Produits de la mer
Coquilles Saint-Jacques : année exceptionnelle en Normandie
La gestion durable du gisement de coquilles Saint-Jacques de la baie de Seine porte ses fruits et les prélèvements pourraient atteindre 48 000 t cette année.
La gestion durable du gisement de coquilles Saint-Jacques de la baie de Seine porte ses fruits et les prélèvements pourraient atteindre 48 000 t cette année.
Des courants favorables et des températures propices pendant la reproduction, les conditions idéales de cet été devraient déboucher sur une belle campagne pour les pêcheurs de coquilles Saint-Jacques de la baie de Seine. L’Ifremer estime à 48 000 tonnes le potentiel, contre environ 15 000 tonnes ces dernières années. Le précédent record, en 2012, était de 23 000 tonnes. Si ce chiffre a pu plus que doubler, ce n’est pas seulement grâce au climat, mais du fait d’« une gestion des ressources au plus près », explique Dimitri Rogoff, président du groupement Normandie Fraîcheur Mer, qui rassemble les professionnels de la filière soucieux de la qualité. Les mesures sont en effet drastiques. Chacun des 220 bateaux sous licence dispose d’un quota qui dépend de sa taille. La pêche n’est autorisée que 4 jours par semaine et seulement 2 heures par jour, sous contrôle aérien. « Plus on laisse de coquilles à la fin de la campagne, plus on favorise la reproduction », justifie Dimitri Rogoff qui a à cœur de préserver « la meilleure coquille du monde ! »
La baie de Seine est riche en alluvions, ce qui permet aux coquilles de se développer dans des conditions optimales. Elles grossissent d’ailleurs plus vite que dans la zone Manche-Est, atteignant la taille minimale (11 cm) un an plus tôt. Un trésor convoité par nos voisins britanniques qui pêchent le long des eaux territoriales françaises « sans aucune contrainte de date de campagne, de quota ou de contrôles », enrage Dimitri Rogoff. La coquille Saint-Jacques ne fait en effet pas partie des espèces dont la pêche est contrôlée au niveau européen.
Pas de flambée des prix à Noël
Limiter les prélèvements quotidiens permet aussi d’éviter des débarquements trop massifs de coquilles fraîches qui feraient chuter les cours, la commercialisation de la coquille normande se faisant essentiellement en frais, en criée, de gré à gré auprès des mareyeurs ou en vente directe. « Nous espérons rester au-dessus de 3 € le kg à la production. Pour le moment, elles s’affichent à 3,50 € et pourraient monter à 4,50 € pour les fêtes », estime Dimitri Rogoff, car le temps plus contraignant à Noël limite les sorties en mer, tandis que la demande est au rendez-vous. Mais vu le potentiel de pêche cette année, « les prix ne vont pas flamber », assure-t-il.
La coquille a le vent en poupe auprès des consommateurs français, après quelques années où elle a été un peu oubliée. Les efforts de communication de la filière ont redonné une présence médiatique à ce coquillage, notamment dans les émissions culinaires grand public. Le label Rouge, qui existe depuis 2002 pour la coquille entière et 2009 pour la noix, permet d’accentuer la visibilité du produit, même si les volumes concernés sont limités. La qualité est l’étendard de la coquille Saint-Jacques normande, qui fait face aux pétoncles importés. Dans les pas du homard et du bulot, elle est en cours de pré-évaluation par le label MSC. « Un vrai défi, car nous avons des lacunes pour la gestion des débarques », selon Dimitri Rogoff. Pour y remédier, l’an prochain, les pêcheurs normands testeront une application de télédéclaration pour pré-annoncer les pêches sur smartphone.