Biocoop s’apprête à créer un fonds d’investissement pour la filière bio
Avec sa filiale Défi bio, Biocoop a déjà soutenu une dizaine d’entreprises. Le réseau de magasins de produits bios espère pouvoir aller plus loin, en créant d’ici à la fin de l’année 2017 un fonds d’investissement doté d’un budget entre 50 millions et 100 millions d’euros. Explications.
Créée en 2008, la filiale de capital développement de Biocoop, Défi bio, a permis de soutenir une dizaine d’entreprises ou de projets d’installations de magasins. À ce jour, ce sont près de 2,6 millions d’euros qui ont été investis en capital dans ces entreprises. « Depuis deux ans et demi, nous avons accéléré le mouvement. Nous ne sommes jamais seuls et majoritaires. Nous sommes aujourd’hui à 2,6 millions d’euros, mais notre objectif pour la fin de l’année est bien d’atteindre 4 millions d’euros d’investissement. Nous avons plein de projets en cours », explique Gilles Piquet-Pellorce, directeur général de Biocoop. Parmi ces investissements, citons notamment le soutien financier de 450 000 euros pour l’installation d’une nouvelle ligne au sein de l’entreprise Pain de Belledonne ou un investissement de 80 000 euros dans la création d’une ferme de spiruline. Biocoop est également présent chez Biogam, s’est engagé dans le Silo bio Sud-Ouest ou au sein de la société Alisa spécialisée dans le sans gluten.
Plus récemment, le réseau a accompagné la création d’une filière de lait de chèvre biologique française en investissant 150 000 euros dans l’unité de transformation La Lémance, par l’intermédiaire de Défi bio. Les yaourts sont fabriqués avec du lait de chèvre 100 % français, collectés par l’APLC (Association de producteurs de lait de chèvre) et transformé à la laiterie de La Lémance, en Vendée. « Cette démarche a déjà permis d’assurer pour 2017 plus de 800 000 litres de lait bio supplémentaires, notamment en sécurisant, par un contrat pluriannuel et un prix rémunérateur, les producteurs conventionnels désireux de passer en bio », précise Biocoop. Un projet est également en cours de finalisation avec la ferme maraîchère de la Vergne. « Il s’agit d’un accompagnement d’un de nos sociétaires pour retrouver l'agriculture bio historique sur cette ferme », indique le directeur général.
Le réseau voudrait désormais aller encore plus loin. Le directeur général nous a confié qu’un projet de fonds d’investissement est en cours de finalisation. « Nous voulons créer un fonds avec d’autres acteurs du bio, qui serait géré par un gestionnaire de fonds. Le budget serait entre 50 et 100 millions d’euros », nous indique Gilles Piquet-Pellorce, en ajoutant qu’il pourrait être achevé en fin d'année 2017. L’idée est de pouvoir éviter, dans la mesure du possible, que des entreprises historiques ou non du bio passent dans les mains de groupes non spécialisés.
Participer aux futures transmissions d’entreprises
L’expérience de Celnat a marqué les esprits chez Biocoop. « Si nous avions eu ce fonds, nous aurions pu peut-être acquérir l’entreprise. Nous sentons un changement. Nous sommes à la fin d’un premier cycle. Nous voulons créer un réceptacle pour participer à cette transmission qui s’opère », note le directeur général. Fleuron du bio en France, l’entreprise Celnat a été reprise par le groupe espagnol Ebro Foods en février 2016, au détriment d’autres acteurs du bio en France, comme le groupe Léa Nature. Un choc pour le distributeur qui a même décidé de déréférencer les produits de l’entreprise. « Il s’agit d’une cohérence globale vis-à-vis de nos consommateurs, ce qui impose parfois de déréférencer des produits. Nous préférons nous couper d’une partie de nos ventes plutôt que de renier nos valeurs », indique Claude Gruffat, président de Biocoop, à l’occasion de la présentation du bilan 2016 du réseau le 23 mars dernier.
Un CA prévisionnel de 1,2 milliard d’euros en 2017
Le réseau pense avoir les capacités financières et les reins assez solides pour se lancer dans ce projet. En 2016, il a vu ses ventes progresser de 25 % à 950 millions d’euros. Biocoop prévoit d’ailleurs de dépasser le milliard d’euros cette année à 1,2 milliard, même si le début d’année a été un peu plus fébrile qu’escompté.
Parmi ses projets 2017, le réseau prévoit de construire trois nouvelles plateformes logistiques afin de remplacer les huit existantes. Ce sont ainsi 80 millions d’euros qui vont être investis dans ce projet dans les trois ans. La plateforme de Port-Sainte-Marie va ainsi être déplacée à Damazan (Lot-et-Garonne), celles de Sorgues (Vaucluse) à Châteaurenard (Bouches-du-Rhône), et celle de Brétigny-sur-Orge à Ollainville (Essonne). Biocoop devrait ainsi gagner 30 000 m2 de surfaces de stockage supplémentaires.
Par ailleurs, il va revoir son système d’information pour un investissement de 12 millions d’euros. Quant aux points de vente, le réseau en compte à ce jour 431, dont 52 magasins ont été ouverts cette année.
Selon le directeur général, il y aurait eu que cinq fermetures. Il est prévu soixante ouvertures sur l’année 2017. Aujourd’hui, 21,4 % des achats réalisés dans ces magasins le sont sur des produits dits équitables soit nord-sud, soit nord-nord. « Pour le nord-sud, je pense qu’on est arrivés au maximum, hormis peut-être les agrumes, mais sur le nord-nord, il y a encore des choses à faire. Je rêve d’arriver à 50 % de commerce équitable », conclut Claude Gruffat. Sa gamme Ensemble représente désormais 600 produits.
Arrêt de la vente d’eau en bouteille plastique
À partir du 1er janvier 2017, Biocoop a décidé de ne plus commercialiser d’eau en bouteille plastique. La décision a été prise en conseil d’administration et va priver les magasins du réseau de 1 à 1,5 % de leur chiffre d’affaires. « L’eau en bouteille plastique est le produit le plus vendu en magasin, que ce soit chez nous ou ailleurs. Nous n’aurions jamais pu faire voter ça à des commerçants qui ne sont pas dans cet état d’esprit, soucieux de l’environnement », explique Claude Gruffat, président de Biocoop. En parallèle, du 24 au 31 mars, le réseau de magasins a mis à disposition sur son site Internet une application permettant aux consommateurs de calculer leur consommation annuelle d’eau en bouteille plastique et ses conséquences sur l’environnement.