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Interview
Ékibio : « nous avons connu des croissances de 15 à 20 % par an »

À l’occasion des trente ans de son entreprise, Didier Perréol, président-fondateur d’Ékibio, revient pour Les Marchés sur cette aventure. De quelques magasins en 1988, l’entreprise va désormais atteindre 100 millions d’euros de chiffre d’affaires.

Didier Perréol, président-fondateur d'Ékibio.
© DR

Les Marchés Hebdo : Vous fêtez les trente ans d’Ékibio (ex-Euro-Nat) cette année. Pourquoi avoir créé cette entreprise ? Quelles ont été les grandes étapes de son développement ?

Didier Perréol : Quand j’ai créé l’entreprise, j’étais loin d’imaginer qu’elle aurait cette taille trente ans après. En 1988, je décide de créer mon entreprise de transformation et de distribution de produits biologiques issus de céréales. Euronat voit alors le jour à Peaugres, en Ardèche. Nous étions déjà sur les céréales, mais je trouvais qu’il nous fallait une graine différente et j’ai découvert le quinoa, graine « sacrée » en Amérique du Sud. On en trouve partout maintenant, mais à l’époque, cette graine nous a permis de nous développer et de nous faire connaître. C’était un produit original. Nous sommes connus pour cela. Puis, nous avons créé la marque Priméal. Il nous fallait une marque pour développer notre activité aux niveaux national et international. Après, quand vous mettez la main dans l’engrenage, cela ne s’arrête plus. Nous avons connu des croissances de 15 à 20 % par an. Nous avons réalisé des acquisitions avec Bisson, Douce Nature. Et maintenant, Ékibio emploie 220 personnes et va réaliser cette année un chiffre d’affaires de 100 millions d’euros.

Je vais m’éloigner petit à petit, d’ici à la fin 2018

LMH : Vous oubliez une étape importante : votre rapprochement avec Léa Nature ?

D. P. : J’y viens. Quand on a créé une entreprise comme cela, il y a un moment où l’on se doit de penser à la suite. On commence à penser à sa succession. Charles Kloboukoff (président-fondateur de Léa - Compagnie Biodiversité, ndlr) m’a approché. Il y a eu une première prise de participation en décembre 2010 et Compagnie Biodiversité a pris la majorité en 2014. Et puis Thierry Chiesa est arrivé en octobre 2015 en tant que directeur général. Il est davantage dans l’opérationnel désormais que moi. Je vais m’éloigner petit à petit, d’ici à la fin de l’année 2018 ou peut-être un peu plus tard. Je vais avoir un rôle davantage de conseiler auprès de Léa - Compagnie Biodiversité, notamment pour d’éventuelles croissances externes. J’ai beaucoup de contacts dans le métier. Certaines personnes se posent la question de leur transmission. La génération des 50-60 ans, avec des marques pionnières, voit que des grands groupes s’intéressent au bio et elle se pose pas mal de questions sur la façon de transmettre son entreprise.

LMH : Justement, quel regard portez-vous sur l’arrivée de grands groupes non spécialistes sur le marché du bio ?

D. P. : Le marché des produits biologiques se développe. C’est intéressant qu’il attire les grands groupes, s’ils le font avec le même sérieux que les acteurs pionniers du secteur. Cela peut aussi changer l’agriculture française. C’est une nécessité d’aller vers l’agriculture biologique, je me bats pour cela. La croissance du marché va continuer. Il faudrait qu’il passe à 30 % demain.

LMH : Le vote du nouveau règlement bio européen ne satisfait pas l’ensemble des acteurs. Souhaitez-vous un label bio français « mieux-disant » ?

D. P. : Sous l’égide de marque privée, certains acteurs veulent faire mieux que le règlement bio. Il faut quand même rester sur un socle de références. C’est indispensable. Faire mieux que mieux, se mettre des contraintes trop lourdes, ce n’est pas vivable. Le règlement européen est le socle du label Bio.

Il faudra accentuer les partenariats pour mettre en place des filières

LMH : Comment voyez-vous Ékibio dans dix ans ?

D. P. : En trente ans, nous avons construit une belle entreprise qui va continuer à se développer, à investir, toujours dans un esprit de filières. Nous le faisons avec le riz de Camargue, grâce au Fonds Avenir bio, par exemple. Je n’ai jamais vraiment souffert de manque de matières premières, parfois il y a des tensions sur le marché bien sûr, mais globalement cela n’a pas empêché notre développement. Même maintenant. Il faudra accentuer les partenariats pour mettre en place des filières. Récemment, nous avons créé l’entreprise Bioengrain, en partenariat avec les producteurs et Moulin Pichard. Les producteurs sont majoritaires. La petite usine de transformation vient d’être inaugurée. C’est un produit de qualité, 100 % bio. C’est très positif d’avoir réussi à développer cette entreprise.

Ékibio co-investit dans les filières françaises

Créé en 1988, Ékibio (Ex-Euronat) a réalisé un chiffre d’affaires de 95 millions d’euros en 2017 et devrait atteindre les 100 millions d’euros cette année. Restée indépendante jusqu’à 2014, l’entreprise a intégré la holding Compagnie Biodiversité, créée par Charles Kloboukoff en 2009. Cette dernière détient 70 % du capital d’Ékibio. Leur objectif : consolider la construction des filières, mutualiser les outils de production pour « assurer l’équilibre nécessaire au développement de la bio ». Ékibio est engagé au sein de plusieurs filières françaises (miel, châtaigne, blé dur, céréales, flocons, légumineuses, oléagineux, protéagineux, riz de Camargue…) en co-investissant avec les opérateurs en amont.

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