Chine : qui est concerné par l’enquête sur les importations de viande bovine ?
Appelé à l’aide par la filière bovine nationale, le ministère du Commerce chinois a annoncé en début de semaine lancer une enquête sur les importations de viande bovine. Le Brésil, l’Argentine et l’Australie sont dans le viseur des autorités.
Appelé à l’aide par la filière bovine nationale, le ministère du Commerce chinois a annoncé en début de semaine lancer une enquête sur les importations de viande bovine. Le Brésil, l’Argentine et l’Australie sont dans le viseur des autorités.
Les importations de viande bovine ont-elles pénalisé la filière chinoise ? C’est la question à laquelle les enquêteurs du ministère chinois du Commerce vont devoir répondre. Le pays a annoncé, le 27 décembre, lancer une enquête. Les parties prenantes ont 20 jours pour se manifester.
Les actions des géants JB, Marfrig Global Foods et Minerva ont baissé à cette annonce. L’Empire du milieu précise que l’enquête ne cible pas de pays ou de région spécifiques, ne distingue pas l'origine des produits et n'affectera pas les échanges commerciaux. Cette enquête, qui concerne la période entre le 1er janvier 2019 et le 30 juin 2024, doit durer huit mois mais que ce délai pourra être prorogé «de manière appropriée dans des circonstances particulières».
Le Brésil, premier fournisseur de viande bovine de la Chine
La Chine est, de loin, le principal importateur mondial de viande bovine et ses achats ont fortement augmenté ces dernières années. Ses importations atteignaient 13,86 milliards d'euros en 2023 selon l'USDA.
L'Amérique du Sud et l'Océanie bien placés en Chine
Le Brésil est le premier fournisseur de viande bovine de la Chine, avec des envois en 2023 estimés à 6 milliards de dollars, devant l’Argentine (2,2 milliards de dollars) et l’Uruguay (1,1 milliard de dollars). La viande importée de ces pays, en grande majorité congelée, est plus compétitive que la viande chinoise. Comptent aussi l’Australie (1,6 milliard de dollars), la Nouvelle-Zélande (1 milliard de dollars) et les États-Unis (1,5 milliard de dollars).
Des prix de la viande bovine au plus bas en Chine
Ce sont les opérateurs chinois qui ont signé une pétition demandant cette enquête. Les prix de la viande bovine ont chuté en Chine, à un plus bas en cinq ans, dans un contexte de hausse de la production, d’autant plus que la crise laitière a alimenté les réformes de vaches, alors que la consommation ne se remet pas depuis la crise du Covid.
Une nouvelle enquête sur fond de tensions commerciales mondiales
Une enquête qui semble en partie s’inscrire dans un cas de guerre commerciale, puisque le pays le plus pénalisé, le Brésil, dont 47% des envois de viande bovine partaient vers la Chine sur les 7 premiers mois de l'année 2024, avait mis en place en octobre des droits de douane supplémentaires sur ses importations en provenance de Chine et d’autres pays asiatiques sur différents produits dont les fibres optiques ; les câbles, le fer et l’acier, apprend-on par Bloomberg. Les États-Unis sont aussi concernés, avant l’arrivée de Donald Trump dans le bureau ovale, lui qui a promis des droits de douane de 60 % sur les importations de produits chinois. En revanche, les relations diplomatiques avec l’Australie étaient redevenues plus cordiales et les principaux abattoirs du pays avaient retrouvé leur agrément.
La filière bovine européenne est-elle concernée ?
Les exportations européennes de viande bovine vers la Chine sont très limitées, même si, en 2024, l’Irlande et l’Espagne ont été de nouveau autorisées à exporter du bœuf vers la Chine. La consommation de viande bovine est descendue en gamme avec la crise économique et les produits européens y sont donc pénalisés.
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Pour l’heure, aucun droit de douane supplémentaire n’a été mis en place sur les viandes brésiliennes, argentines et australiennes, mais si c’est finalement le cas, l’Europe pourrait souffrir d’un effet de report. Ces pays pourraient en effet envoyer une partie de leurs disponibilités vers l’UE. C’est surtout vrai pour l’Argentine et le Brésil alors qu’un accord de libre-échange avec Mercosur vient d’être signé. Pour l’Australie, les négociations dans le cadre d’un accord sont pour le moment au point mort.