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[CFIA 2022] Objectif usine bas carbone

Pour sa vingt-cinquième édition, le CFIA de Rennes a inscrit l’usine bas carbone comme thème principal de son espace Usine Agro du futur. Une tendance d’avenir pour réduire ses émissions en réalisant la transition de son système de production et ainsi garantir son accès au marché de demain.

Les barquettes en inox réutilisables 40 fois de Berny sont destinées au rayon traiteur frais de la grande distribution. Le concept a été mis en avant lors des conférences de l'usine bas carbone du CFIA 2022.
Les barquettes en inox réutilisables 40 fois de Berny sont destinées au rayon traiteur frais de la grande distribution. Le concept a été mis en avant lors des conférences de l'usine bas carbone du CFIA 2022.
© Berny

L’idée d’une usine bas carbone n’est plus un concept, mais un chemin que doivent emprunter sans tarder les industriels agroalimentaires, au même titre que les autres secteurs les plus émetteurs de gaz à effet de serre (GES) – ciment, métallurgie, chimie notamment. Le plateau de l’Usine Agro du futur, piloté par l’Association bretonne des entreprises alimentaires (ABEA), Bretagne Développement Innovation (BDI) et le pôle de compétitivité Valorial, en a fait son animation technologique principale, lors du dernier Carrefour des fournisseurs des industries agroalimentaires (CFIA) qui s’est tenu à Rennes du 8 au 10 mars.

Depuis la mise en œuvre, en 2015, de la stratégie nationale bas carbone (SNBC), le chemin est tout tracé. L’industrie agroalimentaire doit atteindre la neutralité carbone en 2050, avec un objectif intermédiaire de réduction des émissions de GES de 35 %, comparativement à celles de 1990, un objectif issu de la loi Climat et Résilience promulguée le 24 août 2021. Dans les prochaines années, la fiscalité sur les émissions de CO2 devrait s’alourdir, et l’accès au crédit et aux marchés être conditionné aux réductions de GES des acteurs.

Déterminer les émissions de GES

Pour entrer dans cette trajectoire de baisse, il faut au préalable « établir une comptabilité carbone pour mesurer précisément ses émissions par poste – déchets, énergie fatale, process, emballages », explique Olivier Messager, fondateur dirigeant du cabinet O2m Conseil, situé à Rennes. À partir de ce bilan carbone, l’industriel sait où il en est et peut mettre en place des plans d’action. Mais cette approche ne peut résoudre qu’une partie du CO2 émis. Selon O2m Conseil, l’industriel n’a directement la main que sur 20 % des émissions (énergie, emballage, process) ramenées au kilo produit.

Hors le transport et la distribution (10 %) et la fin de vie du produit (5 %), l’essentiel des émissions de GES provient de la matière agricole (65 %). Il convient alors d’avoir une approche « produit » par l’analyse du cycle de vie (ACV) pour travailler avec ses fournisseurs à la réduction des émissions de ses matières premières, sur l’écoconception des emballages, etc.

« Établir une comptabilité carbone pour mesurer précisément ses émissions par poste »
Olivier Messager, fondateur dirigeant du cabinet O2m Conseil

D’ores et déjà, l’offre technique et de service ne cesse de s’élargir. Au CFIA par exemple, entre 25 et 30 % des 1 600 exposants proposaient des solutions techniques ou organisationnelles pour réduire l’empreinte carbone de l’industrie, selon l’organisation.

En matière d’écoconception, la barquette inox réutilisable de Berny, jeune pousse nantaise née il y a 18 mois, a été mise en avant lors des conférences de l’usine bas carbone. Le concept de Berny, c’est une barquette inox réutilisable 40 fois (donc consignée) destinée au rayon traiteur frais de la grande distribution remplie par des industriels partenaires. L’entreprise se charge de les collecter et de les reconditionner avant réutilisation, et en reste propriétaire.

Cinq points de vente la testent actuellement dans la région nantaise. La société vise soixante magasins utilisateurs d’ici à la fin de l’année.

Optimiser ses déchets

Berny a demandé au cabinet conseil Donnons du sens de comparer l’impact carbone d’une de ses barquettes utilisée 40 fois, comparativement à 40 barquettes en polypropylène. Résultat, une réduction par trois des émissions de CO2 et de 2,5 de matière fossile. La réduction de son empreinte carbone, c’est aussi la gestion des déchets optimisée.

Upcyclink (Saint-Avé, Morbihan) travaille sur les biodéchets des industries de la viande, du poisson, etc. Après qualification du gisement par site, identification des débouchés, elle suggère l’intégration de processus spécifiques – broyeur, hydrolyseur enzymatique, sécheur… Si le site manque de place, Upcyclink propose une solution clé en main qui tient en un conteneur équipé en machines capables de séparer, hydrolyser les rebuts naturels (capacités de 500 kg/h) et de leur redonner de la valeur.

« Dans le cas d’une entreprise de transformation de poissons, l’investissement de départ – entre 200 000 et 500 000 euros – est amortissable en deux ans », précise Frédéric Mens, cofondateur d’Upcyclink.

À ce jour, les entreprises propriétaires de marques fortes sont naturellement entrées sur cette voie pour adapter leur système de production à leurs objectifs RSE. Mais demain, c’est bien l’ensemble du système de production qui devra s’y engager pour continuer d’accéder au marché. Qui plus est, lorsque les indicateurs d’affichage environnemental se généraliseront.

Un maquis d’aides « décarbonation »

L’État met actuellement le paquet pour accompagner les entreprises dans leur démarche bas carbone. Il y a de quoi se perdre dans les différentes aides proposées. Ce qu’il faut avoir à l’esprit, c’est qu’il y a deux principaux guichets, l’Ademe et BPI, sans oublier les subventions des Régions. Pour les grandes entreprises, il existe « des aides pour tous les acteurs développant des solutions de décarbonation, et pour les industriels engagés dans la réduction de leurs GES (récupération de chaleur, systèmes de suivi et de pilotage, électrification, etc. NDLR) », explique Stéphane Lecointe, chargé de la décarbonation de l’industrie à l’Ademe Bretagne. Des subventions sont également accessibles pour la production d’énergie bas carbone (biomasse par exemple). Pour les PME, des aides fléchées « décarbonation » restent accessibles jusqu’à la fin 2022 dans le cadre de France Relance. « Il devrait y avoir de nouveaux fonds disponibles par le biais de France 2030 », précise Stéphane Lecointe. Un appel à manifestation d’intérêt a été ouvert pour faire émerger les projets futurs, chez les plus gros émetteurs de GES comme les plus petits.

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