Viande : « la France importe car elle ne produit pas suffisamment ce que le consommateur veut »
Les importations françaises progressent pour les différentes viandes. Pour Alessandra Kirsch, à défaut de remettre en cause nos coûts de production, il faut plutôt s’attarder sur l’outillage industriel français et le manque d'adéquation entre la production et ce que veut le consommateur pour comprendre pourquoi les importations ne tarissent pas.
Les importations françaises progressent pour les différentes viandes. Pour Alessandra Kirsch, à défaut de remettre en cause nos coûts de production, il faut plutôt s’attarder sur l’outillage industriel français et le manque d'adéquation entre la production et ce que veut le consommateur pour comprendre pourquoi les importations ne tarissent pas.
« Les importations françaises de viandes persillées augmentent d’année en année et ça c’est vraiment très inquiétant parce que c’est là qu’on est sensé faire le plus de valeur ajoutée et c’est là qu’on se fait de plus en plus concurrencer », constate Alessandra Kirsch, lors du congrès de Culture viande qui s’est tenu ce 15 octobre à Paris. La part de haché d’origine laitière qui augmente est aussi pointée du doigt. « En France nous sommes très forts pour exporter du brut à faible valeur ajoutée et importer du transformé dans tous les secteurs de l’agroalimentaire », regrette la directrice générale d’Agriculture Stratégies.
Un manque de compétitivité à l’échelle communautaire
Cette spécificité française en termes d’échanges internationaux s’explique selon Alessandra Kirsch du fait « d’un manque de compétitivité de notre appareil industriel. On le voit dans le secteur de l’abattage avec une quantité d'abattoirs qui ont fermé. On le voit dans toute l’industrie agroalimentaire française avec une capacité à générer de la valeur ajoutée qui est inférieure à celle de nos voisins européens ». Pour la directrice générale, « ce n’est pas non plus la faute des accords de libre-échange. Ce que l’on importe majoritairement vient de nos voisins européens qui ont des appareils de transformation beaucoup plus pertinents que les nôtres ».
« Ce n’est pas non plus la faute au coût du travail. Le Danemark n’a pas le coût du travail le plus bas d’Europe. Il faut aussi regarder la réalité en face et voir ou est-ce qu’on a des perspectives d’amélioration », soulève Alessandra Kirsch.
En viande bovine, une production éloignée des besoins du consommateur
« En filière bovine allaitante on a toujours raisonné en flux poussé plutôt qu’en flux tiré. C’est-à-dire je suis éleveur, je fais mon métier par passion, parce que j’aime les bêtes, et donc je vais travailler mes bêtes par rapport à l’image qui me plait et non par rapport à l’attente du consommateur, aux attentes du marché », déplore Alessandra Kirsch qui ajoute « On a un tiers des exploitations de bovins viandes qui a moins de 20 vaches, c’est quand même compliqué d’être compétitive quand on est en plus à temps partiel ».
« Il va falloir se prendre en main et produire ce que le consommateur français attend »
Parmi les solutions que la directrice générale propose, la nécessité d’orienter la filière en réponse à des attentes des consommateurs. « Il va falloir se prendre en main et produire ce que le consommateur français attend », table la directrice générale. « La France importe car elle ne produit pas suffisamment ce que le consommateur veut », insiste-t-elle.