?
G. V. : Nous allons devoir augmenter le prix de tous nos produits en octobre. Il y a là un risque de perdre des parts de marché. Mais la Biscuiterie va développer en parallèle une gamme prémium par le conditionnement et le packaging. Cette gamme s’appellera la J pour Jeannette. La marque déjà présente dans l’offre de la biscuiterie va être orientée vers le créneau du luxe. Notre objectif, c’est de destiner 30 % de notre production sur ce créneau qui sera à même d’encaisser une hausse des tarifs. Nous allons par ailleurs développer les ventes par Internet (25 % aujourd’hui, 30 % dans un premier temps demain), génératrices de meilleures marges que la distribution au détail. Une chose est sûre : cette stratégie sera maintenue lorsque le prix du beurre repartira à la baisse.