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Effets de la loi Egalim
Coup de froid sur les ventes de produits festifs

À un mois de la fin de la saison festive, les organisations des volailles festives, du foie gras, du chocolat mais aussi les fabricants de denrées apéritives font grise mine. L’encadrement des promotions a contracté les volumes. Enquête.

Coup de froid sur les produits festifs
© © weyo - stock.adobe.com

Le Sénat a adopté en séance publique mardi 14 janvier une proposition de loi modifiant la loi Egalim qui prévoit notamment de sortir de l’encadrement des promotions en volume des denrées alimentaires « dont la vente présente un caractère saisonnier marqué ». Un texte qui a peu de chance d’être voté à l’Assemblée nationale, le gouvernement, suivi par la majorité, ayant affirmé sa volonté de voir l’expérimentation menée jusqu’à son terme.

Pourtant, cette limitation de l’encadrement en volume des promotions à 25 % pose de réels problèmes aux fabricants de produits saisonniers, en particulier aux PME. « En novembre dernier, la filière foie gras s’était préparée aux impacts de la loi Egalim sur les ventes de fin d’année en anticipant une baisse de production de 10 à 15 % pour éviter de surstocker », explique Michel Fruchet, président du Cifog.

-15 % de volumes vendus sur le foie gras

Lors de son assemblée générale le 6 février, l’interprofession foie gras quantifiera définitivement les retombées de la loi. Mais dès le 14 janvier, elle avait estimé la baisse du volume des ventes à 15 % sur la période des fêtes de fin d’année, à laquelle s’ajouterait un recul pour les produits connexes de la filière comme le confit de canard. Contacté par Les Marchés, Arterris, qui vend du foie gras, sous la marque Secret d’éleveurs, nous confirme avoir été pénalisé sur le segment épicerie, mais avoir réussi à limiter les effets sur le mi-cuit frais, en jouant la carte de l’innovation et du local.

Ce 0 % en valeur est une contre-performance

Du côté des volailles festives, dont 50 % des ventes étaient réalisées sous promotion en volume avant la loi Egalim, « les volumes vendus ont été impactés, mais la situation n’est pas aussi dramatique qu’on l’avait imaginée », commente Éric Cachan, président du Syndicat national des labels avicoles de France (Synalaf). Selon le syndicat, les ventes de volailles festives auraient reculé de 4 % en volume en 2019 comparativement à 2018, avec une stabilité en valeur. « Le producteur touchera la même chose, que son produit soit vendu en promotion ou non. La contractualisation est très développée dans la filière et protège l’éleveur. Mais une diminution des volumes impactera directement sa rémunération », poursuit-il, amer. Et de souligner : « Nous devrions vendre beaucoup plus… Ce 0 % en valeur est une contre-performance. »

Moins 15 millions d’euros sur le chocolat

Même son de cloche du côté du Syndicat du chocolat qui avait demandé lors du débat sur les Egalim de faire exception à l’encadrement des promotions. « Il s’agit d’un enjeu très important pour les fabricants de chocolat qui réalisent 15 % de leur chiffre d’affaires annuel sur des périodes spécifiques : 10 % à Noël et 5 % à Pâques. Certaines PME ne vendent qu’à cette période », souligne Matthieu Pasquio, secrétaire général du Syndicat du chocolat.

Le syndicat mène actuellement une étude auprès de ses adhérents pour connaître les effets de la loi Egalim. Si les données ne sont pas encore totalement consolidées, Matthieu Pasquio livre une première estimation après avoir consulté les fabricants : « les chiffres provisoires arrêtés au 29 décembre font état d’un recul de 1,9 % en valeur et de 2,3 % en volume sur le marché des adultes à Noël (soit un recul de 11 millions d’euros) et un recul de 2,8 % en valeur et 1,4 % en volume sur le marché des enfants à Noël (soit un recul de 4,3 millions d’euros) », confie-t-il aux Marchés Hebdo.

Et ces reculs interviennent après une saison 2018 déjà affectée par le mouvement des gilets jaunes. « Nous continuons à demander une exception, cette fois-ci sur la période post-festive pour écouler les volumes », explique-t-il.

Perte de rentabilité

Les produits apéritifs sont aussi touchés. Connue régionalement, mais souhaitant développer sa visibilité au niveau national, Defroidmont, fabricant nordiste de spécialités régionales et produits festifs, affirme « avoir besoin d’apparaître sur les tracts ». Et la loi Egalim peut bloquer chez certaines enseignes.

Un modèle semi-industriel où le volume est la clé

Tugdual Rabreau, président-directeur général de Paso Traiteur, qui commercialise des bouchées apéritives et du préfou vendéen, estime qu’en 2019 « l’encadrement des promotions aurait coûté 14 % de rentabilité » à l’entreprise (appartenant à Fleury Michon). « Notre produit est moins connu que le saucisson, le jambon blanc ou les cacahuètes, et les places sont chères. On doit promotionner ou animer sinon on nous limite, explique-t-il, nous avons un modèle de fabrication semi-industriel où le volume est la clé. »

Si aucune exception à l’encadrement en volume n’est tolérée par l’administration, il avoue réfléchir à trouver les failles à la réglementation, en proposant des produits en promotion avec Gencod différents et ou changeant les grammages.

Rédaction Réussir

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