FCO : « A l’avenir, on va manquer d’agneaux ! »

« Pour le moment, les marchés se déroulent normalement, la commercialisation des agneaux ne semble pas problématique puisque la zone régulée pour la FCO de type 8 concerne toute la France et celle pour le sérotype 3 un bon quart du pays » explique Audrey Desormeaux, Chargée de mission à la Fédération Nationale Ovine. Mais elle se montre bien plus alarmante sur les perspectives.

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Combien de foyers de FCO en France ?

Au 22 août, 190 foyers de fièvre catarrhale ovine de sérotype 3 (BTV3) étaient recensés par les services de l’état dans les départements allant du Pas-de-Calais à la Moselle en passant par la Marne. « Les services de l’état captent assez bien ce sérotype car les PCR sont prises en charge et que la surveillance est forte », juge Audrey Désormaux.

« Le nombre de foyers de FCO de type 8 est clairement sous-estimé »

 Sa principale source d’inquiétude est davantage le sérotype 8 (BTV8). « A la dernière réunion avec la DGAL on nous a évoqué une soixantaine de foyers. Or il y a des départements avec une centaines de cas, et plus de trente départements touchés, le nombre de foyers de FCO de type 8 est clairement sous-estimé ». Il faut dire que pour le sérotype 8, la PCR est à la charge de l’éleveur. « Et il y a un net temps de latence entre la suspicion, la venue du vétérinaire, les tests, les résultats » déplore la chargée de mission. 

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Quelle est la mortalité des ovins à cause de la FCO ?

« La mortalité est importante. Aux dires d’éleveurs de l’Aveyron, elle atteint 10 % à 30 % » estime Audrey Désormeaux. Les brebis sont touchées, mais aussi les agneaux « surtout lorsqu’ils sont élevés en plein-air » précise-t-elle. 

« La mortalité est importante »

Vers un manque d’agneaux à Pâques à cause de la FCO ?

Les pertes en brebis sont considérables dans les départements touchés par le sérotype de type 8, qui sont les grands producteurs d’agneaux en France, et les ravages progressent « le Poitou-Charentes est à son tour atteint, la météo ne nous aide pas », regrette Audrey Désormeaux. 

« Il sera difficile de recapitaliser » 

La saison du vecteur, un moucheron piqueur bat son plein. Les pertes en brebis entament le potentiel de production future, « il sera difficile de recapitaliser » s’alarme la chargée de mission. Autre facteur d’inquiétude, si les béliers avaient été vaccinés dans les départements très atteints l’an dernier, ce n’est pas le cas dans la Drôme, l’Isère ou l’Ain qui étaient épargnés mais ont été touchés cet été. Certains béliers sont malades, or la FCO les rend stériles.

« On risque de manquer d’agneaux et Pâques 2025 sera très compliqué ! » 

 « Comment vont se dérouler les luttes d’automne ? On est dans l’incertitude mais si elles sont impactées, on risque de manquer d’agneaux et Pâques 2025 sera très compliqué ! » alerte la chargée de mission. « Il y aura aussi de la mortalité dans les zones touchées par la FCO de type 3, on espère vraiment que la vaccination va freiner la propagation », continue-t-elle.

La vaccination contre la FCO, complexe

Si Audrey Désormeaux se montre optimiste sur la vaccination pour le sérotype 3 « presque toutes les doses sont consommées ce qui montre bien l’adhésion des éleveurs » elle pointe les difficultés, « en l’absence de gouvernement, nous manquons d’un interlocuteur politique. Sur le sérotype 8 la situation est catastrophique », explique-t-elle, ajoutant « on manque de disponibilités sur le vaccin pour le sérotype 8, il faut attendre les disponibilités dans trois mois, en plus un nouveau variant a fait son apparition en Espagne ». Le ministère a répondu à la FNO le 29 août que les prochaines doses seront disponibles courant octobre.

Vers une amélioration de la situation sur l’équarrissage

Dans l’Ariège, des vidéos de vautours dans les prairies dévorant les cadavres ont tourné sur les réseaux. « Août 2023 : 334 animaux morts collectés. Août 2024 : 2283, et le mois n'est pas encore fini » lit-on sur France 3 Occitanie, dans un article qui évoque l’impossibilité de l’équarrissage dans les estives, avant d’annoncer un renforcement de la collecte à venir. Mais même dans les régions plus accessibles, l’équarrissage a connu un crise cet été notamment avec la saturation des usines de Vénérolles dans l’Aisne, et Saint-Langis dans l’Orne. La collecte d’équarrissage a repris normalement le 20 août 2024 « avec quelques perturbations résiduelles localement », annonce le ministère de l’agriculture dans un communiqué du 23 août.