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La contre-attaque des alternatives végétales françaises

Si la filière viande s’est réjouie du décret interdisant steak et merguez végétaux, les entreprises françaises des alternatives végétales pourraient bien avoir gagné la bataille de l’opinion et affichent des beaux résultats en magasin. 

emballage alternatives végétales
Sur les réseaux sociaux, les fabricants français d'alternatives végétales jouent la carte de l'humour pour dénoncer le décret, mais ils vont, aussi, plus sérieusement, demander son annulation au Conseil d'état.
© HappyVore

Mis à jour le 18/03 avec propos de Nicolas Schweitzer sur leur attachement aux dénominations et tdate du recours

C’était une promesse dans le cadre du plan de sauvegarde de l’élevage, le décret interdisant l’utilisation de dénominations animales pour les produits végétaux est paru au journal officiel le 27 février dernier. Les entreprises françaises des alternatives végétales ont rapidement dénoncé la distorsion de concurrence qu’il engendre, car « Les produits légalement fabriqués ou commercialisés dans un autre État membre de l'Union européenne ou dans un pays tiers » peuvent toujours utiliser ces dénominations animales.

Lire le plus récent : Dénominations animales : 5 acteurs du végétal déposent un référé

Ce nouveau décret favorise les filières étrangères qui produisent en dehors de l’Europe 

Or le leader du rayon, Garden Gourmet, appartenant à Nestlé fabrique la majorité de ses produits à Krupka, en République tchèque et d’autres à Surcin, en Serbie et ne serait donc pas concerné, pouvant commercialiser ses « nuggets soja et blé », et « boulettes aux légumes ». Nicolas Schweitzer, co-fondateur et dirigeant de la marque La Vie a aussitôt réagit par communiqué « Au détriment d’acteurs français comme La Vie™, ce nouveau décret favorise les filières étrangères qui produisent en dehors de l’Europe et pourront donc continuer à commercialiser des "steaks végétaux" en France », tout comme Cédric Meston cofondateur de HappyVore, « cette mesure crée une inégalité de traitement entre les entreprises françaises et étrangères, entravant ainsi la concurrence et l'innovation sur le marché des alternatives végétales ».

Lire aussi : Végétal : « Nous avons choisi de caler notre prix au kilo sur celui des produits carnés », Renaud Saisset, CEO de NxtFood

Un référé devant le conseil d’état

Cédric Meston et Nicolas Schweizer annoncent tout deux leur intention de déposer un référé devant le conseil d’état pour contester cette loi. Selon nos informations, les autres français Accro et Umiami se joindraient à la démarche. La plainte serait déposée dans la semaine du 18 au 23 mars.  Pour rappel, le décret précédent assez similaire avait été retoqué par le conseil d’étatLa Cour de justice européenne doit toujours trancher, elle pourrait donc aussi être amenée à se prononcer sur ce nouveau décret.

Une « explosion » des ventes pour La Vie

emballage alternatives végétales

 

 

La semaine dernière, Nicolas Schweizer faisait le bilan du décret sur LinkedIn, « nous avons eu plus de retombées presse en 48 heures qu'au cours de toute l'aventure LA VIE™ (143 mentions presse, 3 JT, une vingtaine d'interviews) », dans ce contexte « nos ventes ont explosé, nous sommes en rupture presque partout… ». Quand à Accro, la jeune pousse annonce une hausse de 150 % de son chiffre d'affaires l'an dernier, grâce à son travail sur l'attractivité prix. 

Les Français La Vie et Accro ont joué la carte de l’humour, et sur les réseaux sociaux font le buzz avec leurs nouveaux emballages « adaptés » au décret. 

 

 

 

emballage alternatives végétales

Ce que proposent les fabricants d’alternatives végétales françaises

Expliquant que leur but n’est pas de tromper le consommateur puisque, au contraire, l’absence de viande est leur argument principal, les entreprises françaises suggèrent la mention obligatoire de végétarien ou vegan sur les emballages, d’une police aussi grande que le nom du produit. 

Lire aussi : Alternatives végétales : comment Accro a changé de dimension grâce à son usine

Pourquoi le végétal veut adopter les dénominations animales ?

Les débats ont été assez vif sur la toile ces dernières semaines sur la question de la dénomination des produits. Plusieurs entrepreneurs évoquaient leur besoin de garder des termes comme jambon, pour éviter l’écueil des tranches, « on trouverait des tranches diverses, sans indication de leur usage, fromage végétal, jambon végétal… ». Ainsi le terme jambon de volaille est autorisé, il correspond à un usage et non à un jambon.

Lire aussi : Le « steak végétal » devenu moins cher que le vrai

Pour Nicolas Schweitzer, "La viande végétale se veut un outil de transition pour réduire sa consommation de viande sans perdre en gourmandise et en conservant ses repères/recettes". Il explique que les lardons végétaux La Vie sont ainsi nommés car "il n’y a tout simplement rien de plus explicite (...) pour décrire un produit qui reproduit les attributs organoleptiques/visuels et les cas d’usage des lardons de porc, sans viande". 
 

Un décret qui ne refroidit pas l’innovation

Ce 12 mars, Accro annonce la sortie d’une nouvelle gamme de huit produits, à cuisiner, d’inspiration street food et pour l’apéro. Sur l’affichage promotionnel, ces produits sont conformes au nouveau décret, on y trouve ainsi des allumettes à cuisiner, un effiloché goût barbecue, des émincés Tex Mex, des minis à griller (sous forme de saucisses), ou encore un spécial Kebab. Le 19 mars, le groupe charcutier Aoste annonce à son tour se positionner sur le végétal. Une gamme de produits alternatifs à la viande, « Better Balance », va être lancée en GMS début avril. Les produits sont nommés Emincés, Burgers, Panés et Knaggies..., rapportent nos confrères d'Aga qui précisent que l'usine qui fabrique ces produits est espagnole. Le charcutier pourra donc, s'il le souhaite, commercialiser un jambon végétal. 

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