ALIMENTATION ANIMALE
Duralim évalue le risque de déforestation
La plateforme Duralim, au profit d’une alimentation durable en élevage, a mis en place l’observatoire du risque de déforestation importée. Elle prépare un outil d’évaluation à l’usage des opérateurs.
L’observatoire du risque de déforestation permet déjà de quantifier la part de soja sans garantie de risque de déforestation au Brésil ; telle est l’annonce faite devant la presse le 2 juillet par deux spécialistes des matières premières végétales à destination de la nutrition animale, Jean-François Arnauld, président de Duralim, et Patricia Le Cadre, directrice des études en filières animales au Centre d’étude et de recherche sur l’économie et l’organisation des productions animales (Céréopa).
Duralim est une plateforme collaborative numérique au profit de l’alimentation durable des animaux d’élevage. Les fabricants d’aliments pour animaux, commerçants en matières premières ou entreprises agroalimentaires y accèdent en signant la charte Duralim. Les signataires s’engagent à œuvrer à leur niveau pour améliorer et promouvoir une alimentation animale minimisant son impact environnemental. Les membres de Duralim se sont engagés en 2018 à atteindre 100 % de soja durable d’ici à 2025. La mise en place de l’observatoire, en février 2021, est une étape importante.
Du Brésil, directement ou indirectement
Cet observatoire est établi par le Céréopa, bureau d’études émanant d’AgroParisTech. Le soja représente 12 % des matières premières transformées en aliments pour animaux d’élevage, selon le Syndicat national de l’industrie de la nutrition animale (Snia) et la section nutrition animale de La Coopération agricole. Le soja produit en France représente très peu en comparaison des 3,2 Mt d’équivalent graine importées en 2019-2020, essentiellement sous forme de tourteau (résidu de l’extraction de l’huile).
En provenance du Brésil, 2,03 Mt d’équivalent graine arrivent directement par bateau (de sources Céréopa d’après les douanes françaises). Le Brésil est une origine privilégiée de soja sans OGM. De ce fait, c’est aussi l’origine privilégiée des importateurs français en soja standard. Patricia Le Cadre souligne qu’environ 40 % du soja est importé via l’Europe, notamment d’Espagne et de Belgique, et il provient potentiellement à plus de 80 % du Brésil d’après la méthodologie sur mesure du Céréopa.
20 à 70 millions d’euros de surcoût
Pour la campagne 2019-2020, la part de soja sans garantie de zéro déforestation s’élevait à 62 %. On dénombre 1,97 Mt sans garantie de déforestation importées du Brésil, ce qui correspond à 1,5 % des surfaces de soja récoltées au Brésil. Afin de réduire cette part d’incertitude, chaque opérateur devra d’abord établir son empreinte « soja sans garantie de déforestation ». Il disposera à cet effet d’un module de calcul sur la plateforme Duralim, outil sur lequel ont démarré les travaux en mars 2021.
Diverses possibilités de réduire la déforestation existent. La moins onéreuse consiste à payer une prime pour du soja zéro déforestation et d’accepter une cargaison sans garantie. La plus onéreuse consiste à faire de la ségrégation parmi les provenances et de n’utiliser que du soja certifié. C’est ainsi que le surcoût, pour la filière française, ira de 20 à 70 millions d’euros selon une évaluation du Céréopa qui est capable de chiffrer ce surcoût jusqu’aux produits animaux. « Nous n’accepterons pas que des viandes soient importées sans les mêmes garanties », a prévenu le président de Duralim.
Les volailles consomment le plus de soja
En 2020, le secteur français de la nutrition animale a produit 20,8 millions de tonnes d’aliments composés. Ce volume est allé à 41 % aux élevages de volailles de chair et poules pondeuses, à 30 % aux ruminants laitiers et autres, à 24 % aux élevages porcins. Le tourteau de soja est plus difficilement remplaçable en élevages de volailles et de porcs qu’en ruminants. Ces derniers profitent de tourteaux de colza ou de tournesol et d’autres plantes légumineuses que le soja. De plus, leur alimentation repose en grande partie sur le pâturage et les fourrages de la ferme. Le Céréopa a calculé les empreintes « soja » de différentes espèces en 2019-2020 : 29,5 % pour la dinde, 18,6 % pour le poulet, 11,2 % pour la poule pondeuse, 6,2 % pour le porc, 2,4 % pour la vache laitière et 1,1 % pour le bovin à viande.