Fromages AOP d’Auvergne
« Notre objectif : retrouver des chiffres d’avant-crise »
Les fromages AOP d’Auvergne ont souffert pendant la pandémie de coronavirus. Confrontées à l’effondrement de la demande, les filières ont uni leurs efforts et constatent une reprise de la consommation.
Alors que le déconfinement s’accélère, les fromages AOP d’Auvergne * espèrent avoir passé le pire. « On a touché le fond la première quinzaine d’avril. Du jour au lendemain, les débouchés se sont fermés et le travail des producteurs a été affecté. Cela ne pouvait pas plus mal tomber au moment du pic de lactation des vaches laitières », relève Jacques Chalier, président du Comité interprofessionnel des fromages (Cif). Plus de marchés en extérieur, plus de rayons à la coupe en supermarché, plus de restauration hors domicile… « Les consommateurs se sont réfugiés dans les produits de première nécessité, nos ventes ont chuté de 90 % au début du confinement. Mais tout le monde a mis sa pierre à l’édifice. Il y a eu un gros effort des producteurs pour maîtriser la production, baisser les mises en fabrication et limiter les surstocks », se souvient Aurélien Vorger, directeur du Groupement d'employeur des appellations persillées.
L’enjeu à ce moment-là, c’était de ne pas jeter
Au plus fort de la crise, les acteurs se sont mobilisés pour trouver d’autres voies de dégagement du lait et obtenir des modifications des cahiers des charges sans perte d’appellation. Pour Patrice Viala, président de l’Interprofession du saint-nectaire, « l’enjeu à ce moment-là, c’était de ne pas jeter. Les fabricants ont réduit les volumes et mis en report des produits. On a réussi, mais on a perdu en rentabilité ».
En parallèle, les filières se sont unies pour porter un message commun : consommez nos fromages sans modération ! En direct auprès des producteurs, sur les marchés, dans les grandes surfaces et les commerces de proximité, la distribution des fromages AOP a été facilitée. « On remercie les élus qui ont réautorisé les marchés de plein air, les entreprises qui ont portionné et emballé nos fromages et les GMS qui les ont mis en avant dans leurs rayons », souligne Jacques Chalier. « Il y a eu aussi beaucoup d’initiatives pour vendre en ligne ou même pour réaliser des dons », ajoute Aurélien Vorger.
Les campagnes de communication nationales relayées au niveau régional, comme #fromagissons sur les réseaux sociaux, ont porté leurs fruits. En AOP Cantal, alors que la baisse des ventes atteignait 24 % pendant le mois d’avril, elle s’est redressée autour des 20 % ces dernières semaines.
Objectif : 5 %, voire 0 % de perte en fin d’année
« On ne pourra pas récupérer les tonnages perdus, entre 380 et 400 tonnes pour le cantal, mais notre objectif est de retrouver des chiffres d’avant-crise », reconnaît Jacques Chalier. « Aujourd’hui, on espère ne plus perdre et que la consommation reparte à la normale », résume Aurélien Vorger. Les filières fromagères misent sur les actes II et III du déconfinement pour grappiller de la croissance : la réouverture des restaurants et le démarrage de la saison estivale devraient tirer la demande. « En étant optimiste, on prévoit un atterrissage en volumes avec -5 %, voire 0 % en fin d’année », analyse pour conclure Patrice Viala. « On espère qu’à partir de septembre, la rentrée sera la plus normale possible pour retrouver des volumes en restauration hors domicile », complète Yves Laubert, directeur du Comité interprofessionnel des fromages.