Fêtes de fin d’année périlleuses pour l’industrie

Conséquences de l’influenza aviaire sur l’industrie du foie gras, hausse des prix du saumon, pression constante de la distribution sur les prix, multiplication des promotions… Les fêtes de fin d’année 2016 s’annoncent très tendues pour les fabricants des produits festifs.
Du 22 novembre au 4 décembre, Intermarché proposait du foie gras de canard entier du Sud-Ouest Larnaudie en bocal à 19,99 euros l’unité de 180 g en offre 1+1 gratuit et du foie gras de canard entier IGP du Périgord en bocal Delpeyrat de 160 g à 12,95 euros l’unité (après 30 % de remise). Du 23 au 29 novembre, Auchan offrait un bloc de foie gras de canard 30 % de morceaux IGP du Sud-Ouest Labeyrie de 540 g à 21,49 euros (après 20 euros de remise) et un foie gras de canard entier IGP du Sud-Ouest toujours de la même marque en bocal de 290 g à 24,49 euros (après remise de 30 %).
Des rabais jusqu’à moins 50 %
Des rabais qui atteignaient même 50 % avec la carte de fidélité chez Carrefour (du 22 au 27 novembre) sur du foie gras de canard cru origine France Depleyrat ramené à 13,95 euros les 450 g. Avant même le début des festivités, la « Friday week » – comme certains l’appellent en référence aux fameuses promotions américaines succédant Thanksgiving – donne le ton. Les festivités 2016 rimeront avec promotions y compris dans l’alimentaire. Une situation à risque pour des industriels soumis à des hausses de coûts de production, dans l’industrie du foie gras notamment où l’on vient de voir Labeyrie Fine Foods se séparer de son président Xavier Govare, patron pourtant emblématique de l’agroalimentaire du Sud-Ouest.
Double peine pour Delpeyrat et Labeyrie
Il faut dire que Labeyrie subit, comme son concurrent Delpeyrat, la double peine d’être positionné sur le foie gras et le marché très tendu du saumon fumé.
Début novembre les Entreprises du traiteur frais (Etf) tiraient la sonnette d’alarme sur les hausses des prix des matières premières non répercutées par la grande distribution. Le 25 novembre, la situation était toujours bloquée. « Les prix ne se sont pas relâchés, nous sommes à des niveaux très élevés. 7 euros du kilogramme, ce sont des niveaux historiques », commente Pierre Commère, délégué général pour l’industrie du poisson de l’Adepale.
« Quand le prix du saumon augmente de 60 % et que seulement 15 % sont répercutés sur le marché, c’est insupportable. Ce n’est pas acceptable », témoigne Antoine Gorioux, directeur général de Guyader Gastronomie. Des hausses de prix ont été passées auprès de la distribution depuis cet été, mais elles n’ont pas suffi à compenser l’augmentation des cours qui, les années précédentes, redescendaient à l’automne. « Il est temps que nos clients reviennent à des positions normales. On essaie de passer des hausses pour la saison. Si on ne peut pas acheter, on ne pourra pas livrer », poursuit Antoine Gorioux. C’est cette semaine que tout devait se décider.
« La survie de la filière est en question, car les hausses de matières premières vont se poursuivre en 2017 d’après les projections », commente pour sa part Thierry Crouzet, directeur marketing de Delpeyrat, qui s’interroge sur l’évolution de la demande face à la hausse des prix. « Un petit impact sur la consommation » aurait déjà, selon lui, été perçu après la première hausse des prix. La parade pourrait être de diminuer les grammages. Delpeyrat mise plutôt sur « la qualité différenciée ».
Kritsen, marque du groupe norvégien Marine Harvest, a pour sa part choisi cette année de mettre en avant sa gamme de saumons fumés de Norvège ASC, rapporte Solène Violant, chef de produit. La marque mettra aussi l’accent sur la truite fumée (avec deux références, une élevée en mer et une en eau douce de France).
Guyader Gastronomie se renforce aussi sur la truite en lançant un cœur de filet de truite de Bretagne et un filet de truite fumée de Bretagne prétranché (20 tranches). « Sur la truite, nous sommes sur des marchés plus stables (que le saumon, ndlr), avec une forte demande mais pas suffisamment d’offres. Il est urgent et important que la filière s’organise pour produire plus », commente Antoine Gorioux.
Bonne année pour les huîtres
Une filière devrait profiter de cette saison 2016 : l’ostréiculture qui réalise environ un tiers de son chiffre d’affaires sur cette période. « La qualité des huîtres est très bonne, quels que soient les bassins, car il a beaucoup plu », relève Philippe Ortin, président du secteur huîtres du Comité national de la conchyliculture. Les stocks sont dans la moyenne de l’année dernière, même si la production n’a pas encore retrouvé les niveaux de 2008. Les ventes restent toutefois encore timides. « D’habitude, les commandes commencent dès novembre », précise Philippe Ortin. Pour les ventes à destination de la GMS, qui représentent plus de la moitié des volumes écoulés pendant les fêtes, « les volumes commandés sont stables, mais le prix est en retrait, avec des promotions », précise-t-il.