Emploi
Agil’Agro stimule le recrutement en Cornouaille
En Bretagne, la commission paritaire régionale de l'emploi et de la formation vient de mettre sur pied une opération pilote sur un territoire test, la Cornouaille. L’objectif : stimuler l’employabilité et la mobilité dans l’agroalimentaire.
Le dispositif s’appelle Agil’Agro et a fait l’objet de la signature d’une charte, le 17 octobre à Quimper en présence du préfet du Finistère, entre la commission paritaire régionale de l’emploi et de la formation professionnelle (CPREFP), l’Association bretonne des entreprises agroalimentaires (ABEA) qui l’anime et neuf entreprises. Il s’agit de Hénaff, les charcutiers SCO Ranou et La Lampaulaise de salaisons, Meralliance, l’abattoir SBA, les volaillers France Poultry, SBV, Yer Breizh, ainsi que le chocolatier-biscuitier Criollo.
Neuf sociétés qui veulent trouver des solutions à leurs difficultés de recrutement sur leur territoire. Car les industriels agroalimentaires cornouaillais, des PME dans 95 % des cas, estiment que 76 % de leurs recrutements sont difficiles.
« Les difficultés de recrutement sont plus importantes depuis 2016 dans l’agroalimentaire en Bretagne », concède Marie Kieffer, directrice adjointe de l’ABEA, qui anime la CPREFP. Les raisons ? Le taux de chômage plus bas en Bretagne (7 % de la population active au 2d trimestre 2019, selon l’Insee) qu’en France (8,5 % sur la même période) accroît la concurrence entre les secteurs d’activité.
L’image dégradée des emplois dans l’agroalimentaire, du fait de conditions de travail spécifiques et du niveau des salaires, réduit l’attractivité des IAA. Quand les besoins ne sont pas pourvus rapidement, l’activité de l’entreprise s’en trouve ralentie et les projets d’investissement parfois retardés.
Favoriser la mobilité des salariés entre entreprises
Calé sur la période 2019-2022, le dispositif expérimental Agil’Agro – son déploiement sera assuré par le cabinet HR Consultancy Partners – fonctionnera sur plusieurs niveaux. D’abord en développant de manière classique des outils sur l’attractivité des métiers (petits-déjeuners de l’attractivité, vidéos et visites d’entreprises, etc.), ensuite en proposant des parcours de professionnalisation aux plus motivés.
Enfin, et c’est le fait le plus nouveau, en favorisant « la mobilité des salariés entre les entreprises, au travers de missions de quelques mois pour qu’ils renforcent leurs compétences », explique Michel Le Bot, président de la CPREFP. Un dispositif qui fonctionnera comme un prêt de main-d’œuvre. « La mobilité est un outil de l’employabilité », souligne Charles Bardon, directeur région Ouest de HR Consultancy Partners.
Renforcer la polyvalence
C’est aussi une manière d’accompagner l’évolution des métiers et des organisations par de la formation sur le tas, dans un secteur où 70 % des emplois sont de niveau 5. Mais la mobilité ne se décrète pas. Lorsque des compétences manquantes auront été identifiées dans une entreprise signataire, l’information sera relayée auprès des huit autres entreprises engagées dans Agil’Agro pour qu’elles prêtent un ou des personnels, le temps de quelques mois. L’opérateur pourra alors découvrir une autre culture, une autre organisation pour renforcer sa polyvalence et sa capacité d’adaptation au changement.
Selon l’ABEA, d’autres entreprises sont intéressées par le dispositif, et le nombre des signataires pourrait rapidement doubler. Les bassins d’emplois agroalimentaires du Finistère Nord et de Bretagne Centre regardent de près l’expérimentation en Cornouaille et pourraient, à terme, demander sa mise en place.
L’agroalimentaire essentiel au territoire
Selon Ialys, réseau de la performance alimentaire en Cornouaille, il y a sur ce territoire près de 365 entreprises qui emploient 9 000 personnes parmi lesquelles Bigard, Bonduelle, Sodiaal, Le Gall, Chancerelle, Petit Navire, Père dodu. Ces entreprises évoluent majoritairement dans la viande (40 %), la transformation des produits de la mer (26 %), la biscuiterie (10 %), etc. Elles bénéficient d’un écosystème favorable soutenu par une kyrielle d’équipementiers et sociétés de services (610 établissements pour 6 400 salariés) et de centres de formation.