« La commercialisation des produits bio d’origine française ne peut être maintenue que si l’offre française suit » alerte Biocoop
Philippe Bernard, Directeur de l’offre de Biocoop, rencontré par la rédaction au Salon de l'Agriculture dresse un bilan d’activité de la coopérative et évoque des perspectives pour 2025. La chaîne coopérative de magasins spécialisés a renoué avec la croissance en 2024 et, sur 2025, affiche son ambition, notamment sur la restauration hors domicile. Mais la croissance du marché bio dépend avant tout de la vitalité de l’amont de la filière.
Philippe Bernard, Directeur de l’offre de Biocoop, rencontré par la rédaction au Salon de l'Agriculture dresse un bilan d’activité de la coopérative et évoque des perspectives pour 2025. La chaîne coopérative de magasins spécialisés a renoué avec la croissance en 2024 et, sur 2025, affiche son ambition, notamment sur la restauration hors domicile. Mais la croissance du marché bio dépend avant tout de la vitalité de l’amont de la filière.

Les Marchés : Quelle a été la performance de Biocoop en 2024 et quels rayons ont enregistré les plus fortes croissances ?
Philippe Bernard : La fin de l’année 2024 a été positive, avec une augmentation de 8,5% du chiffre d’affaires de Biocoop. C’est le secteur des produits frais qui a le mieux performé avec une hausse de 9% comparé à l’année 2023. Le rayon des fruits et légumes frais est celui qui a le mieux fonctionné avec une hausse en valeur supérieure à 10%. Une bonne croissance a été aussi observée pour les rayons traditionnels, tels que la boucherie et la fromagerie.
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L.M. : Quels rayons ont moins bien fonctionné ?
Philippe Bernard : Les desserts végétaux ont été peu dynamiques l’année dernière, en raison d’un marché assez mature. Le secteur de l’épicerie a quant à lui reculé, en raison de la forte hausse des prix du chocolat et du café. Le prix du café a été multiplié par 2,5 par rapport à 2023, et celui du chocolat a suivi une courbe fortement haussière, atteignant des niveaux de prix dissuasifs pour les consommateurs. Le sucre bio et les produits sucrés régressent également, car les tendances de consommation évoluent vers des régimes alimentaires moins sucrés.
Le secteur de l’épicerie a quant à lui reculé, en raison de la forte hausse des prix du chocolat et du café.
L.M. : Comment se porte l’activité bio aujourd'hui ?
Philippe Bernard : Le bio est en reprise après la crise des années précédentes. La consommation repart à la hausse, et l’activité bio a connu une belle progression en 2024. Cependant, pendant la crise, il y a eu énormément de déconversions des producteurs, ce qui continue à faire chuter l’offre en produits bio.
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Je pense qu’on va arriver durant l’année 2025 à une courbe de croisement de l’offre et de la demande en bio. Les magasins commencent déjà à manquer d’approvisionnement en produits carnés tels que la viande rouge, le porc, l’agneau, le bœuf. On risque aussi de manquer d’œufs bio très prochainement et de laitages de brebis.
Je pense qu’on va arriver durant l’année 2025 à une courbe de croisement de l’offre et de la demande en bio.
L.M. : Comment travailler à sécuriser les approvisionnements en bio ?
Philippe Bernard : Aujourd’hui on a un peu moins de 10,5% de surfaces agricoles en bio. Or l’objectif fixé par la loi d’orientation agricole est d'atteindre 21% de surfaces agricoles en bio d'ici quatre à cinq ans.
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Ainsi nous demandons qu’un nouveau plan de conversion soit mis en place afin de soutenir les producteurs qui veulent se lancer. Il faut aussi de nouvelles ambitions pour motiver la reconversion en bio des producteurs. Cela est nécessaire pour assurer l’autonomie alimentaire de la France.
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L.M. : Quelle est la part de produits bio français dans votre magasin ?
Philippe Bernard : Biocoop, c’est avant tout du bio de proximité et de territoire. Tous les produits sous la marque Biocoop, productibles en France, sont d’origine française. Aujourd’hui, 95 % de nos fournisseurs sont français.
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Parmi eux, c’est 90 % qui sont des TPE et PME. Nous attachons une grande importance à l’origine France et demandons à nos fournisseurs qu’au moins 80 % des ingrédients utilisés dans leurs produits soient français. Mais la commercialisation des produits bio d’origine française ne peut être maintenue que si l’offre française suit. Or la filière biologique fait face actuellement à un manque d’installation en bio d’agriculteurs, et notamment des jeunes générations.
L.M. : Pourquoi avoir choisi d’inscrire le label Origin’Info sur vos produits ?
Philippe Bernard : Origin’Info est une démarche visant à assurer la transparence sur l’origine des ingrédients pour les consommateurs. Notre objectif, en utilisant ce label, c’est de soutenir la consommation de produits français. Les premiers produits sous ce label ont été lancés en novembre 2024. D’ici la fin d’année 2025, 348 références de Biocoop porteront ce label.
D’ici la fin d’année 2025, 348 références de Biocoop porteront ce label
L.M. : Quelles sont les perspectives pour 2025 ?
Philippe Bernard : Cette année, il est prévu l’ouverture de nouveaux magasins. Nous souhaitons également développer notre activité en restauration hors domicile. La coopérative livre déjà des chaînes de restaurants, des cantines et des collectivités en produits bio.
Nous souhaitons également développer notre activité en restauration hors domicile.
Nous comptons sur le déploiement de la loi Egalim, qui prévoit en restauration collective un approvisionnement de 50 % de produits durables et de qualité, dont 20 % de produits issus de l’agriculture biologique. Le déploiement de cette loi est indispensable pour soutenir le développement de la filière bio et garantir la souveraineté alimentaire française.
L.M. :Quelles innovations serait intéressantes pour rendre le bio plus attractif ?
Philippe Bernard : L’innovation est essentielle dans le secteur des produits transformés et traiteurs pour gagner en attractivité. Nos charcuteries sans sel nitrité sont les leaders du marché.
Un autre enjeu majeur en termes d’innovations, je dirais, ce sont les emballages de produits. Biocoop s’engage dans une démarche zéro déchet et cherche à limiter au maximum la production de déchets. Pour l’instant, nous développons le réemploi des emballages en verre de boissons et yaourts dans nos magasins. C’est une solution écologique et de bon sens.