Avigros fête ses 120 ans à Rungis
Le numéro un de la volaille en gros sur le Min de Rungis a reçu ses fournisseurs et clients avec plus d’apparat que de coutume à mi-novembre. Pour célébrer et défendre un modèle économique fondé sur le goût, le savoir-faire et l’exclusivité. Reportage.
Le numéro un de la volaille en gros sur le Min de Rungis a reçu ses fournisseurs et clients avec plus d’apparat que de coutume à mi-novembre. Pour célébrer et défendre un modèle économique fondé sur le goût, le savoir-faire et l’exclusivité. Reportage.
On pouvait régaler ses yeux et son palais tout en conversant plaisamment, dès l’aube mercredi 15 novembre sur l’espace BGL Avigros du pavillon de la volaille à Rungis. Le grossiste qui occupe le tiers du bâtiment neuf VG1 entamait trois jours de réception à l’occasion de ses 120 ans et, comme chaque année, autour du beaujolais nouveau. Amis et employés du carreau se pressaient autour des toasts au foie gras, tranches chaudes de magret de canard, tranchettes de magret fumé ou de jambon ibérique de Bellota, et aussi de lomito. Cette salaison espagnole, fabriquée spécialement pour Avigros et présentée au dernier Sirha à Lyon, était servie par Alexandre Roland Garros, de la famille qui a monté un consortium de produits espagnols à Melun.
Gino Catena, le charismatique patron d’Avigros, et Stéphane Poyac, directeur général de la branche viandes d’Agrial, actionnaire majoritaire d’Avigros, veillaient à la qualité de l’accueil en vue de la matinée phare du lendemain. Le 16 novembre, jour j du beaujolais nouveau, coïnciderait avec la fête du pavillon de la volaille. Gino Catena énumérait avec plaisir les fournisseurs attendus ; des producteurs de foie gras du Sud-Ouest : Pierre Sénac de La Ferme de Phalange et Philippe Martegoute ; des éleveurs de volailles fermières et festives : Olivier Dandieu (Perles de Chalosse) et la maison Dumas Périgord noir ; Joseph Sachetat, éleveur et abatteur artisanal de volailles de Bresse ; différents fournisseurs de viandes et salaisons d’Espagne, dont César Nieto, connu pour son jambon ibérique de Bellota.
Un centre de profit autonome et rentable
« Mon modèle repose sur l’exclusivité, le savoir-faire et le goût », explique le défenseur des corps de métiers traditionnels. Ceux-ci constituent l’essentiel de sa clientèle : bouchers volaillers, dont les clients musulmans des filiales Yzet et Taron, traiteurs ou restaurateurs cultivant la bistronomie. Quant à l’hôtellerie de luxe, Gino Catena salue la nouvelle orientation du Bristol vers des viandes de choix qu’il lui fournit. Selon le commerçant avisé, les artisans ont intérêt à se différencier des grandes surfaces alternatives en pleine expansion. Ces derniers font partie de la communauté d’intérêts de cet homme de contact, qui connaît bien les responsables de La Boucherie du bœuf tricolore, qui échange des produits avec l’abatteur et charcutier catalan Guasch et fils (dont le patron Joseph comptait parmi les invités) et se félicite d’être « le plus gros fournisseur de dindes, de chapons, de gibiers et de foies gras des Grand Frais d’Île-de-France ».
Marché compliqué d’ici à dix ans
La société BGL Avigros, entrée au début du siècle chez Agrial avec la société volaillère Secoué, est depuis lors une « vitrine importante » pour la coopérative et « un centre de profit autonome et rentable », commente Stéphane Poyac (Agrial). À l’heure des 120 ans de BGL (du nom de ses fondateurs Brunet, Gautron, Legall), son patron Gino Catena (encore actionnaire à 20 %) anticipe un marché « compliqué » d’ici à dix ans avec la venue de Vente privée, d’Amazon frais et de Costco. Lui qui était entré voilà trente-six ans chez BGL, aux Halles de Paris, aura été témoin de bien des changements.
BGL Avigros en chiffres
La société de volailles et gibiers en gros affiche 104 millions d’euros de chiffre d’affaires, 130 salariés dont 30 cadres. Elle réalise 7 % en commerce itinérant avec livraison, 91 % sur le carreau et 2 % à l’export en Europe. Son chiffre d’affaires sur le carreau comprend, selon son directeur général, 40 % de ventes aux bouchers-volaillers, rôtisseries, supérettes halal, 25 % de commerces avec d’autres grossistes, 15 à 18 % d’approvisionnements de la restauration. Les performances de vente depuis le début d’année s’affichent sur les écrans suspendus devant l’espace de vente : le 15 novembre, 3 439 469 colis et environ 30 600 tonnes de volailles. Avigros a vendu 34 500 tonnes de volailles en 2016 et vise l’objectif de 36 000 tonnes pour 2017.