Commerce extérieur
Dans le flou, les importateurs français restent vigilants
L’épidémie de coronavirus a provoqué de nombreux problèmes pour l’arrivée sur le territoire de produits chinois et perturbe les livraisons de produits espagnols et italiens. Les importateurs restent vigilants et attentifs par rapport aux occasions à saisir.
L’épidémie de coronavirus a provoqué de nombreux problèmes pour l’arrivée sur le territoire de produits chinois et perturbe les livraisons de produits espagnols et italiens. Les importateurs restent vigilants et attentifs par rapport aux occasions à saisir.
« On risque d’avoir une chute de la consommation. On ne peut pas encore évaluer les impacts économiques de la pandémie », avertit Alexandre Bonneau, secrétaire général du Syndicat national du commerce extérieur des produits congelés et surgelés (SNCE). L’organisme aura des retours chiffrés sur les conséquences de la propagation du Covid-19 sur ses activités économiques à l’issue de son prochain conseil d’administration au mois d’avril. De son côté, l’interprofession du lapin (Clipp) redoute des effets sur la continuité de son activité. « Nous restons vigilants par rapport à toutes les mesures que prendra le gouvernement. Concernant le lapin, la France est plus exportatrice qu’importatrice donc les blocages ne seront pas problématiques pour nous », explique Émilie Gillet, directrice du Clipp. La situation pourrait même présenter une opportunité pour la filière française du lapin pour reprendre en main le marché des produits de seconde transformation et celui de la restauration hors domicile qui font tous deux appels à de la viande importée. « Les volumes susceptibles d’être bloqués à l’export pourraient être redistribués sur le marché français pour compenser un éventuel blocage », ajoute Émilie Gillet.
Des difficultés d’importation de produits chinois
Le SNCE a éprouvé des difficultés lors de l’arrivée des produits chinois au début de la propagation du coronavirus. « Plus personne ne travaillait en Chine et les adhérents voyaient les marchandises arriver sans qu’ils n’aient reçu les documents d’importation originaux », signale Alexandre Bonneau. La DGAL a donné une dérogation à la SNCE pour placer les marchandises dans des entrepôts sous douane, faire les visites sur la base des copies des documents et dédouaner une fois les originaux obtenus.
La dérogation a permis d’éviter des frais de stationnement sur les terminaux des compagnies maritimes qui s’élèvent à 200 euros par jour. « Ces frais n’auraient fait qu’empirer les surcoûts déjà lourds qu’ont dû supporter les opérateurs à cause des grèves portuaires pendant les mois de décembre et janvier derniers », indique Alexandre Bonneau. À l’heure actuelle, les ports français restent ouverts, tout comme les postes de contrôle frontaliers, a indiqué la DGAL au SNCE.
Les gens se lâcheront avec l’arrivée des beaux jours
Du côté de Latin’s Gusto, grossiste et distributeur de produits espagnols et italiens d’épicerie fine à Rungis, les livraisons sont perturbées, car réduites à une fois par semaine au lieu de deux. « Il y a des risques de rupture de certains produits, mais il n’y aura pas de pénurie », assure Stéphane Dubois, directeur général de Latin’s Gusto. Ce sont des salariés de la société qui déchargent les camions, le conducteur ne sortant pas, par précaution. Stéphane Dubois, pour qui « la crise est plus économique que sanitaire », reste optimiste pour les temps à venir : « Je pense que les gens se lâcheront avec l’arrivée des beaux jours, cela peut relancer une belle économie une fois cet épisode terminé ».
Des coûts de fret multipliés par plus de deux
Du côté de l’exportation, les entreprises agroalimentaires françaises restent également très vigilantes par rapport aux directives du gouvernement concernant l’épidémie de coronavirus. « Les demandes alimentaires sont énormes et les disponibilités des différents opérateurs sont restreintes », précise Fabienne Frébot, directrice marketing et communication du groupe Sicarev et Tradival. Conséquence : les sociétés de transport vers la Chine pratiquent des surenchères, avec des augmentations de coûts de fret « par plus de deux », ajoute-t-elle. Néanmoins, quelques signes prêtent à l’optimisme : le commerce chinois redémarre doucement, avec des premiers achats de viande la semaine dernière. « Toutes les cargaisons ont été bloquées dans les ports pendant plusieurs semaines », souligne Fabienne Frébot.