Avril exporte son expertise de l’élevage
Jusqu’au printemps 2017, Asa était la division biosécurité et spécialités nutritionnelles (BSN) du pôle animal d’Avril. En se baptisant ainsi, cet ensemble de vingt-deux sociétés déploie des ambitions très offensives, sur son marché des productions animales et en interne. Quelques acquisitions récentes illustrent l’ambition de développement international. Theseo est devenu le numéro 1 européen de la biosécurité des élevages hors sol (principalement porcs, poules, volailles standard) en acquérant Ewabo en Allemagne et Biolink au Royaume-Uni.
Mixscience, au service des fabricants d’aliments, a acheté Salus au Brésil, une acquisition clé, et a créé Mix Asia au Vietnam. D’autres acquisitions doivent faire doubler l’activité d’ici à 2020 en additifs pour la nutrition animale et les produits d’hygiène, qui s’exerce déjà pour moitié à l’étranger. Une expansion facilitée par l’entrée au capital d’Asa de Tikehau IM. Les équipes commerciales à l’export sont renforcées.
Gestion sanitaire durable contre les antibiotiques
Les additifs en nutrition animale et la biosécurité sont deux facteurs fondamentaux pour faire évoluer l’élevage en matière de performances et de durabilité ; c’est ce qu’a expliqué à la presse Jean-Pierre Paillot, directeur général d’Asa, à Paris le 22 juin, lors de la présentation du nouveau domaine d’Avril, en présence de Michel Boucly, responsable de la stratégie d’Avril.
Jean-Pierre Paillot s’est félicité de la contribution du groupe à réduire les antibiotiques dans l’élevage en France. Il a annoncé qu’Asa allait « porter cette expertise à l’étranger ». Il a insisté sur la nécessité d’une démarche multifactorielle en élevage, une « synergie entre les bonnes pratiques d’élevage, la santé, la nutrition, l’utilisation raisonnable des antibiotiques ». C’est ce que déploie Asa sous le terme de gestion sanitaire durable (GSD), et ce qu’Asa va diffuser dans le monde sous l’acronyme anglais Sahm.
Jean-Pierre Paillot a mentionné la filière jambon « J’aime » de Fleury Michon, qui n’en est qu’au début d’un plan de progrès anti-antibiotiques. Si les porcs de cette filière peuvent recevoir des antibiotiques jusqu’à l’âge de 42 jours, il pense que ces besoins se feront de moins en moins sentir à mesure que les sciences de l’élevage se perfectionneront. Des procédés renforcent l’efficacité des additifs, comme les vecteurs qui ralentissent la diffusion de ceux-ci dans le tube digestif. C’est l’objet d’une innovation de Mixscience, qui a été lancée sous le concept Vstar Technology et qui va donner lieu à une nouvelle gamme d’additifs.
La promesse des « flores-barrières »
Asa voit aussi dans les « flores-barrières » d’importantes perspectives de progrès dans l’hygiène des élevages. Ces flores ont pour mission d’investir un milieu d’élevage en vue d’éliminer les micro-organismes nocifs. Le concept est en incubation dans une start-up, Nolivade, au sein des services de R&D d’Asa. Sa première application vise la lutte contre les boiteries des vaches laitières.
La recherche d’Asa s’affichera l’an prochain, avec 630 chercheurs, contre 488 en 2015, et dans un bâtiment en construction à Rennes comprenant un grand laboratoire.
La première division d’Avril à prendre son nom
Le groupe industriel et financier Avril, au service des filières agricoles et alimentaires françaises, a décliné dans Asa (Avril spécialités animales) ses grands axes stratégiques : sécurité (des salariés notamment), leadership, internationalisation, focus client. Michel Boucly, chargé de l’innovation et de la stratégie d’Avril, souligne en présentant cette division qu’elle est la première à porter le nom d’Avril. Il justifie l’offre aux filières animales étrangères de l’expertise française par la nécessité de vendre à grande échelle pour financer la recherche. « Tous nos profits, nous les investissons pour créer de la valeur au profit des filières végétales et animales », a-t-il souligné devant la presse le 22 juin à Paris.