Commerce extérieur
Exportation : ce qu’a changé le coronavirus
La pandémie de Covid-19 a amoindri les exportations de produits alimentaires. Elle a renchéri les tarifs de fret international aérien et maritime. Les marchés semblent vouloir retrouver leurs marques.
La pandémie de Covid-19 a amoindri les exportations de produits alimentaires. Elle a renchéri les tarifs de fret international aérien et maritime. Les marchés semblent vouloir retrouver leurs marques.
Alors que le plan de relance économique comprend un volet export promu par Team France Export, la situation des exportations de produits alimentaires reste marquée par la crise du coronavirus. En juillet 2020, les exportations de vins et spiritueux faisaient défaut pour le septième mois consécutif. Mais des courants d’exportation montraient des signes d’amélioration, comme les biscuits et pâtisseries, et les fromages. Tandis que la viande de porc française profitait des besoins de la Chine.
Le fret aérien s’était envolé
La pandémie de Covid-19 a aussi largement perturbé le fret international, qu’il soit aérien, maritime ou terrestre. C’est ce qu’a montré le sondage réalisé en mai par le cabinet spécialisé BP2R.
L’Association internationale du transport aérien (IATA en anglais) a relevé que le volume de marchandises transportées par avion-cargo ou dans les soutes des avions était en juillet inférieur de 13,5 % à ce qu’il était un an plus tôt. Le trafic transatlantique, en particulier était inférieur de 30,3 %. Le manque de capacité s’est traduit par l’envol des tarifs du fret aérien des denrées alimentaires. L'IATA ne prévoit pas de retour du trafic aux niveaux de 2019 avant 2024.
La compagnie Kuehne+Nagel, qui envoie par avion des produits frais du Min de Rungis en Outre-mer ainsi qu’aux États-Unis, au Moyen-Orient ou Asie du Sud-Est, a jusqu’alors continué à assurer son service aérien. Elle proposait des alternatives maritimes en conteneurs frigorifiques quand l’allongement du temps de transport – une dizaine de jours pour les Antilles ou les États-Unis – était compatible avec la nature du produit et sa DLC. « La situation reste délicate ; il y a toujours beaucoup moins de capacités qu’en temps normal. Mais les tarifs ont un peu diminué », témoigne Stéphane Recchia, chargé du fret aérien et maritime de produits périssables chez Kuehne+Nagel. « Les produits français ont toujours la cote, mais le fret aérien va peut-être davantage concerner le haut de gamme. » Les fêtes de fin d’année approchant, les huîtres, le foie gras, les volailles fines, les fromages et les champignons ne vont pas tarder à embarquer.
Gestion capacitaire en fret maritime
Le fret maritime en conteneurs réfrigérants internet a vu lui aussi ses prix augmenter. Un article de l’antenne, paru le 2 octobre sur le site de la plateforme de services et d’information sur le fret de marchandise interentreprises, donne la progression globale des taux de fret maritime du Shanghai Containerized Freight Index (SCFI) en août 2020 : 14,9 %, ceci « après une période de six mois qui a vu un quasi-doublement des prix spot », est-il précisé. Explication : une stricte gestion capacitaire de la part des grands acteurs mondiaux de la ligne régulière conteneurisée, qui permet à ceux-ci de maintenir des prix relativement élevés malgré le bas niveau du fuel maritime. Pour sa part, Kuenhne+Nagel n’a pas connu de baisse d’activité maritime en produits périssables. Selon Stéphane Recchia : « Nos prix sont maîtrisés, avec des pointes où la demande est importante. »
Les marchés se sont arrêtés net, sur le Canada notamment
Nicolas Loheac, directeur commercial de Lechef Bretagne International, spécialisé dans l’exportation de charcuteries, n’a pas signalé de problème quant aux expéditions par bateau vers les Dom-Tom. En revanche, « les marchés se sont arrêtés net au début de l’épidémie de Covid-19, sur le Canada notamment. Aujourd’hui, ce n’est pas encore forcément revenu à la normale ». « Sur la Chine, nous avons eu des problèmes quand ce pays ne voulait pas renvoyer les conteneurs », mentionne-t-il. Quant au fret aérien, « aujourd’hui, nous revenons à des tarifs plus classiques », apprécie-t-il. Constatant que l’importation de charcuteries fraîches par avion n’est pas l’actuelle priorité des pays tiers, le directeur commercial de Lechef Bretagne a confiance dans un prochain regain d’intérêt pour les bons produits français.
Rallongement des formalités douanières en Chine
La Chine se démarque dans le contexte Covid-19 par son extrême prudence. Un adhérent du Syndicat national du commerce extérieur des produits congelés et surgelés témoignait de ceci début octobre : « Nous fournissons systématiquement les attestations Covid aux autorités chinoises. En Chine, il faut noter le rallongement sensible des formalités douanières en attente des résultats des tests Covid (total 3 à 4 semaines au port). De plus, les compagnies maritimes appliquent désormais des taxes de congestion de port. Jusqu’à présent, nos clients ont pu obtenir les laissez-passer sanitaires pour tous nos conteneurs. »
Alexandre Bonneau, secrétaire général du syndicat, rapporte que l’autorité sanitaire chinoise a demandé à faire des audits en « visio » dans quelques établissements français autorisés à exporter vers la Chine, ce pour quoi un adhérent a répondu favorablement.