Les emballages de l’ultra-frais laitier se font de plus en plus durables

L’économie de matériaux de conditionnement, le choix des consommateurs de jeter moins d’emballages et l’impératif d’éliminer peu à peu les matières plastiques d’origine fossile, les politiques environnementalistes des entreprises poussent les industriels et petits producteurs de yaourts, fromages blancs, desserts au lait ou végétaux ultra-frais à jouer sur les formes et volumes des contenants, ainsi que sur les matériaux.

Les grands pots Vrai (400 ou 500 g) d’Olga invitent le consommateur à faire un « petit geste » : séparer le pot en polypropylène (PP) et son enveloppe en carton afin de faciliter le recyclage de ces deux parties. Ce faisant, le consommateur peut lire des informations imprimées sur la face interne de l’enveloppe. Un couvercle amovible en plastique transparent lui permet de consommer à son rythme (Olga a tenté de le supprimer). Le grand pot Yo gourmand (380 g), la marque occitane de Yéo Frais (Maîtres laitiers du Cotentin) sont en carton (à 80 %), le couvercle aussi, et imprimés d’une encre compatible avec le recyclage. Le grand pot a aussi été adopté par Danone et Les 2 Vaches (contenant et couvercle en carton).

Différentes marques et produits Yoplait (Sodiaal) adoptent aussi les grands pots de 450 à 850 g. Ce sont les mêmes pots en PP avec couvercle du fromage blanc Câlin pour les produits Perle de lait et Skyr. Les grandes poches tenant debout font aussi leur apparition. Il y en a dans la liste des formats des Maîtres laitiers du Cotentin (celle de Yo gourmand, par exemple) ; sous forme de gourdes géantes ou de fontaines à robinet, ces poches sont signées Le Petit Vendéen, Les Fayes (productions du groupe coopératif Terra Lacta), La Lémance, etc. ou plus confidentiellement Simple comme bonjour (Bio & Lo).

Ces grands contenants encouragent à consommer davantage, à cuisiner avec le produit. Ils procurent aussi une économie de matière. Ainsi, la fontaine à yaourt de Yo gourmand pèse environ 2,5 % du produit, contre environ 5 % pour un pot conique classique, selon la marque occitane ; Yoplait estime une économie de 16 % en PP pour Perle de lait en passant du petit pot classique à celui de 850 g.

Des matériaux innovants sont proposés aux industriels des produits ultra-frais. C’est par exemple PHA d’origine marine, conçu dans le cadre d’un GIE comprenant Olga, produit et commercialisé sous le nom Nautilium par Europlastiques. Des problèmes techniques sont à l’étude, par exemple, pour réduire la couche de plastique dans les pots en carton ou faciliter le scellage d’un opercule.

L’aptitude au recyclage et l’incorporation de matériau recyclé progressent. Pour recycler en boucle le polystyrène des pots de yaourt sécables. L’éco-organisme Citeo a sélectionné deux industriels à cette fin, l’un en Belgique, Indaver, qui va construire une usine de recyclage chimique pour 2024 ; l’autre, en Espagne, Eslava. D’autres fournisseurs de polystyrène recyclé apte au contact alimentaire permettent aujourd’hui aux industriels de fabriquer des pots contenant une part de polystyrène (PS) recyclé. Il s’agit aussi de rendre l’ensemble de l’emballage recyclable (opercule et étiquette compris) ; c’est l’objet du projet 100 % PS recyclable Cup, auquel participe Olga.

LES 300 LAITIERS BIO GARANTISSENT 50 % DE PS RECYCLÉ

La marque bio d’Eurial Ultra-Frais utilise pour ses pots du polystyrène recyclé certifié ISCC +.

Les pots sécables de polystyrène des 300 Laitiers bio sont formés juste avant leur remplissage à partir de feuilles de polystyrène composées à 50 % de polystyrène recyclé apte au contact alimentaire. Cette teneur est certifiée ISCC + en amont de la chaîne d’approvisionnement par le fabricant de résine, par le fabricant de feuilles de plastique, puis par Eurial Ultra-Frais (de la branche lait du groupe coopératif Agrial). La certification s’appuie sur le « bilan de masse ». Eurial Ultra-Frais fait partie du consortium PS25 à l’origine d’une nouvelle filière de recyclage en boucle du polystyrène alimentaire.

Les propositions d’écoconception de Yéo Frais

La filiale toulousaine des Maîtres laitiers du Cotentin offre plusieurs avancées écologiques aux distributeurs.

« Nos fontaines à yaourt à boire de 1,5 kg sont maintenant recyclables, annonce Béatrice Tanguy, directrice marketing et RSE de Yéo Frais. Nous avons enlevé la couche d’aluminium qui empêchait le recyclage du plastique. » Les pots de yaourt de format familial (380 g) sont, pour leur part, constitués à 80 % environ de carton, couvercle compris ; un matériau renouvelable et recyclable. Quant aux pots par 4, leur cartonnette qui les entourait a disparu. « 500 000 cartonnettes évitées, c’est une économie de 4 tonnes de carton », fait valoir Béatrice Tanguy. Ce sont désormais des pots sur lesquels est apposée une étiquette qui ne pénalise pas le recyclage des pots. « Nous travaillons à développer des formats vrac pour limiter les emballages individuels », fait encore savoir la directrice marketing de Yéo Frais.

Bio & Lo : jusqu’au bout du circuit court

Un fermier a lancé Simple comme bonjour, chassant le carbone jusqu’au consommateur.

Éric Lepage, producteur normand de lait biologique, a cofondé Bio & Lo, une société dont l’ambition est de développer la fabrication dans les fermes et la distribution en circuit court de yaourts brassés bio sous la marque Simple comme bonjour. Ses poches recyclables de 1,2 kg, 3 kg et 5 kg et son distributeur mécanique (une poche à l’intérieur) ont reçu une médaille d’argent au salon Natexpo 2022. « Je livre les poches en caisses plastique dans la Manche et le Calvados, où mes meilleurs clients sont des magasins E.Leclerc et Carrefour, et en cartons dans des Monoprix et hôtels de Paris, détaille-t-il. Je récupère et lave les caisses à la ferme. » Selon cet entrepreneur, par ailleurs producteur de lait pour Les 2 Vaches, le conditionnement, la logistique et le mode de consommation sont dans la lignée de la démarche bas carbone de sa Ferme des glycines. Ainsi, les poches plastique sont aujourd’hui recyclables.