Commerce international
Comment la Chine est devenue maître du commerce alimentaire mondial
Premier importateur mondial de produits alimentaires à cause de ses ressources intérieures limitées, la Chine en est devenu le 5e exportateur grâce à une industrie moderne.
Premier importateur mondial de produits alimentaires à cause de ses ressources intérieures limitées, la Chine en est devenu le 5e exportateur grâce à une industrie moderne.
Si la Chine fait dix-sept fois la taille de la France, son territoire est néanmoins peu favorable à la production alimentaire. « 13 % des terres seulement sont arables, ce qui représente 7 % des terres arables mondiales, pour nourrir près de 20 % de la population », relate Marie-Hélène Schwoob dans une passionnante analyse publiée par le centre d’étude et de prospective du ministère de l’Alimentation.
Une politique alimentaire en évolution
Trois famines ont eu lieu au XXe siècle, la dernière (1958-1961) se traduisant par « 20 à 40 millions de morts », rappelle Marie-Hélène Schwoob. Les politiques chinois placent donc la production agricole domestique comme prioritaire depuis de nombreuses années. Mais au vu de ses besoins toujours croissants, ils ont cherché à consolider l’approvisionnement extérieur. La Chine cherche moins à produire à tout prix, mais met aussi en exergue l’importance de la préservation de l’environnement. Elle développe donc ses importations, en essayant par ailleurs de diversifier ses fournisseurs et d’établir des relations commerciales stables. Depuis le 13e plan quinquennal (2016-2021), la Chine a aussi officialisé sa stratégie de « zouchuqu » (« aller vers l’extérieur »), c’est-à-dire « au-delà d’investissements dans des terres agricoles, d’encourager l’achat d’entreprises étrangères performantes pour faire progresser le savoir-faire chinois », explique Marie-Hélène Schwoob.
Des pays et des filières dépendants de la Chine
La Chine pèse pour 19 % des exportations de produits agroalimentaires de l’Uruguay, 15 % pour la Nouvelle-Zélande et 14 % pour le Brésil. Dans d’autres cas, ce sont des filières entières qui dépendent du géant asiatique : la moitié du soja brésilien et américain est exportée vers la Chine, un quart du lait néo-zélandais, plus du tiers du bœuf uruguayen et brésilien, la moitié du riz vietnamien. En 2019, 16 % de l’orge exportée par la France l’a été vers la Chine, 17 % du lait et 21 % du porc. Même si un pays dispose de clients variés, il est dépendant du marché chinois par ricochet puisque « la dimension colossale de la consommation chinoise et l’importance des flux d’échange font qu’une fluctuation même légère de la demande peut se traduire par des variations importantes de prix sur les marchés mondiaux », alerte Marie-Hélène Schwoob.
Le cinquième exportateur mondial
En parallèle, la Chine s’est hissée à la cinquième place des exportateurs mondiaux de produits agroalimentaires, passant de 2 à 5 % des exportations entre 1980 et 2017 et surtout en multipliant par 13 leur valeur. La Chine dispose d’atouts comparatifs : main-d’œuvre abondante et relativement bon marché, appareil industriel développé, montée en gamme de la filière agro-industrielle. Elle s’est ainsi posée en leader sur le marché des fruits et légumes frais (56 % des exportations mondiales de légumes, 20 % en pommes, en 2017) et des produits transformés associés (52 % pour les champignons en conserve, 54 % pour le jus de pomme). Elle est aussi leader sur certaines épices (70 % de l’ail, 50 % du gingembre).
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