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Savoir-faire
Etre labellisé Entreprise du patrimoine vivant, quel intérêt ?

164 entreprises du secteur de la gastronomie sont aujourd’hui labellisées Entreprise du patrimoine vivant (EPV), marque de reconnaissance de l’Etat, dont 4 entreprises ayant rejoint la communauté en février dernier. Quels sont les critères à remplir pour l'obtenir ? Pour quelles perspectives ? L'ISM nous répond.

© Teyssier

Le fabricant de confitures de groseilles A la Lorraine, le spécialiste des Calissons d’Aix Léonard Parli, la distillerie Jos Nusbaumer et la chocolaterie Alain Ducasse ont été labellisés lors de la dernière commission nationale. Ils comptent parmi les 164 entreprises du secteur de la gastronomie labellisées Entreprise du patrimoine vivant (EPV). Au sein de ces entreprises, beaucoup de charcuteries (dont Henri Raffin, Atelier de l’Argoat, Roches blanches, Teyssier), de chocolateries, de biscuiteries (dont Loc Maria, Goulibeur, Biscuiterie Jeannette), des conserveurs (Jean Hénaff, Gendreau, Capitaine Cook…), mais aussi des palaces (Le Bristol, Le Meurice, Georges Blanc…). 

Créé en 2005 dans le cadre de la loi en faveur des PME, le label EPV est « une marque mise en place pour distinguer des entreprises françaises aux savoir-faire artisanaux et industriels d’excellence et éviter la disparition de talents économiques et culturels d’exception, trop souvent menacés », peut-on lire sur le site du ministère de l’Economie.

« Au départ le label était fermé aux entreprises de l’agroalimentaire. Beaucoup de professionnels se sont plaints et la restriction a été levée en 2011 », rappelle Sigolène Lapostolet, responsable du label à l’Institut supérieur des métiers (ISM), qui souligne recevoir depuis 2013 un flux constant de demande d’entreprises du secteur. 

Un moyen de se démarquer de ses concurrents

Mais cette distinction d’état, délivrée pour cinq ans, représente quel intérêt pour les entreprises bénéficiaires ? « Le label ne donne pas d’avantages fiscaux », prévient la responsable. Le crédit d’impôt création de 15% évoqué sur les plaquettes ne concerne que les métiers d’art. Quant aux aides liées à l’apprentissage, elles ont été supprimées avec la réforme de 2018. 

L’appui au développement économique en France et à l’international n’est pas non plus de l’ordre du financement. Il s’agit d’un accès privilégié à la Team France export (Business France, CCI France International, les Douanes…).

« Les avantages sont plutôt à chercher du côté de la communication. C’est un moyen de se démarquer de ses concurrents », souligne Sigolène Lapostolet. 

Le label EPV est plus connu à l’étranger qu’en France

« Le label EPV est plus connu à l’étranger qu’en France, car ce qui intéresse les gens à l’étranger c’est le fait que l’Etat français reconnaisse l’entreprise dans sa globalité. C’est une chose qui fascine en Asie et en Amérique. Le label est connu des prescripteurs en France mais pas du grand public car il n’est pas attribué à un produit », ajoute Alexis Govciyan, directeur de l’Institut supérieur des métiers (ISM). 

Sigolène Laspostolet souligne être parfois contactée par des distributeurs, de grands restaurants pour avoir des listes de fournisseurs labellisés EPV. « Quand le label a été créé en 2005, le sujet était minuscule, en 10 ans s’est développée une vraie demande pour les produits dont on sait d’où ils viennent », souligne-t-elle.

Prouver un savoir-faire rare

Reste à savoir comment l’obtenir. Tous les métiers sont éligibles, sauf l’agriculture et les services. « Il faut qu’il y ait une transformation par l’homme et un produit, même s’il est éphémère », résume la responsable du label. Ce qui ne signifie pas qu’il faille réaliser le produit à 100%, mais l’entreprise doit avoir contribué à au moins un tiers du chiffre d’affaires de son produit phare. Deuxième critère : l’entreprise doit être connue car ancienne ou dans un bassin de production historique. Rentre également en compte un critère de patrimoine économique. A savoir, le fait d’avoir une clientèle confirmée la plus large possible, à l’export de préférence, et si c’est en local il vaut mieux compter des références prestigieuses parmi sa clientèle. « Mais le plus compliqué est de prouver que l’on a un savoir-faire rare », prévient Sigolène Lapostolet. 

L’entreprise doit montrer qu’elle maîtrise l’approvisionnement

Pour ce faire le cursus du personnel, l’effort de formation interne, la transmission du savoir-faire, le process et les approvisionnements entrent en ligne de compte. « L’approvisionnement est la première clé, il faut que l’entreprise montre qu’elle maîtrise, avec une bonne qualité, au-delà du code des usages. L’achat de produits intermédiaires est banni », souligne Sigolène Lapostolet. 

Le label EPV est décerné par une commission composée de professionnels, après avoir mandaté une ou plusieurs visites (réalisées par des salariés de l’ISM ou un panel d’experts). Cela peut prendre cinq à six mois entre le dépôt de dossier et l’obtention du label, selon l’ISM.

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