Consommation
Essor du commerce alimentaire de précision
Les Français semblent se désintéresser des hypermarchés au profit de circuits segmentés. Les grandes enseignes ont une carte à jouer sur la promotion de leurs circuits en ligne.
Les consommateurs français pointent du doigt une offre de la grande distribution mal adaptée à leurs besoins et se tournent aujourd’hui volontiers vers des concepts plus segmentés, selon l’enquête de l’Observatoire société et consommation (Obsoco) réalisée sur le rapport des Français aux formats commerciaux dans l’alimentaire.
Les artisans, les boulangeries, les marchés, les petits producteurs ou encore les magasins bios (Naturalia, Biocoop…) proposent une offre de précision qui séduit de plus en plus. L’enquête, sponsorisée par Sodebo et Picom, met en évidence les limites du modèle de l’hypermarché, à vouloir proposer une offre la plus large possible. « À vouloir attirer le plus grand nombre de consommateurs avec la même enseigne, comment nourrir l’imaginaire collectif ? Les clients sont tellement différents qu’à force les discours des enseignes deviennent de plus en plus fades », indique Philippe Moati, coprésident de l’Obsoco. La plupart des 3 624 consommateurs interrogés affirment leur manque de confiance envers les grandes enseignes.
Les discours des enseignes deviennent fades
Ils sont 43 % à penser que la distribution se fiche du bien-être des consommateurs, privilégiant la maximisation des profits. Et 38 % des questionnés considèrent que les hypermarchés se comportent mal à l’égard des petits producteurs. « C’est comme si la distribution était prise dans un collimateur idéologique ! », commente Philippe Moati. L'échantillon pense, à 47 %, que l’hypermarché fait gagner du pouvoir d’achat, soit 8 % de plus qu’en 2013, mais la majorité reste persuadée du contraire. « C’est étonnant, car le gain du pouvoir d’achat est quand même la raison d’être des hypermarchés », rappelle Philippe Moati.
Un circuit en ligne à promouvoir davantage
Le manque de confiance des consommateurs envers la distribution se fait ressentir jusque dans le e-commerce alimentaire et dans les drives. Respectivement 22 % et 18 % des interrogés déclarent ne pas avoir confiance dans la fraîcheur, l’innocuité et la traçabilité des produits. En parallèle, près d’un quart des personnes admet ne pas connaître ce type de commerce. « Cela prouve que la grande distribution ne met pas assez en avant son circuit en ligne », précise Philippe Moati. Conséquence : Amazon est arrivé et possède déjà une part de marché très importante. « Les sites Internet des enseignes restent les plus utilisés pour les achats de grande consommation, avec 50 %, mais Amazon arrive deuxième avec 44 %. L’arrivée du géant du e-commerce a poussé la distribution à promouvoir son circuit en ligne », ajoute Philippe Moati.
Un désamour pour les petites surfaces de proximité ?
L’étude pointe régulièrement les difficultés du format des petites surfaces de proximité, bien que ce ressenti ne se reflète pas dans les chiffres. « Serait-ce le début d’un désamour des consommateurs pour ce format ? » s’interroge Philippe Moati. Les prix et les promotions y sont jugés moins intéressants. Les consommateurs sont pourtant en quête de praticité, une valeur qui leur tient à cœur, mais qui semblerait profiter davantage au e-commerce. Ce canal suscite un réel intérêt, mais présente un taux de pénétration très modeste bien que non négligeable.